Audience consacrée à Affelnet-Seconde du 17 février 2021
La FCPE Paris partage ici le compte–rendu que le rectorat lui a fait parvenir, suite à une récente réunion entre plusieurs conseils locaux d’un arrondissement parisien et le rectorat, mi-février, à notre demande. Lors de cet échange, plusieurs questions ont été soulevées, il nous semblait important de partager les questions et réponses du Rectorat avec tous les adhérents et parents.
Cette visioconférence a été proposée par le Rectorat à la demande des représentants académiques de la FCPE. Elle correspond à un principe que s’est fixé le Rectorat de Paris : répondre en toute transparence aux interrogations de tous, sans exclusion de personne. Il est rappelé qu‘au retour des vacances d’hiver, des réunions de présentation du dispositif Affelnet 2de seront proposées (sous un format visioconférence) à tous les parents élus des Conseils d’administration des collèges publics parisiens.
L’entretien débute par une déclaration liminaire d‘une élue de conseil local, mettant en avant les inquiétudes de parents à l’annonce d’une réorganisation de la procédure Affelnet 2de. Ces inquiétudes sont notamment liées à un calendrier qui parait contraint. Une demande de report d’une année pour mener, ensemble, la réforme d’Affelnet 2de est formulée.
Mme MAZERON (Directrice Académique des Services de l’Education nationale en charge des lycées) ne nie pas les inquiétudes suscitées, rappelant qu’elles ont toujours existé tant l’enjeu autour de l’affectation des élèves parisiens en lycée est grand. Elle rappelle les raisons qui conduisent à entreprendre maintenant cette réorganisation de la procédure :
- Le constat de l’année passée n’est pas bon. Même si le contexte était exceptionnel (avec un confinement lié au COVID et un nombre de passage en 2GT plus important que les années antérieures), trop d’élèves n’ont pas été affectés en lycée, à l’occasion du 1er tour de la procédure Affelnet. Les recours ont été nombreux.
- Le Rectorat acte aussi des limites au dispositif Affelnet reposant sur 4 districts « cloisonnés » : il ne permet plus suffisamment de favoriser la mixité scolaire (avec des lycées de niveau) et la mixité sociale, sans pour autant garantir un établissement de proximité à tous les entrants en 2GT.
- Face à ce constat, le choix est assumé de réformer dès maintenant le système, pour mieux répondre aux trois principes précédemment cités : mixité scolaire ; mixité sociale ; proximité tout en permettant une plus large liberté de choix.
S’engage ensuite un débat sous forme de questions / réponses, pendant 2h environ. Pour une meilleure lisibilité du compte-rendu, les questions émanant des représentants de parents sont résumées par thème, sans citer les auteurs (la parole revenant à qui veut bien la prendre). La réponse formulée par Mme MAZERON intervient à la suite.
Comment mener à bien une réforme d’Affelnet 2de favorisant la mixité (scolaire et sociale) dans un contexte de baisse globale des moyens (DHG) ?
Certes, l’enveloppe ministérielle allouée cette année à l’Académie de Paris est à la baisse pour le fonctionnement des collèges et lycées, au profit du 1er degré. Cependant, l’Académie de Paris parvient encore à dégager une marge qui est distribuée aux établissements en fonction de l’IPS (Indice de Positionnement Social) de leur public accueilli. De fait, les collèges et lycées les plus fragiles socialement conservent des moyens d’action importants.
Les nouvelles dispositions concernant Affelnet 2de ne sont-elles pas défavorables aux élèves boursiers ?
Le principe retenu pour l’affectation en 2GT est le suivant :
Tous les élèves (boursiers ou non) pourront effectuer des vœux de lycée à l’échelle de toute l’Académie.
