#lundi14septembre… Qui a échappé à ce hashtag ?
Lancé à l’origine sur le réseau TikTok puis diffusé très largement, l’appel #lundi14septembre de plusieurs lycéennes agite le monde de l’éducation. Celles-ci se sont vu interdire l’accès à leur établissement en raison de leur tenue « indécente » ou « provocante ». Un comble en 2020!
Sexisme et misogynie
Or, ces termes ne ciblent que les tenues féminines, croisées quotidiennement dans la rue ; ces faits relèvent donc du sexisme et de la misogynie. De la même manière qu’il est absurde de dire à une victime d’abus sexuel « qu’elle l’avait bien cherché en regard à sa tenue », il est capital d’admettre qu’il n’y a pas de tenue provocante et que chacun est libre de s’habiller selon ses souhaits. C’est d’ailleurs pour cette raison que ce mouvement a connu un tel retentissement, recevant les soutiens par exemple de Marlène Schiappa ou de la chanteuse Angèle.
Dans nos établissements parisiens….
Cependant, il est vrai que la quasi-totalité des règlements intérieurs de nos établissements d’enseignement secondaire exigent « une tenue correcte », ce qui cette fois peut s’appliquer également aux filles et aux garçons. Mais est-ce bien le rôle de l’école de juger de la tenue des élèves ? Assurément, c’est d’abord le rôle des parents qui donnent à leurs enfants les clés pour leur comportement futur et notamment leur vie professionnelle. Mais c’est également de la responsabilité de l’Education Nationale puisque l’Ecole non seulement doit permettre d’acquérir le « bien vivre en société », mais joue aussi un rôle dans la lutte contre le sexisme et promeut l’égalité fille-garçon. A ce titre, il parait donc important de lutter contre l’hyper sexualisation des filles voulue par certains médias et acteurs économiques.
L’Ecole que l’on défend
L’Ecole que nous voulons travaille à l’émancipation et au bien-être de tous les élèves et surtout pas à leur attribuer ou à leur apprendre qu’ils ont une place, un rôle, un genre, un sexe prédéfini. L’égalité fille-garçon, l’acceptation de différentes identités sexuelles et de genre, la lutte contre les discriminations doit prévaloir sur tout autre lecture, sans dogmatisme, mais avec pragmatisme : notre société a besoin que tous les enfants se sentent bien et qu’ils puissent envisager leur vie personnelle et professionnelle sans barrière ni crainte.
Entendons les revendications…
On le voit, la frontière est mince entre discrimination misogyne et volonté d’initier une prises en compte de l’adéquation de la tenue avec les circonstances. Ceci explique sans doute les nombreux abus qui ont eu lieu et qu’il ne faut en aucun cas minimiser ou excuser. Une des pistes pourrait être la multiplication de « journées de l’élégance » qui commencent à apparaitre dans les établissements afin de sensibiliser nos jeunes à cette question et à leur permettre de se rendre compte que leur tenue influe sur l’image qu’ils renvoient. Entendons les revendications des lycéens et collégiens, qui demandent à porter les vêtements qu’ils souhaitent et n’envisagent pas le moins du monde que cela puisse “distraire” leurs camarades, qui ont intégré les mêmes codes. Une autre de leur demande qui doit être entendue est que des référents à l’égalité fille/garçon soient clairement identifiés dans chaque établissement et participent à l’élaboration du règlement intérieur.