Carte scolaire 2018 : moyens et enjeux pour Paris
Le ministère de l’Éducation nationale a présenté, à l’occasion du comité technique du 20 décembre 2017, la répartition des moyens entre les académies. Si la FCPE accueille avec soulagement l’annonce de la création de 107 postes dans le 1er degré dans l’Académie de Paris, elle s’inquiète très fortement de la suppression de 54 postes dans le second degré. La FCPE Paris a rencontré le 14 décembre dernier, Antoine Destrés, DASEN, pour évoquer la carte scolaire 2018. Retour sur les enjeux et mesures pour la rentrée 2018 dans les écoles parisiennes. Et premières projections et inquiétudes pour les collèges et lycées.
L’enjeu principal pour la rentrée 2018 est connu depuis plusieurs mois : il s’agit du dédoublement des CP et CE1 en éducation prioritaire. Ce dédoublement qui a commencé en septembre 2017 (sur 14 écoles et 53 CP en REP+) doit se poursuivre en septembre prochain sur 117 écoles pour environ 400 classes de CP en REP, sans compter les 40 CE1 en REP+. Le défi pour les responsables académiques ? Trouver 120 postes à injecter dans l’éducation prioritaire en septembre 2018. L’annonce ministérielle du 20 décembre dernier de doter finalement Paris de 107 postes premier degré est un premier soulagement, permettant de penser que la menace de fermetures de classes massives s’éloigne.
Lors du rendez-vous organisé par l’Académie avec les fédérations de parents d’élèves représentées au CDEN le 14 décembre dernier, Antoine Destrés a précisé la méthode et les objectifs des services académiques pour cette carte scolaire premier degré.
Du qualitatif au-delà des dédoublements CP/CE1 en éducation prioritaire ?
Concernant le dédoublement des classes de CP et CE1 en éducation prioritaire, un diagnostic est en cours de finalisation dans chaque école. Chaque « fiche école » doit permettre d’établir une proposition d’organisation pédagogique en lien avec les locaux disponibles et la composition de l’équipe pédagogique. A priori 80% des classes seront « séparées », les 20 % restantes seront des classes avec deux maîtres. Compte tenu des contraintes bâtimentaires, la Ville de Paris prévoit quand même des travaux dans quelques écoles pour poser des cloisons en dur, pour un budget d’environ 2 millions d’euros.
Concernant le dispositif « Plus de maîtres de que classes », la crainte de l’Académie était, en cas de faible dotation ministérielle, de devoir intégralement redéployer les 36 postes actuels qui y sont consacrés. La FCPE espère donc que ce dispositif pourra être maintenu dans la majorité des écoles car il bénéficie à d’autres niveaux que les CP et CE1. L’occasion pour notre fédération de rappeler que la concentration des moyens sur ces deux niveaux en éducation prioritaire ne doit pas se faire au détriment de la réussite de tous les élèves. Il est indispensable que les moyens et mesures de carte scolaire permettent de remédier efficacement et partout à la difficulté scolaire, de travailler autrement dans les classes, de scolariser les moins de 3 ans…
Concernant le traitement de la difficulté scolaire, l’Académie explique réfléchir à un redéploiement du RASED vers la maternelle et le cycle 3 où les effectifs vont augmenter. Le DASEN, qui a rencontré l’ensemble des 657 directeurs d’école lors de 6 réunions de territoire, explique qu’il y a beaucoup de volontariat dans les écoles de l’éducation prioritaire pour participer à ce qu’il appelle « une nouvelle façon d’enseigner » en CP/CE1. De son côté, l’Académie annonce vouloir mettre en place une vraie logique qualitative au-delà du seul exercice de dédoublement des effectifs. Elle annonce le principe d’un dispositif de formation pour 400 professeurs des écoles et un toilettage du catalogue des manuels de lecture en partenariat avec la Ville. L’objectif étant de ne maintenir ou de ne faire rentrer que des références ayant déjà apporté leurs preuves pour l’apprentissage de la lecture en éducation prioritaire. Une enquête est d’ailleurs actuellement en cours de réalisation par la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) sur l’évaluation des progrès en CP et 30 écoles parisiennes (EP et HEP) font partie de l’échantillon.
Concernant les écoles classées en CAPPE, l’Académie annonce qu’il n’y aura pas de dédoublement mais promet qu’il n’y aura pas non plus de fermetures, voire même des ouvertures. La FCPE continue de regretter ce traitement d’une « éducation prioritaire de seconde zone » à laquelle on donnait déjà des moyens aux écoles sans accorder leur prime aux enseignants mais qui désormais limite même les moyens.
Mobilisation du réseau FCPE pour les « diagnostics écoles »
Afin de contribuer efficacement aux débats qui, lors du CDEN du 13 février 2018, entérineront les mesures de carte scolaire premier degré pour la rentrée 2018, la FCPE Paris a décidé de mobiliser tous ses échelons militants pour recueillir leur vision des besoins du terrain. Elle vient de diffuser le 4 janvier à toutes ses Unions locales les tableaux d’analyse des effectifs des écoles maternelles et élémentaires réalisés à partir des documents communiqués lors du CDEN de rentrée. L’objectif est de recueillir les diagnostics des conseils locaux par arrondissement après consolidation de ces chiffres avec les prévisions de la rentrée 2018. Quelles sont les écoles qui pourront éviter une fermeture de classe ou qui auront besoin d’une ouverture ? Quelles seront celles qui perdront encore des élèves et où la fermeture est inéluctable ? Les administrateurs de la FCPE Paris réaliseront la synthèse des remontées du terrain début février afin de présenter en CDEN mi-février un bilan collaboratif pour les mesures de carte scolaire à demander.
Un second degré sinistré ?
La situation de la carte scolaire 2018 est bien pire dans le second degré. Au niveau national, le second degré voit la création d’une centaine de postes (contre 4400 en 2017). Neuf académies métropolitaines et deux d’Outre-Mer gagnent quelques postes. Versailles en reçoit 206, Créteil 122, Bordeaux 114, Lyon 94, la Guyane 62, Mayotte 140 par exemple. Mais toutes les autres perdent des postes ou sont stables. Lille perd 136 postes, Amiens 91, Rouen 77 et Caen 87, Nancy 100, Reims 62, Dijon 71 et Paris 54. Les syndicats enseignants annoncent déjà une rentrée catastrophique et la FCPE manifeste sa vive inquiétude quand on connaît déjà les sureffectifs dans nombre de classes et les difficultés actuelles en termes de remplacement dans le second degré. La question qui se pose est celle de la logique qui conduit à un tel étranglement des moyens du secondaire par le ministère. Tout laisse à penser qu’on est en train de préparer les académies à des suppressions de postes importantes.
Les premiers « bruits de couloir » qui remontent de la mission Mathiot sur la réforme du baccalauréat semblent suggérer la perte d’un tiers des heures d’enseignement en lycée. La nouvelle carte scolaire 2018 préparerait donc le terrain des réductions de postes de 2019…
La réunion de la nouvelle commission thématique LYCEE du 30 janvier prochain sera l’occasion pour les adhérents et conseils locaux parisiens de la FCPE de faire le point sur la situation générale dans les lycées parisiens.