Cependant, en fonction de leur collège public de secteur, un nombre de points maximum leur est attribué pour 5 lycées dits « de secteur 1 ». Ces 5 lycées sont situés à moins de 25 minutes du collège de secteur, sans forcément être les plus proches. Ce ne sont pas les mêmes d’un collège à l’autre. Ces 5 lycées proposent une offre de formation très complète (Langue vivante, enseignements de spécialité en 1ère et Terminale, options). Les autres lycées parisiens sont considérés comme appartenant à un secteur 2 ou à un secteur 3, en fonction de leur éloignement : ils donnent droit à un nombre de points moins importants.
Le bonus « boursier » a été abaissé mais, il n’a pas d’intérêt en soi. Il permet juste de repérer les élèves boursiers parmi la masse d’élèves à affecter. Ces élèves boursiers sont affectés à part, par l’algorithme Affelnet, en s’appuyant sur des taux cibles de bousiers fixés à chaque lycée parisien. Ces taux ont été sensiblement baissés pour les lycées jusque-là socialement défavorisés. Ils ont été augmentés pour les lycées les plus attractifs.
Un bonus « points » reposant sur IPS est attribué aux élèves en fonction du collège fréquenté.
Pourquoi ne pas avoir fait le choix d’une plus grande mixité sociale en affectant les élèves à partir de quotas (1/3 d’élèves appartenant aux CSP favorisées ; 1/3 d’élèves appartenant aux CSP intermédiaires ; 1/3 d’élèves appartenant aux CSP défavorisées) ?
La réforme engagée vise à faire évoluer la situation sans entrainer une révolution. En effet, il s’agit de tenir compte des vœux des familles : imposer de tels quotas irait forcément à l’encontre des demandes formulées par un grand nombre d’élèves et ne serait pas compris. La réforme engagée tient compte du taux de satisfaction des familles sur les 3 premiers vœux formulés. 15 simulations ont été effectuées à partir des données de l’année passée. La matrice que le Rectorat finalise permet de garantir des taux de satisfaction quasiment aussi bons que ceux de l’an passé.
De même, favoriser la mixité scolaire et sociale suppose de procéder progressivement pour permettre aux équipes enseignantes de chaque établissement de s’y adapter.
Pour les élèves non affectés au 1er tour dont les cas sont étudiés lors d’un 2e tour, est-il possible de tenir compte du statut de boursier ?
C’est un point qui mérite discussion : le Rectorat n’a pas de position arrêtée à ce jour. En revanche, il semble que les nouvelles règles édictées permettent d’affecter un plus grand nombre d’élèves boursiers dès le premier tour. Pour les élèves boursiers de l’Est parisien, le principe des 5 lycées de « secteur 1 », à 25 minutes de transport, permet aussi d’accéder à des établissements du centre de Paris.
Quelle fiabilité peut-on accorder à de nouvelles règles d’affectation qui reposent sur des simulations dont les données sont celles de l’année passée (ancienne règle) ?
Le Rectorat ne méconnait pas les limites d’une simulation. Au total, 15 ont été successivement effectuées pour permettre de créer une matrice la plus efficace possible (la matrice est celle qui distingue, pour chaque collège, les 5 lycées de « secteur 1 » ; les lycées de « secteur 2 » et les lycées de « secteur 3 » en tenant compte de leurs capacités d’accueil).
Le Rectorat part du principe que les 3 premiers vœux formulés par les familles l’an passé correspondent à des choix privilégiés : le Rectorat a donc cherché à inscrire les nouvelles règles d’affectation dans le respect d’un taux de satisfaction sur les 3 premiers vœux. Il est voisin de celui de l’an passé.
En limitant à 5 lycées le « secteur 1 », le risque n’existe-t-il pas de limiter les possibles en termes de combinaisons d’enseignement de spécialité, à l’entrée en Première ? Ne risque-t-on pas des orientations subies en Première technologique ?
