Aménagement du protocole sanitaire dans les lycées
L’objectif du nouveau protocole diffusé est de prévenir une explosion des cas de contamination dans les lycées. Les aménagements du protocole mis en œuvre le 2 novembre prévoient que la continuité pédagogique sera décidée localement pour tenir compte des spécificités propres aux territoires et aux différents établissements scolaires.
Les demandes de la FCPE Paris sont de maintenir les élèves le plus possible dans les établissements dans le respect du protocole sanitaire, d’assurer la continuité pédagogique avec une attention particulière sur les risques de fracture numérique, de maintenir le service de cantine en particulier pour les élèves bénéficiant de tarifs réduits et scolarisés loin de leur domicile.
Mobilisation dans les lycées
L’ensemble de la communauté éducative (élèves, enseignants, personnel de direction, parents) a dénoncé la difficile mise en œuvre du protocole sanitaire décidé pour le 2 novembre 2020. La distanciation sociale est trop complexe à mettre en œuvre sans aménagement de l’accès à la cantine et allègement des effectifs, alors que dans un grand nombre de lycées les classes sont surchargées.
La promiscuité observée dans les classes, les couloirs et à la cantine sont concomitantes à la restriction des interactions sociales des lycéens à l’extérieur et pour leurs loisirs. Ces injonctions contradictoires sont difficiles à concevoir pour les lycéens comme elles le sont pour des adultes. Face aux critiques dans les médias, les réseaux sociaux et à la grogne des lycéens et des personnels, le Ministère de l’Education nationale a diffusé un nouveau protocole sanitaire pour les lycées et fixé des mesures exceptionnelles pour le baccalauréat 2021.
La FCPE Paris se félicite que le ministère ait finalement accepté d’aménager les modalités d’accueil des élèves quand les conditions locales l’exigent et à la demande des établissements. Il est dommage que cette décision n’ait eu lieu qu’après une mobilisation des élèves à l’extérieur des lycées. Nous rappelons notre demande du strict respect du code de l’éducation qui prévoit d’organiser des espaces de réunion et d’échange entre lycéens, et également des espaces d’information qui leur sont propres.
Comme le souligne la FCPE dans son communiqué, si le Ministère venait à fermer les lycées ou à accepter des demi-groupes de travail, les parents d’élèves n’accepteraient pas que leurs enfants affrontent seuls la continuité pédagogique, car enseigner est un métier. En effet, le bilan du premier confinement révèle que les lycéens, privés de cours en présentiel de mars à juillet, ont subi en grand nombre un décrochage scolaire qu’ils ont beaucoup de mal à rattraper encore à l’heure actuelle. Alors que les classes demeurent surchargées et les heures de soutien scolaire presque impossible à mettre en œuvre, l’accompagnement des lycéens est un sujet de vive préoccupation.
Nous demandons que les fédérations de parents soient associées aux discussions dans les établissements.
Des modalités des élèves diversifié
Si l’objectif ministériel est que les élèves suivent au moins 50% de leurs cours en présentiel, les modalités de cette alternance diffèrent selon les établissements. Certains établissements avaient anticipé les aménagements nécessaires et proposé des modalités d’accueil des élèves afin de permettre la distanciation physique. Les modalités sont très diverses.
L’accueil en demi-groupes permet de limiter la promiscuité dans les classes, mais la prise en charge des élèves du demi-groupe en distanciel va de la diffusion du cours en direct (distanciel synchrone) à un travail spécifique pour préparer une classe inversée ou la préparation d’exercices, qui sont ensuite corrigés au cours suivant. Les enseignants comptent sur une dynamique plus rapide en demi-classe et le travail préparatoire à la maison pour pouvoir couvrir le programme. L’accompagnement des élèves en fracture numérique devra toutefois être suivie très attentivement par les représentants des parents pour vérifier que cela ne conduit pas à un décrochage.
Un accueil par demi-journée (par exemple semaine A : trois demi-journées matin et deux demi-journées après-midi ; semaine B : deux demi-journées après-midi et deux demi-journées matin) devrait permettre de préserver le contact des élèves avec leur enseignant, permettre à tous les élèves qui en ont besoin de pouvoir déjeuner à la cantine, et permettre de garder un rythme de vie “normal”.
Une autre modalité est l’accueil par niveau, conduisant les élèves à un travail à distance un jour par semaine. Cette modalité permet de diminuer la densité des élèves dans les couloirs et à la cantine, mais ne règle pas le problème des classes surchargées. Les autorités sanitaires mettent cependant en avant la cantine comme principale source de contamination entre lycéens, et dans la mesure où les masques sont gardés en classe, cela devrait limiter les contaminations en cas de forte densité d’élèves dans les classes.
Un consensus semble exister pour éviter la modalité “une semaine sur deux” afin de limiter la perturbation du rythme de travail et le risque de décrochage scolaire. Une attention particulière devrait être portée aux lycées professionnels, où les effectifs ne justifient pas forcément un allègement des effectifs, mais où la fracture numérique est très présente.
