Engagements citoyens des lycéens : le rapport 2018 du CNESCO
Le système scolaire français entend développer un ensemble d’instruments concourant à l’éducation à la citoyenneté. Une enquête nationale inédite publiée en septembre 2018 par le Conseil national d’évaluation du système scolaire (CNESCO) se propose de mieux connaître l’état des connaissances sur cet engagement protéiforme des lycéens.
Le Cnesco a réalisé une enquête nationale “École et citoyenneté” auprès de 16 000 élèves de 3e et de Terminale. Le premier volet de cette enquête, présenté en septembre 2018, porte sur les engagements citoyens des lycéens.
Que révèle cette enquête ?
L’enquête nationale inédite réalisée par le Cnesco montre que les lycéens développent de nouvelles formes d’engagement dans la vie de la cité. Alors qu’ils ont une confiance modérée dans les institutions et s’engagent peu dans la vie politique, ils se tournent vers des actions de bénévolat, à travers des associations humanitaires et environnementales. Ils plébiscitent également un engagement revendicatif ponctuel (pétitions, manifestations, boycotts). Face à ce constat, l’école n’a que peu évolué en s’ouvrant encore trop rarement aux projets citoyens et en valorisant peu le rôle de délégués. Ainsi, les élèves ont le sentiment que leurs représentants sont peu écoutés par l’institution. Certains profils demandent une attention particulière : des élèves totalement désengagés, des écarts entre filles et garçons, et une élite qui envisage un engagement limité à l’âge adulte.
Quelques chiffres clés
- 37 % des élèves de Terminale déclarent qu’ils ne se sentent pas capable de participer à la vie politique.
- 44 % des élèves de Terminale sont engagés bénévolement dans des associations humanitaires et/ou de défense de l’environnement.
- 49 % des élèves de Terminale pensent que l’on « ne tient pas compte de l’avis des élèves dans les conseils de classe ».
Et plus précisément…
La recherche internationale sur l’engagement des adultes met en avant l’importance de la création de bonnes habitudes d’engagement qui construisent et renforcent les sentiments d’efficacité politique interne et externe. L’enquête « École et citoyenneté » 2018 du Cnesco fournit un ensemble de données permettant d’analyser les éventuelles relations entre l’engagement d’un individu à son passage de l’adolescence à l’âge adulte.
L’enquête s’est tout d’abord intéressée aux attitudes civiques des lycéens, c’est-à-dire la confiance dans les institutions et leur sentiment d’être en capacité d’agir civiquement. L’enquête révèle qu’à l’exception d’un attachement à l’exercice traditionnel du vote, la confiance des lycéens dans les institutions, notamment le gouvernement, et la vie partisane est faible. Précisément, 87 % des lycéens n’ont pas ou ont peu confiance dans les partis politiques et 78 % dans le gouvernement. Par ailleurs, si la majorité d’entre eux affirment pouvoir comprendre les problèmes de la vie de la cité, leur sentiment d’être en capacité de participer à la vie publique est très faible. Seuls 37 % d’entre eux déclarent pouvoir aisément intervenir dans la vie politique. Ces attitudes mettent à distance les jeunes des formes traditionnelles d’engagement. A l’exception du vote, toujours largement plébiscité par les lycéens en particulier les élections présidentielles et législatives, l’enquête met en évidence que les lycéens s’éloignent des formes conventionnelles d’engagement dans la vie publique, notamment le militantisme politique et syndical.
Les élèves de terminale ne sont pas, pour autant, désintéressés par l’idée de s’engager dans la vie de la cité. L’engagement associatif se développe énormément auprès des jeunes de moins de 35 ans et l’enquête du Cnesco confirme cet engouement dès le lycée. En effet, près de la moitié des lycéens sont engagés bénévolement dans des associations humanitaires et/ou de défense de l’environnement (44 %).
Par ailleurs, les élèves souhaitent s’investir en tant que citoyens actifs une fois adultes. Ils se déclarent intéressés par toutes les formes d’engagement futur mais sont particulièrement attachés à l’idée de voter à des élections, notamment au niveau national (88 %) et local (80 %), et de faire du bénévolat (75 %). Ils plébiscitent également des formes d’engagement plus revendicatives (dites protestataires), à travers la signature de pétitions (71 %), la participation à des manifestations (62 %) ou encore le boycott de produits (58 %).
Si les élèves de terminale présentent de façon générale des formes d’engagement civiques positives, certaines populations scolaires doivent attirer notre attention : les lycéens, le plus souvent issus de milieux sociaux défavorisés, ne déclarant vouloir participer aucunement à la vie de la cité sous quelque forme que ce soit ; les filles encore en retrait par rapport aux garçons sur certaines modalités de participation et, contre intuitivement, l’élite des lycéens qui déclarent d’excellents résultats scolaires mais envisagent des investissement citoyens très limités à l’âge adulte.
Découvrir le rapport complet et en savoir plus sur cette enquête :
https://www.cnesco.fr/fr/engagements-citoyens/
Pour télécharger directement le rapport au format PDF :
http://www.cnesco.fr/wp-content/uploads/2018/09/Rapport_engagement.pdf
(Photo : CNESCO)