Pénurie de postes à Paris : le sort des écoles reporté à la fin août
Jeudi 23 juin, un groupe de travail académique s’est tenu pour décider des mesures d’ajustement nécessaires pour la carte scolaire 2016. Mais loin d’entériner toutes les mesures indispensables pour créer les conditions d’une rentrée réussie dans l’Académie de Paris, les responsables académiques ont de nouveau géré la pénurie d’emplois en n’accordant dès ce mois de juin que deux nouvelles ouvertures de classes et en repoussant le verdict de fermeture ou d’ouverture pour beaucoup d’écoles à la fin août.
Retour sur les fâcheuses conséquences d’une enveloppe fermée accordée par le Ministère de l’Education à Paris qui, malgré une baisse très relative du nombre d’élèves en primaire, peine à accorder la priorité aux élèves et écoles en difficulté à Paris.
En ouverture de séance, parents et enseignants ont fait les mêmes constats. S’il faut se féliciter d’une méthode académique renouvelée par Antoine Destrés, nouveau DASEN 1 depuis février, plus ouvert au dialogue en amont avec les équipes pédagogiques et les fédérations de parents, l’exercice de « carte scolaire équitable » – nouveau credo académique – reste intenable avec l’enveloppe fermée accordée par le ministère.
Contrairement aux annonces et promesses faites lors du CDEN de février par le directeur de l’Académie (« nous ouvrirons partout où cela sera nécessaire, dès lors que le seuil d’ouverture sera atteint ») trop d’écoles restent à ce jour sans ouverture actée malgré un seuil dépassé, et cela même en éducation prioritaire !
L’Académie qui se dit plus ouverte au suivi fin des besoins qualitatifs des écoles peine pourtant à décoller du paradigme quantitatif : elle rappelle la baisse (relative) de 2000 élèves à la rentrée, elle se satisfait de l’augmentation (très relative) du nombre d’enseignants par élèves – le fameux P/E qui passe de 5,06% à 5,33% – et se dédouane en disant qu’elle aurait pu fermer cette année dans 100 écoles…
Parents et enseignants ont fortement marqué leur inquiétude quant au traitement réservé aux dispositifs de lutte contre la difficulté scolaire. Le DASEN a en effet fait le choix de geler en 2016-2017 cinq postes de RASED au prétexte qu’ils n’avaient pas été pourvus au mouvement principal. L’idée étant surtout de récupérer ces postes pour un an en les utilisant en poste classe. Gestion de la pénurie oblige.
Face à l’académie, les syndicats enseignants et la FCPE ont rappelé que les dispositifs « plus de maîtres que de classes » (PDM) et scolarisation de moins de trois ans (TPS) sont de bons dispositifs dès lors qu’ils sont implantés via une dotation spécifique et non compensés par une fermeture de classe.
La FCPE Paris a présenté les nombreuses alertes remontées de ses conseils locaux, 24 au total, mais seuls deux changements ont été actés en fin de séance dans le sens de ses demandes : l’ouverture à l’école maternelle Carnot dans le 12e (classée en CAPPE) et à l’école élémentaire 40 bis Manin dans le 19e (classée en REP +).
Pour tous les autres dossiers (demandes d’ouvertures légitimes car le seuil est dépassé, demande de mi-temps UPE2A pour l’accueil des enfants migrants…), le DASEN a indiqué que la situation serait réévaluée fin août pour d’éventuelles ouvertures – et donc fermetures – avant la rentrée. Antoine Destrés a en effet précisé qu’il souhaitait éviter les comptages de rentrée et les mesures de fermetures/ouvertures une fois les élèves installés avec leur enseignant. Le schéma sera donc le suivant : lundi 29 août, une réunion avec les IEN et la mairie aura lieu dans chaque arrondissement pour acter d’éventuelles décisions de fermetures ou d’ouvertures, le mardi les enseignants seront (ré)affectés pour assister le mercredi aux réunions de prérentrée et prendre leur service devant les élèves le jeudi. Si l’on peut se féliciter de la volonté de ne pas déstabiliser les enfants le lendemain de la rentrée, on s’interroge quand même sur l’opportunité de mesures si tardives et sans doute assez nombreuses, laissant les enseignants dans l’incapacité de préparer efficacement leur rentrée, au détriment donc de nos enfants.
