Comme la FCPE, le festival de Cannes fête ses 70 ans
Comme la FCPE, cette année, le festival de Cannes a 70 ans. On sait pratiquement tout de l’historique de la FCPE mais celui du festival de Cannes : c’est quoi au juste ? Une affaire d’argent ? Une promotion pour la ville de Cannes ? Une ouverture vers les stars naissantes ? Plus simplement, au départ, le Festival International du Film, a été créé à l’initiative de Jean Zay, ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts, désireux d’implanter en France un événement culturel international capable de rivaliser avec la Mostra de Venise.
UNE RENOMMEE INTERNATIONALE RAPIDEMENT ACQUISE
Si les premières éditions du Festival en font d’abord un événement mondain durant lequel presque tous les films repartent avec un prix, la venue de stars du monde entier sur ses marches et la médiatisation sans cesse croissante donnent rapidement au festival une renommée internationale et légendaire. A partir des années 50, le Festival gagne en popularité grâce à la présence de célébrités telles que Kirk Douglas, Sophia Loren, Grace Kelly, Brigitte Bardot, Cary Grant, Romy Schneider, Alain Delon, Simone Signoret, Gina Lollobrigida… Décernée pour la première fois en 1955 au film « Marty » de Delbert Mann, « La Palme d’or » succède au Grand Prix, remis jusque-là au meilleur film en Compétition. Le but du Festival est d’encourager le développement de l’art cinématographique sous toutes ses formes et de maintenir un esprit de collaboration entre tous les pays producteurs de films.
LE RENDEZ-VOUS DES PROFESSIONNELS DU CINEMA : DECOUVRIR, PROMOUVOIR, ACCOMPAGNER
Dans les années 60, en marge de la Sélection officielle, deux sélections indépendantes voient le jour : en 1962 la Semaine internationale de la critique et en 1969 la Quinzaine des Réalisateurs. En 1978, Gilles Jacob est nommé Délégué Général. La même année, il crée la sélection « Un Certain Regard » et le prix de la Caméra d’Or qui récompense le meilleur premier film toutes sélections confondues. En 1998, Gilles Jacob crée la « Cinéfondation » ; une sélection de courts et moyens métrages d’écoles de cinéma du monde entier. L’entité se développe en 2000 avec l’ouverture de la « Résidence », de jeunes réalisateurs viennent mener à bien l’écriture de leur scénario. Puis en 2005, avec « l’atelier », qui aide une vingtaine de réalisateurs par an à trouver des financements pour leur film.
Avec la création de son Marché du Film en 1959, le Festival acquiert une dimension professionnelle qu’il mettra à profit pour favoriser les rencontres et les échanges entre les différents acteurs de l’industrie cinématographique. A ses débuts, le Marché attire quelques dizaines de participants et ne dispose que d’une seule salle de projection. Aujourd’hui, 10 500 acheteurs et vendeurs du monde entier se rendent chaque année à Cannes, ce qui en fait le 1er marché professionnel mondial. Inauguré en 2000, le « Village International », tribune des cinématographies internationales, accueillait alors 12 pays et comptait 14 pavillons. Douze ans plus tard, il reçoit 60 pays dans 65 pavillons aménagés autour du Palais des festivals.
MAI 1968 ET AUTRES EVENEMENTS
Depuis sa création en 1946, le Festival de Cannes apporte chaque année son lot de surprises et de polémiques. Retour sur quelques clashs inoubliables.
1968 : Le Festival écourté pour la première fois.
Le septième art, loin des préoccupations du monde ? En soutien aux événements de Mai-68 qui touchent Paris, les réalisateurs François Truffaut, Claude Berri ou encore Jean-Luc Godard et plusieurs membres du jury, dont l’Italienne Monica Vitti demandent l’arrêt du Festival de Cannes. Leur appel sera finalement entendu. L’événement cinématographique se clôture sans remise de prix le 19 mai et sans attendre la fin du festival.
1987 : Maurice Pialat est sifflé pour sa Palme d’or.
« Sous le soleil de Satan » ne plaît pas à tout le monde. A l’annonce du résultat, de nombreuses personnes présentes dans le palais du Festival se mettent à huer le réalisateur. Fidèle à sa réputation, Maurice Pialat monte sur scène pour recevoir son prix, comme si de rien n’était, puis répond avec calme à ses détracteurs. « Si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus », lance-t-il, avant de lever le poing et de rejoindre les coulisses. Une phrase qui restera dans les annales.
1994 : Le doigt d’honneur de Quentin Tarantino.
Alors qu’il reçoit sa Palme d’or pour «Pulp Fiction», le cinéaste entend dans la salle une jeune femme se plaindre du verdict. Au lieu de prendre le micro, il lui répond en lui faisant un joli doigt d’honneur.
Et pour finir par une note optimiste, en 2007, pour fêter les 60 ans du Festival de Cannes, 33 des plus grands réalisateurs du monde entier sont invités à participer au film anniversaire « Chacun son cinéma », en réalisant en 3 minutes chacun, un court métrage sur le thème de la salle de cinéma.
Bernard Dubois
Pour expliquer les dessous du cinéma à vos enfants, il faut lire avec eux ce mois-ci Le P’tit Libé n°21 !
Saviez-vous que le cinéma était né en France ? Et que, dans notre pays, son plus gros financeur était aujourd’hui la télévision ? A l’occasion du Festival de Cannes, qui démarre le 17 mai, le P’tit Libé se plonge dans le monde fascinant du cinéma, retraçant son histoire et expliquant notamment quelles étapes sont nécessaires avant qu’un film puisse être projeté en salles. Témoignage d’un enfant acteur, photos de la montée des marches à Cannes, interview d’un producteur, focus sur les stars d’hier et d’aujourd’hui… Ce numéro emmènera les enfants dans l’envers de ce décor qui les intrigue tant.