La fracture numérique n’a pas disparu
Dans ce contexte, la FCPE Paris s’inquiète de la lenteur à équiper les lycées, de la situation d’élèves ne disposant pas des moyens informatiques, de réseau et de conditions de logement compatibles ou adaptées permettant de suivre un enseignement à distance et demande à ce que les tiers lieux équipés en Wifi puissent être mis à leur disposition, non seulement en cas de cours à distance mais aussi pour pallier à l’accès limité à des salles de travail en dehors des heures de cours.
La région Ile-de-France a rencontré les présidents FCPE des 8 départements, dont le CDPE75, pour leur exposer les moyens supplémentaires qu’elle a décidé d’allouer en urgence et « quoi qu’il en coûte ». Il est en particulier important d’équiper certains lycées face à l’inégalité flagrante entre les installations des différents lycées.
Pour rappel, la région Ile-de-France a initié en mars 2019 une offre qui visait à équiper les lycées généraux et technologiques de manuels numériques et doter les élèves de secondes d’une tablette numérique à condition que les lycées renoncent aux manuels papiers financés jusque-là par la région Ile-de-France. Plus de la moitié des lycées parisiens ont refusé, considérant l’offre « tout ou rien » comme un chantage, réticents à l’usage intensif d’écran, rappelant que les éditeurs de manuels scolaires n’étaient pas prêts, et jugeant inégalitaire la proposition dans la mesure où les futurs élèves de 1ère étaient les premiers concernés par la Réforme du lycée, et devraient alors, si le lycée acceptait l’offre telle qu’énoncée, financer eux-mêmes le matériel. En mars 2020, la région Ile-de-France a alors décidé d’équiper tous les futurs élèves de seconde sans conditions, et a proposé d’équiper les lycées de connexion Wifi et doter les enseignants des classes de seconde, mais à condition que les lycées acceptent de renoncer aux manuels scolaires papier. Devant cette nouvelle offre, les lycées ont dû débattre une fois encore sur le choix de renoncer aux manuels papier mais face à la pandémie subie entre temps, plus nombreux furent les lycées qui ont accepté de renoncer aux manuels papier au profit du numérique.
Au bilan, à la rentrée 2020, en Ile-de-France 100% des élèves de seconde GT sont équipés d’un ordinateur, 50% des élèves de première sont équipés d’une tablette numérique qui ne permet pas de suppléer un ordinateur, et 0% des élèves de terminale sont équipés par la région. Les lycées qui ont fait le choix des manuels numériques l’année dernière n’ont toujours pas le Wifi installé, ce qui devrait être réalisé d’ici la fin de l’année. La région Ile-de-France annonce l’équipement en Wifi des autres lycées par la suite. La région Ile-de-France prévoit de commander des PC supplémentaires à donner aux élèves recensés en ce moment par l’intermédiaire des rectorats chargés de récolter les demandes effectuées par les chefs d’établissements, mais les commandes ne seront pas livrées avant janvier 2021. Les établissements doivent ainsi dans les jours qui viennent recenser leurs besoins en installations, et en équipement informatiques pour les élèves et les enseignants.
La FCPE Paris demande à participer aux réflexions sur le protocole et souhaitent connaitre la situation du recensement des besoins techniques qui doit être remonté très vite à la Région.
Dépistage dans les établissements
Plusieurs régions ont commandé des tests antigéniques à destination des lycées tandis que le ministère envisage que des tests pourraient être déployés dans les établissements si les autorités sanitaires le jugent opportun. La région Ile-de-France prévoit la livraison d’un grand nombre de tests dans les lycées, pour les élèves et les personnels. Ces tests antigéniques seraient réalisés par les infirmières scolaires. Cependant, plusieurs conseil locaux FCPE nous ont signalé des absences d’infirmière dans les lycées ou cité scolaire…
Restauration scolaire
La région Ile-de-France prévoit la possibilité de livraison de panier repas (froids…) dans les lycées pour permettre de désengorger la cantine. L’accès aux repas chauds se ferait par rotation.
La FCPE75 milite pour que des critères sociaux soient envisagés pour donner un accès prioritaire aux élèves qui ont besoin de ce repas chaud tous les jours. La distance entre le lycée et le domicile est également un facteur déterminant car pour les élèves qui n’ont pas le temps de rentrer chez eux, le budget repas va exploser !
Adaptation des modalités du baccalauréat
Pour tenir compte des conséquences de la crise sanitaire, deux mesures en particulier modifient les conditions de préparation du baccalauréat général et technologique.
- Annulation de 3 évaluations de Première et de Terminale remplacées par la moyenne des bulletins scolaires. Sont visées les évaluations d’histoire-géographie, les langues vivantes, la spécialité qui n’est pas poursuivie en terminale, ainsi que les mathématiques pour la voie technologique et l’enseignement scientifique pour la voie générale.
- Deux sujets au choix pour les épreuves terminales des enseignements de spécialité. Cette modalité exceptionnelle doit permettre de garantir aux élèves d’être interrogés sur des cours effectivement étudiés dans le cadre de leurs programmes. Sauf cas de force majeure, le calendrier des épreuves des enseignements de spécialité demeure fixé du 15 au 17 mars 2021, date jugée trop rapprochée pour certains enseignants.