Un Tour de France qui démarre mal.
Notre quartier à l’honneur pour la première étape du tour de France du Ministre de l’Education Nationale
“Ensemble pour l’Ecole de la République”
Ilana CICUREL ne nous est pas inconnue, puisqu’elle avait perdu d’une courte tête les dernières législatives dans la 4ème circonscription de Paris face à la Maire du 17ème Brigitte KUSTER.
Ilana CICUREL, créatrice et conceptrice du Tour de France « Ensemble pour l’Ecole de la République », présente et analyse assez objectivement la situation de l’école publique. Selon la dernière enquête PISA, la France arriverait sur 52 pays à la dernière place à la question sur l’égalité des chances ce qui est inacceptable pour le pays dit des droits de l’homme. Pour mémoire la France est à la 30ème place sur le niveau d’éducation à la fin de l’école primaire. Cette série de réunions commence au cœur de la 3ème circonscription de Paris, à l’hôtel IBIS Clichy-Batignolles, son objectif est de favoriser le dialogue avec les acteurs locaux de notre école : institutionnels, enseignants, partenaires et parents d’élèves. Ilana CICUREL souligne que la réforme ne doit pas s’inscrire dans un programme à court terme ou à moyen terme mais sur le long terme puisque les résultats ne pourront pas être appréciés avant la fin du quinquennat. Le problème étant largement débattu, c’est à Jean-Michel BLANQUER, ministre de l’Éducation nationale de présenter ses réformes.
Le Tour de France commence mal puisque le Ministre s’est fait attendre avec plus d’une heure de retard. Aux premiers rangs, on reconnaissait les figures habituelles de La République En Marche. Enfin le Ministre, tant attendu, commence par un brillant exposé n’apportant pas de nouveautés à ce que les médias avaient déjà partagé. La qualité d’expression le choix des mots et des citations sont remarquables et nous laissent admiratifs, bien que la stratégie soit confuse ou éludée. Pour mémoire le mot Stratégie vient du grec « Stratus » Armée et « Agien » conduire. En fait le ministre dispose d’une armée et ne nous explique pas comment il va la conduire à la victoire.
Il aurait été certainement plus percutant de faire le bilan de cette première année avec les obstacles rencontrés et les réalisations. Ensuite il aurait été facile de présenter des objectifs au cours du quinquennat et dans quinze ou vingt ans en créant un Conseil des sages représentatif de toutes les tendances qui serait le garant du projet
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Jean-Michel BLANQUER, ministre de l’Éducation nationale ; confirme qu’il allait diviser par deux les effectifs des classes de CP et de CE1 en REP et REP+, mesure la plus importante prise en faveur de l’éducation prioritaire depuis la création des ZEP en 1981. Il prend pour exemple de réussite l’Ecole Élémentaire Bessières présentée par sa Directrice Madame Juliette BAYER qui valorise allègrement ses résultats alors que la réalité est bien autre. En fait cette école est évitée par beaucoup de parents, certains déménagent pour protéger leurs enfants après avoir fait de multiples demandes de dérogation systématiquement refusées. D’autres, qui ont plus de moyens, s’orientent vers le privé. La violence, le harcèlement et même les agressions sexuelles font partie du quotidien. La vérité est bien cachée alors que le déséquilibre en termes de mixité sociale est flagrant selon les habitants du quartier. Il est urgent de donner plus de moyens et de l’attractivité à cette école mais on ne peut pas la déplacer puisqu’elle est essentiellement encadrée par des logements sociaux.
Les promesses de campagnes du candidat Emmanuel MACRON étaient claires pourtant les réponses aux questions sont évasives, elles sont impossibles à poser compte tenu du retard du Ministre, de la longueur de son exposé et de ses rares réponses qui ne laissent pas de place pour le dialogue. N’ayant pas pu nous exprimer, il nous a paru constructif de reprendre les objectifs qui avaient été exposés lors de la campagne présidentielle et de poser directement les questions par écrit.
Initialement le Ministre avait décidé d’aborder la globalité de l’enseignement de la maternelle à l’enseignement supérieur et malheureusement il n’y avait plus de place pour échanger sur l’algorithme AFFELNET et sur PARCOURS SUP qui sont extrêmement préoccupants. Ainsi beaucoup de personnes qui s’étaient mobilisées pour écouter le Ministre sont restées sur une mauvaise impression et n’ont pas pu s’exprimer. Il semblerait que cette technique de débat « soi-disant » démocratique fasse école dans l’entourage du Président MACRON. On prend la parole et on ne la lâche pas si bien que les journalistes ou les intervenants ne peuvent pas s’exprimer jusqu’au moment où le gong sonne la fin du match.
Pour essayer de terminer sur des aspects positifs :
- Le Ministre s’explique sur le rythme scolaire en reconnaissant que selon la situation géographique la semaine de 4 jours à la place de 4 jours et demi est plus pertinente car liée aux distances de déplacement pour se rendre à l’école. En montagne ou à la campagne la semaine de 4 jours s’impose alors qu’à Paris la proximité permet de rester sur l’ancien système. La décision revient donc au Maire qui est souverain.
- Les classes bi-langues, à partir de la sixième, ont été rétablies dès la rentrée scolaire 2017-2018.
- Le dédoublement des classes situées en REP se met en place en fonction des contraintes techniques de chaque école.
- Le Ministre a approuvé l’expérience de secteur multi-collège qui a été initiée non sans difficultés dans le 18ème L’expérience devrait être réitérée sur d’autres territoires mais sans préciser où ?
- Enfin le Ministre de l’Education Nationale présentera chaque année des budgets régulièrement en hausse afin d’atteindre les objectifs ambitieux qu’il s’est fixé.
En conclusion, cette première étape de ce futur « Tour de France » parait mal réglée ou à revoir : horaires non respectés, manque de clarté dans l’exposé, stratégie confuse, moyens non chiffrés et surtout absence de planification sur le long terme.
Le premier objectif pourrait être de remonter de 10 places dans le classement PISA tous les 3 ans afin de se retrouver sur le podium dans 9 ans. Ainsi avant la fin du quinquennat nous serions au vingtième rang ce qui permettrait de mesurer les résultats de l’équipe en place.
Disons que le Ministre ne donne pas le cap et nous embrouille dans un beau discours. Le danger c’est que finalement la recette a fait ses preuves en politique où il faut éviter d’être pragmatique. Le « vous comprenez… » annonce un discours fleuve qui ne veut rien dire inspiré de notre humoriste Pierre DAC.