Pour éviter certaines fermetures en maternelle, des mesures ont été proposées à certaines écoles : il s’agit pour elles d’accueillir des élèves de moins de trois ans en classe ordinaire. La FCPE a rappelé que s’il fallait effectivement augmenter le taux ridiculement bas à Paris d’enfants de moins de 3 ans scolarisés en éducation prioritaire, il fallait plutôt œuvrer dans le sens de la loi de Refondation en ouvrant des TPS, pour permettre à ces enfants de bénéficier des conditions optimales d’accueil et d’apprentissage.
Concernant la question des remplacements qui fut cette année le principal point noir dans l’ensemble des circonscriptions parisiennes, le DASEN a confirmé sa volonté de maintenir les 30 postes prévus. Par contre l’Académie se refuse à ouvrir la liste complémentaire (70 candidats inscrits dessus à l’issue du concours de recrutement 2016), ce qui signifie que si des postes manquent l’an prochain, ils seront occupés par des contractuels qui ont été 90 cette année à être recrutés pour compenser l’insuffisance des brigades de remplacement.
La FCPE Paris a rappelé à plusieurs reprises que si l’Académie avait eu pour la carte scolaire une enveloppe positive à hauteur des vrais besoins éducatifs de tous les territoires parisiens, en éducation prioritaire comme hors éducation prioritaire, ces discussions sur les chiffres – qui consistent une fois de plus à « déshabiller Paul pour habiller Jacques » – n’auraient pas lieu d’être, générant une fois de plus beaucoup de lassitude, d’inquiétude et de colère dans les écoles, chez les enseignants comme chez les parents.
Par ailleurs si certains arrondissements ont remporté quelques belles victoires après des décisions intenables prises lors du CDEN de février (le 14e par exemple), d’autres arrondissements restent encore réellement sous tension (le 13e notamment).
La FCPE sera donc, dès la fin août, aux côtés de tous ses conseils locaux dont l’école n’a pas été entendue, plus que jamais déterminée à faire entendre collectivement la voix de tous les élèves parisiens et de leurs parents !
Bilan des mesures validées le 23 juin à l’issue du groupe de travail académique sur la carte scolaire 2016 :
En maternelle :
- maintien de la 7ème classe à Bullet (10e) pour l’année 2016-2017 (prise sur poste RASED)
- ouverture à Legouve (10e)
- fermeture à Richard Lenoir (11e)
- ouverture au 253 Daumesnil (12e)
- ouverture à Carnot (12e)
- ouverture au 34 Sarrette (14e)
- fermeture à Erlanger (16e)
- fermeture à Renaudes (17e)
- maintien de la 8ème classe à Tchaikovski (18e) pour l’année 2016-2017 (prise sur poste RASED)
- fermeture à d’Orcel (18e)
- ouverture à Carpeaux (18e)
- fermeture à cours du 7e Art (19e)
- fermeture à Piat (20e)
En élémentaire :
- maintien de la 8ème classe à Etienne Marcel (2e) pour l’année 2016-2017 (prise sur poste RASED)
- affectation d’une ULIS à Marseille (10e)
- ouverture à Pommard (12e)
- ouverture à Kuss (13e)
- ouverture à Louise Bourgeois (13e)
- ouverture 87 Arago (14e)
- ouverture à Buffet (17e)
- ouverture à Cesbron (17e)
- ouverture à Mac Donald (19e)
- ouverture au 40 bis Manin (19e)
- maintien de la 8ème classe au 293 Pyrénées (20e) pour l’année 2016-2017 (prise sur poste RASED)
- ouverture d’une ULIS au 293 Pyrénées (20e)
Mesures particulières liées au PDM : quatre écoles – EE Charles Hermite (18e), EE Mathis (19e), EE rue de la Mare (20e), EE Mouraud (20e) – qui avaient fermé une classe en février pour l’ouverture d’un poste de PDM réouvrent une classe avec annulation de la messure PDM.
Autres mesures : fermeture de deux postes à l’école de Coye la Forêt, création d’un poste de chargé de mission ASH au rectorat et d’un poste chargé du projet PTAL, création d’un demi-poste de CPC chargé des langues au rectorat.