Cyberviolences, cyberharcèlement, cybersexisme : en parler pour dire non/stop !
Les chiffres sur la prévalence des cyberviolences varient selon les enquêtes mais ils montrent tous l’importance du phénomène. L’usage d’Internet est de plus en plus précoce et les élèves du primaire sont aussi concernés. Le 5 novembre 2020 se tient la 7e journée nationale “Non au harcèlement”. La FCPE Paris, mobilisée au quotidien sur ces questions, vous aide à faire le point sur le cyberharcèlement!
Le caractère massif des cyberviolences
À l’école primaire, une enquête de 2015 montre que les élèves français les plus jeunes (8-10 ans) sont plus nombreux que les collégiens à rapporter des cyberviolences répétées (14 % en primaire et 5 % en collège)7. Cela s’explique par un manque de compétences techniques pour bloquer ou signaler les expéditeurs et les contenus inappropriés mais aussi un manque de compétences sociales pour gérer les conflits. En effet, les élèves du primaire ont davantage tendance à rétorquer sur le même mode, ce qui contribue à l’escalade des violences.
Au collège, une étude scientifique de 2015 montre que 42 % des élèves ont été victimes de cyberviolences et que le cyberharcèlement touche 6 % des collégiens. Avec un protocole d’étude différent, l’enquête de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) menée en 2013 auprès d’élèves de collège fait également apparaître le caractère massif des cyberviolences : un collégien sur cinq y est confronté.
Au lycée, l’enquête de climat scolaire de 2015 conduite par la Depp auprès des élèves, montre que 8,6 % d’entre eux ont été injuriés ou moqués par téléphone portable, 7,5 % ont été injuriés ou moqués sur un réseau social et 4,1 % ont été victimes de photos diffusées sur Internet.
La cyberviolence, un phénomène multiforme
Les cyberviolences regroupent en particulier :
– les propos diffamatoires et discriminatoires ou à visée diffamatoire ou discriminatoire ;
– les propos humiliants, agressifs, injurieux ;
– la divulgation d’informations ou d’images personnelles (volées et/ou modifiées et/ou choquantes) ;
– la propagation de rumeurs ;
– les intimidations, insultes, moqueries, menaces ;
– les incitations à la haine ;
– l’usurpation d’identité, le piratage de compte…
Ces contenus sont envoyés, rendus publics ou partagés au moyen de formes électroniques de communication – applications, en particulier réseaux sociaux accessibles sur Internet, et/ou à partir de smartphones, tablettes, ordinateurs notamment. Les cyberviolences peuvent être le fait d’une ou de plusieurs personnes et viser un individu ou un groupe.
Si les cyberviolences ajoutent une dimension aux violences exercées dans d’autres cadres, elles possèdent des spécificités. En effet, les outils numériques comportent la possibilité d’une dissémination très rapide de l’information : un seul clic peut permettre d’atteindre un grand nombre de personnes. De plus, l’anonymat, facilité en ligne ou derrière un écran, favorise le sentiment d’impunité ou diminue la conscience des conséquences de ses actes ; il peut également rendre difficile l’identification de l’auteur.
Enfin, les cyberviolences n’ont pas de limite temporelle : elles peuvent s’exercer à toute heure du jour ou de la nuit et laissent des traces numériques (une photo publiée peut demeurer très longtemps sur Internet). L’auteur lui-même, une fois les agressions publiées sur la toile, ne peut maîtriser la diffusion des contenus.
Le cyberharcèlement
Le cyberharcèlement est la répétition intentionnelle d’une ou plusieurs formes de cyberviolence, dans la durée. Il peut être le fait d’une ou plusieurs personnes, à l’encontre d’une ou de plusieurs victimes qui ne peuvent facilement se défendre seules. On retrouve dans le cyberharcèlement les caractéristiques du harcèlement : déséquilibre des forces (la victime a une plus faible maîtrise des outils ou applications ou son réseau social est moins développé) et isolement de la victime.
Le cybersexisme
Les cyberviolences à caractère sexiste et sexuel se banalisent. D’après la première étude réalisée en France sur ce sujet par l’Observatoire universitaire international éducation et prévention (OUIEP-université Paris-Est) et coordonnée par le Centre Hubertine-Auclert auprès de 1 200 élèves de collège et lycée en île-de-France en 2016, les filles sont davantage exposées à des formes spécifiques de cyberviolences, à caractère sexiste et sexuel (cybersexisme).
