De toutes mes forces
« De toutes mes forces », le second long métrage de Chad Chenouga est sorti le 3 mai 2017, il raconte le parcours d’un jeune lycéen parisien placé en foyer et qui tente de s’en sortir. Une nouvelle chronique adolescente hantée par le deuil et le mal-être juvénile.
Nassim est en première dans un lycée parisien huppé et semble aussi insouciant que ses copains. Personne ne se doute qu’en réalité il vient de perdre sa mère qui s’est suicidée. Sa vie de lycéen insouciant a basculé. Sa proche famille ne pouvant pas le prendre chez elle, il rentre chaque soir dans un foyer. Malgré la bienveillance de la directrice, Madame Cousin, qui l’accueille dans son foyer de jeunes, Nassim est trop bouleversé par la mort de sa mère et ne veut pas s’intégrer au groupe. Tel un funambule, Nassim navigue et se cogne entre ses deux vies, qui ne doivent à aucun prix se rencontrer. Il triche, ment, s’enferme dans son chagrin, décroche au niveau des notes, fait le mur pour retrouver sa petite-amie à qui il tente de cacher la vérité.
Dans ce film dur, rythmé et authentique, la figure adolescente est plus sublimée que caricaturée. Une fois de plus au cinéma, elle est scrutée dans la difficulté à faire le deuil et l’oscillation des sentiments ressentis face à la perte pendant l’enfance : la douleur, la tristesse, la solitude mais aussi la culpabilité, l’incompréhension et la colère d’avoir été abandonné à son sort. On raconte un parcours initiatique, un moment dans la vie tourmentée d’un adolescent pas comme les autres.
Quant à Yolande Moreau qui joue la directrice du foyer de l’Aide Sociale à l’Enfance, sa présence bienveillante réconcilie presque par procuration tout le monde adulte avec la jeunesse.
Après « 17, rue Bleue » sorti en 2001, voilà un nouveau film fortement autobiographique où le réalisateur Chad Chenouga rend un hommage réussi au travail des éducateurs dans ces foyers. S’il se défend d’avoir voulu faire un film à dimension politique, le réalisateur souhaite pourtant interpeller le spectateur quant au « sentiment d’injustice que peuvent éprouver ces jeunes, stigmatisés avec la question des dossiers qui les suivent de foyer en foyer et les obsèdent ». Car si lui-même a eu la chance de pouvoir poursuivre ses études supérieures, il regrette que ce ne soit plus le cas de nos jours.
Finalement la jeunesse de ce film questionne notre monde souvent trop lissé : comment vivre avec la colère, avec l’amertume, avec le mensonge ? comment s’émanciper ?