Baisse des emplois aidés dans l’Education nationale : quel impact à Paris ?
Les arbitrages du gouvernement viennent de tomber : ce sera 20 000 emplois aidés en moins pour l’Education nationale à la rentrée 2017 par rapport à la rentrée 2016. Un plan tardif et assez approximatif qui interroge la FCPE : quelles conséquences pour les écoles et établissements parisiens ? Avec quel risque pour l’accompagnement des élèves en situation de handicap ?
Dans un article publié le 17 août 2017 par le journal Libération — dont la rédaction s’est procurée un mail de la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle — on découvre le détail du plan gouvernemental annoncé pour limiter les emplois aidés au second semestre 2017. Il est donc demandé aux préfets d’en finir avec les emplois aidés des entreprises et de restreindre ceux du secteur non marchand. Pour le secteur non-marchand, « les priorités arrêtées portent strictement sur l’outre-mer, l’Education nationale, le secteur sanitaire et social ».
Priorité mais pas sanctuarisation
Si l’Education nationale est présentée comme privilégiée, c’est parce que l’arbitrage du gouvernement, immédiatement applicable, lui offre près de la moitié des 110 000 contrats aidés encore disponibles au budget 2017. Mais dans le détail, les 50 000 contrats annoncés pour le second semestre risquent de ne pas suffire, voire carrément de paralyser des pans entiers de l’institution, puisque ce seront 20 000 contrats de moins que ce qui avait été distribué au second semestre 2016 par le précédent gouvernement.
Des emplois précaires mais indispensables
Comme le rappelle le Café pédagogique, beaucoup de contrats aidés remplissent des fonctions indispensables de la cantine aux aides administratifs, en passant par les animateurs du périscolaire, les aides au transport et à la sécurité et surtout les AVS (Auxiliaires de Vie Scolaire) qui accompagnent les enfants en situation de handicap.
La réduction de ces contrats aidés est vue par certains comme l’occasion de mettre fin à une forme de précarité dans l’emploi. C’est d’ailleurs l’argument du Premier ministre, Edouard Philippe qui affirmait en juillet au journal Le Parisien : « les emplois aidés ne débouchent pas sur des emplois stables ».
Si la FCPE réclame depuis des années la mise en place d’une vraie professionnalisation et une réelle déprécarisation de tous les personnels éducatifs, elle considère avec beaucoup d’inquiétude la diminution des emplois aidés pour la rentrée 2017 en l’absence d’un plan B tout empreint de stabilité. Ce qui rajoute encore à l’inquiétude, ce sont les promesses faites par le Ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer devant le Sénat, le 28 juin dernier : 8000 contrats aidés supplémentaires pour les AVS promis pour cette rentrée 2017. Comment pourrait-il désormais tenir ses engagements ?
AVS à Paris : tous les voyants au rouge ?
L’Académie de Paris connaît à chaque rentrée de réelles difficultés pour le recrutement et le déploiement rapide des AVS auprès de tous les enfants qui en ont besoin. La rentrée 2015 avait été catastrophique en la matière ; celle de 2016 avait à peine limité les dégâts.
A deux semaines de la rentrée, les parents d’élèves s’inquiètent de savoir dans quelle proportion l’Académie de Paris sera impactée par les réductions du nombre de contrats aidés ? Avec quel scénario pour les AVS et plus globalement quels moyens à Paris pour l’accompagnement des élèves en situation de handicap ?
Aujourd’hui la majorité des postes d’AVS sont pourvus par des contrats aidés (CUI-CAE : contrat unique d’insertion – contrat d’accompagnement dans l’emploi). Combien de contrats en moins sont-ils à prévoir à Paris par rapport à la rentrée 2016 alors que le niveau de demande ne va pas baisser ? Combien de nouveaux postes d’AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) sont-ils prévus à Paris ? Combien de postes d’AESH issus de la transformation de CUI-CAE y aura-t-il ?
A Paris comme ailleurs, il y a plusieurs priorités qui ne s’annulent pas les unes les autres : la professionnalisation et la déprécarisation rapides des personnels qui accompagnent les élèves en situation de handicap (de vrais contrats et de vrais emplois pour un vrai métier) et des conditions décentes et suffisantes pour l’inclusion de chaque élève parisien à la rentrée 2017. Alors que tous les signaux semblent au rouge dans l’Académie de Paris, les parents d’élèves parisiens attendent des réponses concrètes et chiffrées de la part des responsables académiques.
Mise à jour du 28 août 2017 :
Interrogé par la FCPE Paris, le Directeur de l’Académie précise au 25/08 que “les contrats aidés sont totalement préservés pour l’accompagnement d’élèves handicapés” et que “la création d’AESH se poursuit avec 196 AESH supplémentaires à cette rentrée”.