Il paraît que le climat scolaire s’améliore…
Lancée en 2011 par Eric Debarbieux, délégué ministériel à la lutte contre la violence scolaire, l’enquête de climat scolaire et de victimation est un vrai baromètre de l’état des collèges. En 2017, 21 600 élèves, issus de 360 collèges représentatifs, ont été interrogés et le ministère vient de présenter les résultats dans la Note d’information de la DEPP – N° 17.30 de décembre 2017.
En 2017, 94 % des collégiens déclarent se sentir bien dans leur établissement, contre 90 % en 2011. Plus positive pour les filles que pour les garçons, l’opinion des collégiens sur le climat scolaire devient légèrement moins favorable au fil de la scolarité. Alors que 94 % des élèves de sixième pensent que l’on apprend bien ou très bien dans leur collège, ils ne sont plus que 87 % parmi les élèves de troisième. De même, 23 % des élèves de sixième trouvent les punitions injustes contre 35 % des élèves de troisième. Pour ces derniers, les relations avec les enseignants se sont légèrement dégradées : 13 % trouvent qu’il y a beaucoup ou plutôt beaucoup d’agressivité entre eux et les enseignants (contre 10 % en sixième).
Globalement, 88% des élèves déclarent de bonnes relations avec les enseignants, soit 1% de plus qu’en 2013. 86% des élèves jugent les notes justes, en hausse de 2% depuis 2013. Les points noirs restent les punitions jugées justes que par 70% des élèves (+3%). Et encore la violence : 22% des collégiens jugent qu’il y a de la violence dans leur établissement. Chez certains élèves, ces problèmes peuvent provoquer de l’absentéisme. Ainsi, 6 % des collégiens ne se sont pas rendus au collège au moins une fois dans l’année car ils avaient peur de la violence. Plus globalement, le sentiment d’insécurité touche 10 % des élèves, soit 4 points de moins qu’en 2013.
Les insultes, les vols de fournitures scolaires, les surnoms désagréables et l’ostracisme sont les quatre atteintes les plus souvent citées. De façon globale, le nombre de collégiens déclarant un nombre d’atteintes pouvant s’apparenter à du harcèlement est en légère baisse par rapport aux autres années (5,6 %). Cette multivictimation concerne plus souvent les garçons et est plus fréquente pour les élèves de sixième.
Contrairement aux autres années, les élèves de REP+ ne déclarent pas davantage de multivictimations mais ont toujours une opinion moins favorable sur le climat scolaire. Plus précisément, 64 % de ces collégiens déclarent ne pas ressentir de violence dans leur établissement, soit près de 16 points de moins que les élèves des autres établissements. Par ailleurs, 80 % trouvent l’ambiance entre les élèves très bonne ou plutôt bonne, soit 5 points de moins que dans les autres établissements urbains. Les relations avec les enseignants sont moins souvent qualifiées de bonnes : 18 % des élèves pensent qu’il y a de l’agressivité dans ces relations contre 10 % pour l’ensemble des collégiens.
L’étude révèle un niveau de violence en REP+ équivalent aux autres établissements. De manière générale, les brimades sont tout aussi fréquentes dans les collèges de REP+. Les insultes le sont également, mais des différences sont observables dans les types d’injures proférées : les insultes par rapport à l’origine et la religion sont plus fréquentes en REP+ alors que les insultes sexistes sont au même niveau que dans les autres établissements. Mais les mises à l’écart et le voyeurisme sont moins courants.
Et la cyber-violence ? En 2017, 18 % des collégiens déclarent avoir subi au moins une atteinte via les réseaux sociaux ou par téléphone portable (usurpation d’identité, vidéos humiliantes ou diffusion de rumeurs). Ils sont aussi 11 % à déclarer avoir été insultés ou humiliés via ces nouvelles technologies. Pour 7 % des collégiens, le nombre d’atteintes déclaré peut s’apparenter à du « cyber-harcèlement ». Celui-ci est davantage subi par les filles (8 % contre 6 % pour les garçons) et les élèves de troisième.
Ces assez bons résultats confirment des enquêtes internationales. Selon l’enquête internationale HBSC (Health Behaviour in School-aged Children), menée tous les quatre ans dans 42 pays auprès de collégiens, le harcèlement a diminué en France de 15 % au collège entre 2010 et 2014. La baisse atteindrait même 33% en sixième. L’enquête Pisa 2015 relevait aussi une nette amélioration du bien-être chez les collégiens français.
Ces progrès résultent surtout d’une continuité en matière de politiques publiques éducatives. Il a fallu deux quinquennats pour lancer et commencer à sentir les effets de la lutte contre le harcèlement à l’école. Sous le quinquennat Sarkozy, on a commencé à accepter l‘idée qu’il fallait aborder de façon réaliste la lutte contre la violence scolaire : c’est le moment de l’entrée dans la lutte contre le harcèlement scolaire, sous l’impulsion d’Eric Debarbieux qui a pu prolonger son action après 2012. Sous le quinquennat Hollande, on a systématisé et déployé les opérations de sensibilisation, les supports d’information et les formations : c’est la phase de promotion de la lutte contre le harcèlement scolaire qui commence à porter ses fruits. Preuve s’il en fallait de l’importance des continuités en matière de politique éducative — à l’heure où le détricotage des mesures de la précédente majorité est plus que jamais d’actualité.
La vigilance s’impose toutefois pour l’avenir car, fin décembre 2017, il n’y avait toujours pas eu nomination d’un nouveau délégué ministériel à la lutte contre la violence scolaire, suite à la démission d’André Canvel le 8 novembre dernier, veille de la Journée de lutte contre le harcèlement…
L’amélioration du climat scolaire, la lutte contre le harcèlement et l’humiliation scolaires, la lutte contre le sentiment d’injustice scolaire sont des sujets portés depuis des années par la FCPE Paris dans toutes les instances, au cœur des actions, formations et mobilisations des adhérents parisiens. La bataille est loin d’être gagnée sur tous ces sujets, il faut donc continuer à témoigner, à dénoncer et surtout à proposer des actions communes à toute la communauté éducative, territoire par territoire, établissement par établissement.
Envie de témoigner d’actions locales qui ont permis d’améliorer le climat scolaire dans votre école, collège ou lycée ? Ecrivez-nous à fcpe75@fcpe75.org, nous publierons vos témoignages !