A quoi ressembleront les manuels numériques à la rentrée 2016 ?
Avec le plan numérique, le paysage de l’édition scolaire est totalement bouleversé. Les éditeurs ont travaillé à des offres correspondant au cahier des charges du ministère. Mais à quoi ressembleront les manuels de vos enfants et les outils pédagogiques de la classe au collège à la rentrée 2016 ? Plusieurs concepts étaient présents en mars 2016 au Salon Educatec Educatice.
Des produits « classiques »
Pour ce type de produits, le manuel numérique c’est le manuel papier porté à l’écran, parfois enrichi d’animations, de vidéos ou de quiz. L’offre du Kiosque numérique de l’éducation (KNE), portail de ressources pédagogiques né il y a une dizaine d’années avec Hachette, Hatier, Didier, Foucher, Istra et Larousse, offrira à la rentrée 2016, des produits semblables à ceux des années précédentes. Les enseignants pourront commander les nombreux manuels numériques des éditeurs du portail, avec des prix qui varieront selon des versions plus ou moins enrichies.
Les éditeurs restent sur des manuels classiques et le modèle pédagogique est traditionnel. Un enseignant qui utilise un manuel scolaire unique pour tous les élèves pour faire cours. Le manuel comprend du cours et des exercices ; il est tourné vers l’activité professorale qu’il soutient.
Des concept « innovants »
Via Scola, l’offre d’Editis (Nathan, Bordas, Retz), n’est pas un manuel classique. C’est un concept totalement nouveau qu’Editis déjà proposé à 250 000 scolaires mais que l’éditeur veut pousser en avant à la rentrée 2016, avec pour objectif de faire évoluer le métier d’enseignant.
Ce manuel nouvelle formule, c’est en fait un outil de gestion de la classe, piloté par l’enseignant pour des élèves différenciés. L’enseignant peut suivre l’avancée du travail des élèves et intervenir à tout moment individuellement ou sur un groupe grâce aux outils de gestion dont il dispose. Il a un retour immédiat sur les difficultés rencontrées et les tâches pas comprises ou mal réalisées pour chaque élève.
Avec Via Scola, l’élève se voit affecté par l’enseignant des éléments de cours, des documents, des aides pédagogiques et une série d’exercices. Le professeur aura défini pour chaque élève un niveau de difficulté avec les tâches à accomplir entre guidé, compétent et expert. Ainsi un groupe peut travailler sur un point précis à un niveau expert, pendant qu’un autre travaille le même sujet mais à un niveau débutant et qu’un troisième groupe étudie une autre question. Depuis son pupitre le professeur suit l’évolution des tâches. Il est immédiatement informé des blocages rencontrés par les élèves et il voit les exercices erronés. Mais l’outil s’arrête là et c’est au professeur de faire le diagnostic des causes des échecs des élèves.
Mais au-delà de l’argument de la différenciation, attendue depuis des années, il y a l’idée d’un vrai changement de posture. Le manuel numérique n’est plus tourné vers l’activité professorale mais vers celle des élèves. Le métier d’enseignant ne consiste plus tant à professer qu’à aider les élèves dans la construction des savoirs.
Dans « l’économie » du temps enseignant, la plate forme propose en outre des outils d’évaluation à correction automatique dans des conditions définies par l’enseignant (travail à faire en classe ou à la maison).
Un géant en embuscade
L’autre nouveauté du salon Educatice, c’est l’arrivée de Google avec une offre éducation qui est déjà bien installée même si très discrète. Google propose un environnement de gestion des élèves permettant de leur ouvrir des espaces de travail partagés avec l’enseignant. Dans cet espace, l’élève a accès à des outils bureautiques mais aussi à un nombre croissant d’applications dédiées à l’enseignement. L’espace de travail est sécurisé et défini par l’enseignant qui peut interdire les visites pirates vers des sites non autorisés. Il peut aussi suivre la construction d’un devoir à la maison et fixer la date de fin et d’expédition. Tous ces outils sont gratuits. Et Google offre aussi une aide pour se lancer dans son environnement et mettre au point un scénario pédagogique.
Les choix du Ministère en avril 2016
Le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a lancé, en octobre 2015, un appel d’offres, auprès des éditeurs de contenus et de services pour l’Écol , afin de mettre à disposition gratuitement, des enseignants et des élèves des collèges et des écoles, des ressources numériques pédagogiques couvrant l’ensemble du programme des cycles 3 et 4 à la rentrée 2016 (du CM1 à la 3è). Ces banques de ressources offriront à partir de la rentrée 2016 des contenus nombreux et variés ainsi que des services numériques complémentaires des manuels scolaires et permettront aux enseignants de développer des apprentissages à l’aide du numérique avec leurs élèves. Ces ressources seront mises gratuitement à disposition pour une durée de trois ans.
Cet appel d’offres visait prioritairement à couvrir cinq disciplines du collège : le Français, les Mathématiques, les Langues étrangères, l’Histoire-Géographie, et enfin les Sciences.
À ce titre, 58 offres ont été déposées par 35 sociétés et 2 associations (seules ou en groupements).
11 offres ont été retenues parmi lesquelles 9 sont multipartenaires et correspondent à l’association d’éditeurs scolaires avec des Pure Players ou à des offres de Pure Players (entreprises ou marques exerçant leur activité uniquement sur Internet).