Intervention du CDPE 75 à Marseille
Texte intégral de l’intervention d’Isabelle Rocca pour le CDPE 75 au 70e Congrès FCPE de Marseille :
“Le CDPE Paris a le sentiment que le travail collectif porté par notre Fédération est reparti dans le bon sens, avec une meilleure lisibilité de nos actions et de nos intentions. Comme en témoigne une lecture attentive du RA de cette année.
Pour autant notre Fédération souffre encore de plusieurs maux, dont on parle à chaque congrès, à chaque JDP, sans vraiment avancer.
Aussi avons-nous identifié deux priorités.
La première priorité consiste à mieux associer tous les échelons de la FCPE à la construction de notre « doctrine militante », c’est-à-dire le message politique que l’on porte dans l’espace public et face aux pouvoirs publics.
Pour cela il faudrait :
- travailler à plus de transversalité entre les CDPE
- et développer une meilleure anticipation dans les phases de consultation des CDPE.
La FCPE Paris propose d’institutionnaliser des groupes de travail transversaux, thématiques (un peu sur le mode du réseau ASH), avec des représentants de chaque CDPE. Ils fonctionneraient tout au long de l’année, entre les congrès et les JDP, comme des « observatoires internes » et des « laboratoires d’idées » capables d’agréger les expertises du terrain remontées des CDPE, de façon à nourrir utilement le travail des chargés de mission et du CA national.
La FCPE Paris souhaite ensuite que la Fédération mette en œuvre des procédures de consultation thématique ponctuelles moins resserrées dans le temps, de façon à permettre aux CDPE de produire des contributions, mieux nourries, mieux construites et réellement participatives avec l’ensemble de leurs CLs.
Une seconde priorité consisterait à accepter que certaines évidences n’en sont pas ou plus, et à en tirer toutes les conclusions opérationnelles sur le terrain de notre militantisme.
L’école inclusive, la bienveillance scolaire, la mixité scolaire comme levier de réussite, l’orientation choisie, la pédagogie différenciée, l’équité entre les territoires… autant de présupposés qu’on voudrait afficher comme faisant consensus quand ce n’est pas pleinement le cas. Ni au Ministère, ni dans les écoles et établissements, ni même parfois dans nos CLs.
A l’approche des prochaines élections présidentielles et législatives, nous devons réarmer notre discours militant. Retisser le « fil rouge » de nos revendications portées par des valeurs non négociables. Et le défendre collectivement.
Avec la complexification des dossiers et la multiplication des interlocuteurs, beaucoup d’entre nous sommes amenés à nous spécialiser, voire quasiment à nous professionnaliser. Cela a pour conséquence de segmenter nos actions, voire de parcelliser nos visions, avec une perte de lisibilité, pour le grand public, sur le sens de notre militantisme commun.
Par ailleurs, si dans cette salle nous y croyons, pour la majorité des parents, il n’y a aucune évidence à rejoindre la FCPE pour mieux accompagner la scolarité de leurs enfants. Pas plus qu’il y en a à préférer la posture d’ « acteur dans l’école » à celle de « consommateur d’école ».
On surfe depuis des années sur notre position historique de « 1ère fédération de parents d’élèves » mais on fait aussi un peu d’entre-soi, sociologiquement parlant.
A la FCPE Paris, nous pensons que notre plus grand défi est de trouver les moyens de faire entrer de nouveaux parents dans nos “parcours” militants, tâche bien plus gratifiante que de s’évertuer à préserver quelques “carrières” militantes dont on sait la fragilité.
Nous sommes donc ravis de l’intention affichée par le CA national d’avancer dans cette voie, en direction principalement des parents les plus éloignés de l’école, ceux dont les enfants ont les parcours scolaires les plus cahotiques et le niveau de bien-être à l’école le plus faible.
Dans un contexte général difficile où l’on valorise plus les « parents usagers lambdas » que les fédérations structurées, la FCPE doit être le creuset de nouvelles solidarités entre parents promoteurs d’un idéal d’éducation populaire actualisé. Mais notre responsabilité, à nous CDPE, c’est de montrer la voie en actant, ici à Marseille, le fait qu’au sein de notre fédération la « convergence des luttes » est possible, pour reprendre une formule à la mode !”