Les faits de cybersexisme se caractérisent par une double invisibilité : parce qu’ils se situent dans la sphère numérique, qui échappe aux adultes, et parce qu’ils prennent racine dans le sexisme ordinaire, souvent banalisé ou minimisé.
Afin de sensibiliser, informer le jeune public sur cette nouvelle forme de violence, un kit « Stop Cybersexisme » est mis à disposition des établissements scolaires et autres structures en lien avec ce public.
Un spot a aussi été réalisé. Il s’appuie sur des faits réels issus de témoignages de l’étude. Visionnez-le avec vos ados !
La nécessité d’une alliance éducative
Le harcèlement et le cyberharcèlement sont souvent liés et affectent les mêmes victimes. Il est indispensable qu’une alliance éducative existe entre les familles, les partenaires et l’École pour que le cyberharcèlement puisse diminuer.
L’association e-Enfance, agréée et subventionnée par le ministère, propose des outils mais aussi des actions de sensibilisation pour les parents, les élèves et les équipes éducatives.
Avec des pages « Infos parents » utiles pour savoir comment activer le contrôle parental, comment mieux comprendre l’univers de ses jeux vidéo, quels sont les termes utilisés sur internet, et toute une série de conseils pour protéger ses enfants sur internet.
Sensibiliser, surtout les plus jeunes !
Parmi les combats de la FCPE Paris, la volonté de rappeler que la lutte contre le harcèlement ne peut pas être efficace sans des actions fortes de sensibilisation et de prévention dès le primaire.
A plusieurs reprises ces dernières années, la FCPE Paris est venue en soutien de conseils locaux d’écoles élémentaires saisis de situations de harcèlement pour les accompagner dans leur prope action de soutien des élèves et familles concernés.
La FCPE Paris invite ses élus au sein des conseils d’école à questionner les équipes éducatives (enseignants et animateurs) pour savoir quels types d’actions de prévention sont mises en place, sous quels formats, avec quelle collaboration. Il est aussi important que le temps du conseil d’école puisse être un temps de diagnostic collectif sur des situations précises qui impactent fortement le climat scolaire.
La FCPE Paris a fortement communiqué à la rentrée 2016, notamment lors de son 1er Forum des parents, sur les supports de communication et d’information utiles pour les plus jeunes élèves.
Sur la question de la cyberviolence et du cyberharcèlement, une vidéo de la série « Vinz et Lou » est à recommander pour expliquer que par écran interposé, on peut quand même blesser. Vinz et Lou stoppent la violence est une série de dessins animés destinés aux élèves du primaire pour les sensibiliser aux violences en milieu scolaire. Dans cette vidé-là, Paola est victime de moqueries. Un montage a été fait à partir d’une photographie d’elle et d’une image d’autruche. Personne ne sait qui est l’auteur de ce montage. Vinz propose donc de mener l’enquête pour mettre fin à ces moqueries.
Votre enfant est victime de cyberharcèlement ?
Comme toujours, il y a des signes qui doivent alerter. Si votre enfant ne parle pas de violences subies mais qu’il se replie sur lui-même, s’il a des réactions inhabituelles lorsqu’il consulte son téléphone portable par exemple, s’il semble isolé, s’il est nerveux, anxieux, fatigué, s’il rencontre des problèmes de sommeil ou des troubles du comportement alimentaire, il peut être victime de harcèlement ou de cyberharcèlement.
Les conséquences du harcèlement et du cyberharcèlement peuvent être graves (isolement, perte de l’estime de soi, baisse des résultats scolaires voire décrochage, profond mal-être). Aucun enfant, aucun adolescent ne doit subir cela, personne ne doit rester silencieux ! Tous les conseils utiles ici…
Pour aller plus loin…
Le Guide de prévention des cyberviolences en milieu scolaire
Le portail d’info #NONAUHARCELEMENT
En savoir plus sur la Journée nationale “Non au harcèlement” du jeudi 3 novembre 2016
Retrouver les actions de la FCPE pour sensibiliser contre le harcèlement