Affelnet 2017 sous haute surveillance à Paris

Le Rectorat avait prévenu : il ne fallait pas s’attendre à des bouleversements dans la procédure Affelnet post 3e à la rentrée 2017. Avec la dernière réunion du groupe de travail du jeudi 23 mars organisée pour présenter les arbitrages retenus pour la procédure 2017, force est de constater qu’il a tenu parole.
La position académique est très claire : il s’agit essentiellement de sécuriser la procédure 2017 qui est déjà suffisamment sous tension avec l’intégration des nouvelles modalités d’évaluation. Pas question donc de prendre le risque de « dommages collatéraux » liés à une modification substantielle ou même partielle des frontières de districts par exemple. La vision pragmatique de l’Académie pourrait avoir quelque chose de rassurant (avancer étape par étape, concerter et évaluer chaque scénario avant tout changement majeur de la logique d’affectation…) si elle ne cachait pas si mal les failles de la mise en œuvre actuelle, dont cet immense retard pris nationalement et localement puisque le logiciel Affelnet 2017 n’est toujours pas à ce jour opérationnel dans les murs de l’Académie de Paris.
Réception en demi-teinte sur le poids des critères. Derrière l’apparente complexité des nouveaux modes de calcul, transformations des notes en points et logiques de barème, il est acquis que la proportion entre les différents critères restera la même : 40 % pour le critère géographique (district), 40 % pour le niveau scolaire (socle de compétences et bilans périodiques des champs disciplinaires en 3e) et 20 % pour le critère social (bonus boursier). Seul le nombre de points évolue : 8000 pour le critère géographique (district), 8000 pour le niveau scolaire et 4000 pour le bonus boursier. A ce sujet, les fédérations de parents ont renouveler leur demande que soit communiqué à chaque élève le nombre de points obtenus. L’efficacité comme l’opportunité d’une nouvelle procédure se juge également à sa parfaite transparence.
Déception sur l’évolution des districts. Le retard considérable pris ces dernières années à Paris en matière d’expertise, d’évaluation et de pilotage du dossier Affelnet, n’a effectivement pas permis à la nouvelle direction académique en place depuis la rentrée 2016 de proposer enfin des solutions satisfaisantes pour repenser en profondeur cette question cruciale des districts parisiens. Rien ne bougera donc cette année, malgré la crainte exprimée par l’Académie d’une insuffisance de places dans le district Est, district qui concentre à lui tout seul 40 % des élèves parisiens avec la plus forte proportion de boursiers de l’académie. La FCPE a réaffirmé l’urgence à engager un travail concerté avec les fédérations de parents en lien avec des chercheurs indépendants pour repenser districts et critères d’affectation. Qu’ils doivent intervenir à la rentrée 2018 (ou 2019 comme le préconisent des chercheurs prudents), les changements devront être à la hauteur des enjeux et des attentes, à savoir un accès équitable à une offre de formation de qualité sur tout le territoire parisien.
Inquiétudes persistantes sur la répartition des boursiers. Si la décision de limiter à 50 % la proportion totale de boursiers dans un établissement (entrants, redoublants et affectations prioritaires compris) est une sage décision (pour éviter un nouveau bug type Turgot en 2016), la question demeure à ce jour de savoir ce qu’induira l’iso-répartition par district proposée par le rectorat. D’autant qu’aucune simulation parisienne n’a pu encore être effectuée à ce jour sur « la nouvelle machine » avec les données et la structure des vœux de l’an dernier…
Une vigilance s’impose aussi par rapport au risque de voir un afflux de boursiers dans des établissements déjà fragilisés puisque, selon le critère principal de la procédure actuelle d’affectation, les établissements les plus fragiles (les moins demandés) accueilleront de facto les boursiers les plus faibles, ceux qui n’auraient pu obtenir l’établissement de leur premier choix en raison d’une limitation, par ailleurs légitime. Cela induisant de fait un recul de la mixité scolaire dans ces établissements.
Interrogations pratiques sur le mécanisme de prise en compte du niveau scolaire. Les niveaux du socle de compétences du cycle 4 seront pris en compte avec un coefficient 30 et les résultats des bilans périodiques des champs disciplinaires de 3e avec un coefficient 4 mais feront l’objet d’un lissage comme pour les notes dans l’ancien système. A la question de savoir quel sera l’effet de ce lissage, voire même sa fonction, les réponses apportées par l’Académie de Paris restent très floues.
Côté calendrier, les choses se précisent, enfin. Les principaux de collège recevront une circulaire dès le 27 mars et des réunions d’information seront organisées dans les établissement à destination des familles. La fiche de vœux sera remise aux familles la première semaine de mai et une double documentation nationale et académique leur sera adressée. A suivre ensuite :
9 mai-12 juin : Saisie des vœux par les établissements
8 juin : Finalisation des décisions d’orientation
14 juin : Commission d’appel
30 juin : 1er tour Affelnet
1er-5 juillet : inscriptions dans les lycées
11 juillet : résultat du second tour Affelnet (inscription jusqu’au 13 juillet dans les lycées)
25 août : dernière commission d’affectation.
Au final, Affelnet 2017 ressemblera comme un petit frère à Affelnet 2016. Et le principal facteur discriminant restera encore le niveau scolaire, perpétuant de fait la hiérarchie des lycées induite par ce mode d’affectation. La FCPE a rappelé les limites de ce système et l’urgence à penser mixité scolaire effective et pas seulement mixité sociale, à travailler collectivement à une sortie progressive des logiques de mise en concurrence des établissements en repensant l’offre scolaire de proximité et de qualité. Car chaque élève a le droit d’avoir un « bon lycée près de chez lui » !
Le groupe de travail académique sur Affelnet se réunira à nouveau vers le 10 juillet pour faire un bilan à chaud de cette campagne d’affectation 2017.
Plusieurs pistes pour faire avancer les revendications des fédérations de parents d’élèves et des syndicats de chefs d’établissement ont été égrainées, en présence et avec le concours de Julien Grenet, chercheur à l’Ecole d’économie de Paris. Les mois à venir seront décisifs pour dessiner le futur visage de l’affectation en lycée à Paris, avec des données de plus en plus complexes, notamment si la région Ile de France décide de faire valoir sa compétence sur ce sujet.
Pour en savoir plus sur la façon dont les élèves seront évalués et ce qui sera pris en compte par Affelnet, consulter la fiche technique de la DGESCO...