La lutte des classes à Paris
Ce vendredi 15 Mars s’est tenu au Rectorat de Paris le conseil départemental de l’éducation national (CDEN) du premier degré traitant de la carte scolaire pour la rentrée 2024. La discussion ne s’annonçait pas sous les meilleures hospices, tant les annonces de fermetures l’année prochaine sont de nouveau massives dans le 1er degré comme le 2nd degré à Paris
Des centaines de classes fermées cette année encore — 125 postes supprimés dans le 1er degré et 128 postes dans le 2nd degré, autrement exprimé 143 classes en moins dans les écoles maternelles et primaires (180 fermetures pour seulement 37 ouvertures), et 70 classes en moins dans les collèges et lycées (105 classes fermées contre 35 classes ouvertes), des écoles et des collèges sur la sellette, menacés de fermetures dans de nombreux arrondissements, des lycées pros délaissés sans justification…
Alors que des milliers d’heures de cours non remplacées chaque année viennent amputer les années scolaires de nos enfants, les écoles parisiennes font face à un déficit criant de personnel, révélant ainsi les effets concrets et désastreux de ces coupes budgétaires sur nos établissements. Cette situation met en péril l’avenir éducatif de nos enfants à Paris.
Dans ses propos liminaires, la FCPE Paris a dénoncé cette politique comptable et a rappelé que l’école ce n’est pas une affaire de chiffres. L’école c’est «une affaire d’enfance et d’émancipation par l’accès aux savoirs».
Sa finalité première n’est, ni le tri, ni la création d’une élite, ni la rentabilité.
Propos liminaires de la FCPE Paris au CDEN du 15 Mars
Des dizaines d’écoles mobilisées partout dans Paris
Rassemblées dès 8h30 devant le rectorat à l’appel de la FCPE Paris et des organisations syndicales, de très nombreuses délégations de parents, enseignants et élus étaient présents pour défendre leurs écoles menacées de fermetures.
Alors que chacune d’entre elles étaient reçues par des inspecteurs de l’éducation national, quelques étages plus haut, les membres du CDEN siégeaient pour défendre pied à pied chaque école.
Malgré l’annonce d’entrée du Rectorat, annonçant une marge de 4 classes à “sauver”, rendant cet exercice pour le moins désespéré, les représentants de notre fédération auront défendu toutes les situations qui nous ont été remontées. Nous le devions à chacun de nos adhérents mobilisés depuis des semaines, et au-delà, à tous les parents et enseignants inquiets légitimement pour l’avenir de l’école publique à Paris.
Devant le nombre inédit et massif des fermetures, les erreurs parfois manifestes de chiffres, la non prise en compte des situations particulières, la séance s’est prolongée jusqu’au début de la nuit.
Dans de nombreux cas, la question aura toujours été la même : combien y aura-t-il d’élèves dans les classes à la rentrée ?
Dans des établissements, les annonces d’effectifs diffèrent souvent des décomptes faits par les parents et les directions, avec parfois jusqu’à 20 enfants de différence entre les deux.
Dans d’autres, la prise en compte des élèves bénéficiant de dispositifs varie, parfois inclus dans les effectifs, parfois non. Il serait nécessaire d’avoir des chiffres plus transparents, notamment sur la répartition des élèves des dispositifs par niveau dans les écoles.
Les chiffres, toujours les chiffres, sont utilisés pour justifier les fermetures, mais nous constatons un décalage entre les projections locales et celles de l’académie. Où est la réalité dans tout cela?
Prochain rendez-vous Vendredi 22 Mars pour terminer cette litanie de fermetures.
Le privé, grand absent des discussions
La FCPE Paris et la majorité des organisations présentes ont également regretté l’absence total de transparence concernant les chiffres du privé pour la rentrée 2024.
Sur les quelques 300 fermetures (tous niveaux) de postes à la rentrée 2024, seul 50 postes auraient été supprimés dans les écoles privées sous contrat. Clairement, l’école publique parisienne porte à elle seule la baisse de démographie. Á minima, nous demandons que le volume de fermeture se fasse au prorata de la représentativité, soit 30% pour le privé, soit 100 postes et non 50.
Et ces 50 postes, au regard des très nombreuses situations critiques déjà remontées dans de nombreuses écoles durant nos débats ne seraient pas de trop !
La FCPE Paris a donc déposé un vœu voté à l’unanimité demandant la transparence totale des chiffres du privé à Paris.
Voeu de la FCPE Paris au CDEN du 15 Mars demandant la transparence des chiffres du privé.