6000 élèves de moins à la rentrée à Paris
Depuis plusieurs années, les données démographiques montrent qu’il y a de moins en moins d’élèves en premier degré à Paris, quand les effectifs du second degré continuent à augmenter. Cette année, la pandémie a rebattu les cartes et ce sont plus de 6000 élèves qui se sont “évaporés”.
La pandémie aurait fait fuir des milliers de familles. Si une partie d’entre elles a pu rechercher un air plus pur et un environnement plus vert ou plus marin, il est également possible que les difficultés économiques aient exclu de la capitale des familles modestes qui ne peuvent plus s’y loger et se sont installées en petite ou grande couronne. Une analyse plus précise sera nécessaire afin de déterminer les risques que ces déséquilibres font courir pour la mixité sociale dans les différents arrondissements parisiens.
Un CDEN de rentré tardif dans un contexte de crise
Le 9 novembre s’est tenu le premier Comité Départemental de l’Education Nationale (CDEN) réunissant des représentants du rectorat de l’Académie de Paris, des élus de la ville de Paris, des représentants des syndicats enseignants et des représentants des parents. Il s’agissait d’un constat de rentrée, permettant aux différentes parties prenantes de s’exprimer.
Les représentants de l’Académie de Paris ont insisté sur la baisse du nombre d’élèves dans l’Académie de Paris, estimée à environ 6000. Cette baisse est conséquente alors qu’une basse d’environ 3000 élèves avait été projetée sur la base des années précédentes et des données démographiques. La baisse est particulièrement importante dans le 1er degré, mais n’exclut pas le 2nd degré où le nombre d’élèves est également plus bas que prévu. La crise COVID-19 a un impact visible, même si pour le moment il n’est pas clair s’il sera durable, sur le nombre de familles vivant à Paris. La mairie de Paris a souligné le très fort taux d’encadrement à Paris en comparaison des autres académies, en soulignant le nombre conséquent d’ASEM (!).
Des pistes pour absorber cette baisse
La FCPE Paris a rappelé l’importance de limiter les effectifs d’élèves, d’autant que la crise sanitaire a un impact social, économique et psychologique important sur les familles. Par ailleurs, nous avons évoqué la possibilité de renforcer la politique d’accueil des élèves de 2 ans en Toute Petite Section (TPS), si désormais les effectifs et les locaux le permettent. Pour le moment, aucune décision concernant des fermetures de classe n’a été annoncée. Les réunions de concertation entre élus, représentants des enseignants et des parents d’élèves ont démarré et se poursuivront jusqu’à la fin de l’année. Les changements de sectorisation pour la rentrée 2022 devront être votés en janvier 2022 au Conseil de Paris, et les fermetures de classe seront abordées lors du prochain CDEN qui devrait avoir lieu d’ici février 2022.
La FCPE Paris a réitéré sa demande que l’ensemble des écoles d’un secteur soit pris en compte dans les arbitrages de carte scolaire et soit associé aux discussions sur les mesures de resectorisations.
Ci-dessous la déclaration liminaire de la FCPE Paris lors de ce CDEN.
Chers représentantes et représentants au CDEN,
La FCPE déplore la tenue tardive de ce CDEN de rentrée. La rentrée nous semble déjà loin et les problèmes du quotidien ont repris le dessus. Les charges qui reposent sur les parents d’élèves également, et cette semaine et la prochaine seront riches en conseils d’école et en conseils d’administration. Nous réitérons à ce propos nos demandes de respect de la représentation des parents, en organisant des réunions auxquelles peuvent assister des parents salariés, et en ne limitant pas arbitrairement l’accès qu’à une partie des représentant en arguant des restrictions liées au COVID. Le déploiement de l’ENT en premier degré gagnerait à être généralisé, et un cadre posé pour laisser un accès à un espace parents numérique pour les élus représentants des parents dans tous les établissements. Cette utilisation du numérique doit s’accompagner d’une lutte contre l’illectronisme en mettant du matériel informatique à disposition de toutes les familles touchées au sein même de l’école.
La rentrée s’est enfin passée sans le poids du COVID. La FCPE souhaite que tout soit mis en œuvre pour que l’épidémie ne reprenne pas et que nos enfants puissent suivre une scolarité normale cette année. Dans ce contexte, une information fiable doit parvenir aux élèves et familles, et nous renouvelons notre demande que toutes les écoles, tous les collèges, puissent bénéficier de la présence régulière d’une infirmière. Elles jouent en outre un rôle fondamental dans la détection des enfants agressés, en détresse psychologiques ou souffrant de problèmes de nutrition. Il y a un déficit de tous les personnels qui assurent l’encadrement des élèves les plus fragiles, et il est urgent d’agir en particulier en permettant le redéploiement de RASED. Outre les RASED, nous dénonçons à nouveau ici le manque criant d’AESH, alors que les notifications ont été prononcées par la MDPH, et leur mutualisation alors que des élèves nécessiteraient des accompagnements à temps plein. Nous déplorons l’absence d’assistantes sociales, d’infirmières. De même les psys-EN doivent pouvoir accueillir au sein des établissements les élèves en souffrance qui en font la demande.
