Être accueilli dans leur établissement scolaire : une nécessité pour tous les enfants
En cette 2e phase de déconfinement début juin, il est essentiel de rappeler le droit pour tous les enfants de pouvoir retrouver leur école ou leur établissement scolaire, leur vie d’élève, l’obligation scolaire ne pouvant être assurée sur la seule base du volontariat des familles. Pour les enfants, les conséquences de la déscolarisation pendant trois mois sont désastreuses, l’École ne jouant plus son rôle de cadre de vie, de socialisation et d’apprentissages collectifs.
S’il y a un équilibre à trouver entre maintien de mesures sanitaires et réouverture des établissements scolaires, l’écart entre les propos du Ministre de l’Éducation Nationale affirmant que tous les enfants seront accueillis à l’école le 2 juin et la réalité sur le terrain provoque incompréhension puis colère des parents.
A Paris, fin mai, seulement 20 à 30% des élèves sont accueillis pour respecter le protocole sanitaire en vigueur depuis le 11 mai et aucun moyen supplémentaire n’a été débloqué par l’Éducation Nationale pour permettre aux familles qui le souhaitent, d’envoyer leurs enfants à l’école.
En l’absence de cadrage clair de la part du Ministre, nous constatons de grandes disparités d’un établissement scolaire à l’autre, tant au niveau du nombre d’enfants accueillis, des niveaux (certains collèges accueillent les 4e et 3e d’autres pas) que du nombre de jours par semaine durant lesquels ils sont accueillis, ou encore de l’organisation des groupes. Une très grande autonomie est laissée aux directeurs et chefs d’établissement sur le choix des enfants accueillis, ce qui conduit également à des inégalités. De la même manière, aucun cadrage national clair ne définit plus l’articulation entre travail en présentiel et travail à distance pour les enseignants.
La FCPE Paris s’indigne de cette situation, qui est préjudiciable au Service public d’Éducation qu’elle défend.
Pour accueillir l’ensemble des enfants scolarisés, sans faire évoluer le protocole sanitaire, le Ministre de l’Éducation Nationale a annoncé la mise en place du dispositif 2S2C (sport, santé, culture, civisme), afin de répondre aux manques de personnels encadrant et de locaux.
La FCPE Paris se félicite que la Ville de Paris ait conservé la semaine de 4 jours et demi, développé une filière d’animation et permis aux associations de proposer des ateliers le mardi et vendredi après-midi. Les 800 professeurs de la Ville de Paris en sport, activités musicales et artistiques sont autant d’atouts que possède la collectivité parisienne pour organiser un tel accueil.
Et la FCPE Paris invite la Ville de Paris à se servir du dispositif 2S2C pour gérer l’urgence du mois de juin, elle précise dès maintenant que ce dispositif doit être temporaire et ne saurait devenir, avec l’enseignement à distance, l’avenir de l’école d’après confinement. La mise en place des 2S2C dans le cadre de la crise sanitaire ne doit pas servir de prétexte au démantèlement du service public d’éducation, en s’accompagnant d’une baisse programmée des heures d’enseignement, et ouvrir une voie à des tentatives de délégation d’une partie de l’enseignement à des organismes marchands.
La FCPE Paris rappelle que le Rectorat est garant du respect de la scolarisation de tous les enfants, de la qualité de cette scolarisation du respect du volume horaire enseigné et de la lutte contre le décrochage scolaire.
La FCPE Paris exige afin que la prochaine rentrée scolaire puisse se dérouler dans de bonnes conditions indépendamment du contexte sanitaire :
- Des effectifs réduits dans les classes (25 élèves par classe au maximum hors REP et 20 en REP) dans le cadre d’une révision de la DHG et de la carte scolaire à la hauteur des besoins ;
- Des sanitaires et points d’eau décents et en nombre suffisant dans tous les établissements, de la maternelle au lycée ;
- Des RASED complets et renforcés au regard des besoins identifiés par les établissements scolaires ;
- Une médecine scolaire avec des moyens humains supplémentaires et des actions de santé publique plus nombreuses ;
- Une réflexion sur des lieux annexes aux établissements scolaires (salles municipales, maison des associations) pour accueillir tous les enfants et sur le nombre d’enseignants nécessaires pour respecter les protocoles sanitaires.
Plus largement, il est fondamental de mettre en place un plan d’aide exceptionnel pour l’école, comme cela l’a été pour l’hôpital et certains secteurs économiques. Des moyens humains et matériels doivent être déployés pour pouvoir s’adapter à la situation qui sera observée à la rentrée, et assurer les cours que l’épidémie reprenne ou pas.
N’attendons pas un prochain virus, une prochaine crise pour donner à notre école les moyens qu’elle mérite et aux enseignants, aux établissements, les moyens techniques de pouvoir assurer la continuité pédagogique !
Paris, le 7 juin 2020
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