Classes multiniveaux – et si c’était une chance?
A l’école Nordmann, on compte cette année une classe multi-niveau en maternelle et 3 classes multiniveaux en élémentaire. De quoi faire se poser des questions aux parents! L’entretien qui suit, réalisé par la FCPE nationale, sera plutôt de nature à rassurer les parents intrigués par cette configuration.
Dans une classe multiniveaux, les parents ont peur que leurs enfants n’apprennent pas suffisamment.
VRAI. Oui, la plupart du temps, dans une classe de CM1-CM2 par exemple, les parents craignent que les enfants soient freinés dans leurs apprentissages par ceux du niveau du dessous. Ils sont stressés car le collège approche, ils ont de fortes attentes. Ces inquiétudes sont liées à une mauvaise représentation du fonctionnement d’une classe, celui qu’ils ont connu quand ils étaient élèves. Or, la classe simple niveau n’existe pas. C’est une illusion. Il ne faut pas croire que l’enseignant, dans un CM1 « pur », ne devra composer qu’avec un seul niveau d’élèves. L’hétérogénéité est là quoi qu’il arrive. Penser que des enfants, parce qu’ils sont nés entre le 1er janvier et le 31 décembre d’une année, apprennent tous la même chose, de la même manière est infirmé par la recherche en sciences humaines depuis une quarantaine d’années. On peut citer les 7 postulats de Burns sur les apprenants : il n’y pas deux élèves qui se ressemblent.
Il y a plus d’avantages pour les élèves à être dans une classe à niveau unique.
FAUX. L’Éducation nationale a mené deux études sur le sujet, pour essayer de déterminer quelle était la configuration la plus efficace. Toutes deux ont conclu qu’en termes d’apprentissages, il était difficile de se prononcer. En revanche, elles ont démontré qu’en termes d’autonomie, de participation dans la classe, la classe multi-âges apporte une vraie plus-value. L’élève comprend mieux le sens de l’école, devient plus autonome, apprend à se prendre en charge. Du point de vue des compétences sociales, c’est indéniable, les élèves sont mieux préparés. Et c’est déterminant pour le collège, car ils y sont moins encadrés.
Les élèves s’adaptent facilement au fonctionnement d’une classe multiniveaux.
VRAI et FAUX. En maternelle, ce type d’organisation rend plus fluide l’arrivée des plus petits à l’école. Ils apprennent par imitation. Donc, pour des élèves en petite section, côtoyer des plus grands va les rassurer, ils vont comprendre, en regardant les grands, ce qu’on attend d’eux en tant qu’écolier. Sans que le professeur ait besoin de leur expliquer. Pour des classes supérieures, en revanche, il y a toute une « formation » des élèves à mettre en place. Si l’enseignant dit : « Les CM2, vous restez au fond de la classe, et vous travaillez pendant une demi-heure, vous ne me dérangez pas », évidemment, ça ne marchera pas. Il va falloir perdre du temps pour en gagner. En début d’année, le professeur devra expliquer les règles aux élèves, des astuces, des méthodes pour qu’ils puissent par moment travailler en autonomie.
La classe multiniveaux développe chez les élèves des attitudes d’entraide.
VRAI. Si l’enseignant prend à bras-le-corps cette classe multi-niveaux, qu’il diversifie les propositions pédagogiques, oui, cela va générer des situations d’apprentissage originales dans la classe. Le maître ou la maîtresse ne sera plus la seule ressource pour apprendre. Les copains aussi vont le devenir, les petits commes les grands. Ils apprendront à aider les autres. Pas en leur soufflant la bonne réponse, mais en leur donnant un exemple, ou en allant chercher le livre dans lequel l’autre élève trouvera la solution. La classe développe alors un vivre ensemble réel, et là, on est au cœur de l’intention de l’école de la République.
Avoir des élèves d’âges différents dans une même classe crée plus de conflits.
FAUX. Je donne toujours aux parents cette image du goûter d’anniversaire. Quand vous organisez une fête chez vous, vous préférez avoir 20 enfants du même âge ou des enfants d’âges différents avec les grands frères, grandes sœurs ou petits frères, petites sœurs ? À la fin de la journée, vous serez plus fatigués dans quelle configuration ? La réponse est toujours la même… Car c’est évidemment plus facile. On se prémunit de relations un peu trop binaires, d’une compétition entre garçons ou entre filles. On augmente la palette des liens qu’ils peuvent tisser. En général, ils sont contents de venir en classe. J’ai eu en charge une classe triple niveau pendant 10 ans. Seulement deux familles ont demandé à ce que leur enfant retourne dans une classe à niveau unique.