Le COVID laisse de lourdes traces dans les écoles et collèges parisiens : une large proportion d’élèves n’a pas eu une scolarité normale, n’ont pas validé certains acquis, et il leur est difficile aujourd’hui de rattraper ce retard sans qu’un cadre spécifique ne soit mis en place. La FCPE souhaite mettre un focus particulier sur un de ces apprentissages fondamentaux, en alertant sur le nombre d’élèves qui n’ont pas eu accès aux cours de natation et auxquels aucune solution de remédiation n’est proposée cette année. Par ailleurs, deux ans de cours « à distance » on fait des dégâts chez les plus jeune, et retardé l’apprentissage de la lecture chez de nombreux élève. Ces cours à distance sont loin d’être limités aux périodes de confinement, car force est de constater que les périodes de quarantaine font de très gros dégâts. La FCPE vous exhorte donc à tout mettre en œuvre pour aider les élèves, et réguler la propagation du virus dans les écoles. Nous saluons l’action de la Mairie sur l’installation des capteurs et espérons que des solutions concrètes soient apportées pour permettre à tous les élèves de pouvoir déjeuner, mais en toute sécurité.
La seconde conséquence est la fuite de certaines familles vers des lieux plus verts et moins peuplés. La « fuite » de 6000 élèves a été largement médiatisée, et les constats de rentrée sont sans appel, en particulier pour les CP et les 6e. La question est de savoir si cette fuite dans les classes de transition va se poursuivre ou si Paris retrouvera une attractivité pour les familles. L’accueil que recevront les enfants, le taux d’encadrement et la richesse de l’encadrement seront des leviers incontournables pour que les familles ne fuient plus la capitale, voire aient à nouveau envie de s’installer à Paris.
Suite à ces deux années scolaires impactées par la pandémie, ne serait-ce pas le moment de donner la priorité à l’enseignement public, seul gage d’équité territoriale, donner à tous les élèves une chance d’un réel apprentissage de qualité avec des classes moins chargées, des enseignants moins surchargés de tache annexes et ainsi plus disponibles pour soutenir et aider tous les élèves qui en ont besoin ?
Dans ce contexte, la pleine intégration des représentants des parents d’élèves à la communauté scolaire est fondamentale pour intégrer leur connaissance du terrain et le ressenti de leurs enfants dans les discussions. Ainsi, dans de nombreux quartiers, le très grand nombre de réaffectation administrative démontre la nécessité d’une re-sectorisation. Les parent FCPE sont extrêmement attachés à la mixité sociale, et leur ancrage dans les quartiers en fait à notre sens des acteurs majeurs des réunions de sectorisation que nous espérons nombreuses dans les arrondissements. Les parents plébiscitent les liaisons école-collège, et ce dispositif pourrait être pleinement exploité pour éviter la fuite des élèves de CM2 vers les établissements privés.
Pour cela nous avons besoin d’être sur la même base que le rectorat et la ville de Paris et connaitre l’évolution des effectifs, les projections des démographes sur les prochaines années à Paris, mais aussi sur la structure pédagogique des écoles. Cette année, nous nous interrogeons en particulier sur la prise en compte des classes dédoublées dans la détermination des seuils de fermeture. Nous avons compris que l’IPS moyen des écoles était pris en compte pour l’allocation des moyens. Certaines écoles hors REP bénéficient-elles de dédoublement en GS, CP, CE1 ?
Enfin nous voudrions partager avec vous le constat d’une paupérisation accrue d’un grand nombre de familles parisiennes. Cette semaine encore nos représentants ont été sollicité car une famille du 13e vit dans sa voiture ! La précarisation renforce les problèmes de mixité sociale dans certains arrondissements. De nombreux parents cherchent à contourner leur établissement de secteur, en inscrivant leurs enfants dans des cursus spécifiques ou des établissements privés. Il est indispensable de renforcer l’attractivité des écoles et collèges les plus fuis, en en renforçant l’attractivité par une offre éducative spécifique, et la convivialité, par exemple en continuant à leur donner la priorité pour l’aménagement de cours oasis.
Le tableau est sombre. Il faut nous donner aujourd’hui les moyens de préserver l’avenir de nos enfants, de tous les enfants parisiens, afin qu’ils puissent continuer de se projeter dans un avenir. Nous devons nous battre pour que l’équité des chances ne soit plus un rêve utopique mais un objectif atteignable !