Le choix des 5 lycées de « secteur 1 » a été effectué pour chaque collège en veillant à ce que ces 5 lycées garantissent une possibilité de poursuite en Première générale avec un large choix de combinaisons d’enseignements de spécialité. Le nombre de combinaisons dépend de contraintes dans la construction des emplois du temps qui n’ont pas forcément de rapport avec le nombre d’enseignements de spécialité proposé. Ce sont les équipes de direction qui en jugent. Il n’est pas question de « rejouer » Affelnet 2nde à l’entrée en Première mais, au cas par cas, des demandes de changement d’établissement pour garantir une combinaison d’enseignements de spécialité impossible seront étudiées.
L’affectation ne détermine pas l’orientation. Lorsque dans un établissement, les décisions d’orientation conduisent à faire varier la structure, le Rectorat peut faire varier la structure (ex. ouverture d’une classe de Première générale si le taux de passage en Première générale augmente). Le Rectorat souhaite toutefois garantir une offre de formation en voie technologique, non pas pour l’imposer à qui que ce soit mais, parce qu’elle permet justement des « possibles » en termes d’orientation et parce que c’est aussi une voie de réussite.
En limitant à 5 le nombre de lycées de « secteur 1 » et en suscitant de l’inquiétude, la réforme d’Affelnet ne risque-t-elle pas de conduire des familles à se tourner davantage vers l’offre de formation privée ? Ne donne-t-on pas aussi un avantage aux élèves du privé demandant un retour dans un lycée public, à l’entrée en 2de ?
Le Rectorat souhaite que l’offre de formation des établissements privés figure dans Affelnet 2nde. Des discussions sont en cours pour le permettre, dans l’intérêt de tous. Il s’agit d’avoir une visibilité sur les cas de doublons pour les réduire (doublon = élève s’inscrivant dans le privé en mars-avril pour la 2GT mais formulant aussi es vœux dans le public et participant ainsi à l’Affectation au risque de bloquer une place).
Il n’y a jamais eu de « bénéfice » ou de « malus » distinguant un élève du privé et une élève du public dans le cadre de la procédure Affelnet. Ce serait d’ailleurs une iniquité relevant de l’illégalité. Tous les élèves sont traités de la même façon et le resteront. Ce qui les distinguent, c’est le « bonus IPS » et le Rectorat l’assume pour garantir une mixité sociale plus grande. Il est certain que le « bonus IPS » est moins favorable pour les élèves relevant d’un collège privé car, l’IPS des collèges privés et sensiblement plus élevé que celui des collèges publics.
Sur quoi repose le calcul des distances-temps (25 minutes) ? Quel est l’intérêt alors que l’offre de transport en commun est désormais gratuite pour les lycéens parisiens ?
Les distances temps sont calculées entre le collège de secteur et les lycées parisiens. Elles tiennent compte de toutes les possibilités de déplacement à l’exception de la voiture. Le « secteur 1 » garantit à chaque élève 5 lycées situés à 25 minutes maximum de son collège de secteur. Il y a donc une garantie de proximité mais, elle n’est pas imposée. Un élève n’est pas obligé de candidater sur les 5 lycées de « secteur 1 », ni même de placer ces lycées parmi les 10 vœux qu’il peut effectuer. Parmi les 10 vœux qu’il peut formuler, il peut désormais placer n’importe quel lycée parisien (ce n’était pas le cas précédemment avec le système des districts).
Pour déterminer les 5 lycées de « secteur 1 », le Rectorat tient compte des spécificités de chaque collège (tous ne sont pas desservis de la même façon par les transports en commun ; certains sont excentrés…) tout comme il tient compte des dynamiques démographiques de chaque arrondissement.
Pourquoi changer un dispositif (Affelnet) qui donnait de bons taux de satisfaction aux familles ?
Le Rectorat souhaite engager une réforme favorisant une plus grande mixité scolaire et sociale : il s’agit de faire évoluer sans révolutionner, en veillant à proposer aux familles un choix de proximité sans restreindre les possibles.
A noter : la communication sur les lycées de « secteurs 1 – 2 – 3 » sera faite, pour chaque collège, début mars. Une large campagne de communication sera menée auprès de tous (établissements, élèves, familles…) pour permettre à chacun d’effectuer des choix assumés.