La semestrialisation est-elle une bonne idée ?

Depuis quelques temps, une question traverse les établissements scolaires du 1er et du 2nd degré : passer ou non à la semestrialisation ? Si le code de l’éducation prévoit en son article R421-51 que « Le conseil de classe (…) se réunit au moins trois fois par an (…). A titre dérogatoire, les lycées professionnels peuvent limiter à deux fois par an ce nombre”, est-ce vraiment un changement bénéfique pour l’évaluation et le suivi pédagogique des élèves ? Rien n’est moins sûr.
La semestrialisation, qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit de ne plus avoir trois trimestres scolaires dans l’année scolaire, mais deux semestres, le plus souvent de septembre à fin janvier puis de février à début juin. La conséquence directe est de n’avoir plus que deux conseils de classe par an au lieu de trois. Conscients que cela génère un moindre suivi des élèves, les établissements proposent néanmoins des réunions de mi-semestre qui peuvent prendre des formes très variées et non normées, puisqu’il s’agit d’expérimentations locales (vrais conseils, mini-conseils administration/professeurs ou réunions uniquement sur les cas difficiles par exemple).
Pourquoi passer à la semestrialisation ?
L’organisation habituelle en trimestre génère pour l’administration l’organisation de trois sessions de conseils de classe, ce qui est lourd quel que soit le niveau et complexe au lycée avec la réforme du baccalauréat et la multiplication des spécialités/options. Pour ceux-ci, il faut obtenir une moyenne dans chaque matière. Or, cela peut se révéler problématique pour les matières à faible volume horaire et entrainer une sorte « d’évaluationnite » au détriment des apprentissages. Le passage en semestre donnerait en théorie plus de temps aux professeurs pour construire leurs apprentissages et évaluer les connaissances acquises plus sereinement.
Pourquoi de nombreuses expérimentations échouent ?
Dans la pratique, le passage au semestre rallonge la première période d’un mois environ, ne donnant le temps dans ces matières qu’à la réalisation d’une seule évaluation supplémentaire en moyenne. La différence n’est donc pas notable. Si par contre de vrais conseils de mi-semestre sont tenus, les professeurs se retrouvent avec 4 séries de notes à fournir, renforçant de même coup l’évaluationnite. Dans les cas où il n’y avait pas de conseils de semi-trimestre, il a été souvent noté que le suivi des élèves notamment en difficulté était beaucoup plus haché avec une première instance formalisée au milieu de l’année scolaire. De plus, ce suivi se retrouve décorrélé des calendriers nationaux dans les classes d’orientation (3ème et terminale). Par exemple dans cette dernière, les notes pour Parcoursup doivent être fournies au printemps soit à l’issue d’un seul semestre au lieu de 2 trimestres. Enfin, cette méthode génère un mécontentement de nombreux professeurs qui craignent qu’elle soit une transition vers l’annualisation de leurs heures comme cela existe dans le supérieur, et que cela génère des horaires déséquilibrés tout au long de l’année et des contraintes de service difficiles à assumer.
Quelle solution alors ?
Certains établissements, après avoir testé la semestrialisation et en avoir été déçus, reviennent à une organisation en trimestre, mais inégaux (la durée de ceux-ci n’est pas régie par le code de l’éducation). Ainsi, ils finissent le premier trimestre mi-octobre (aux vacances d’automne) avec des moyennes constituées de notes de participation, d’implication et travail personnel. Puis un deuxième trimestre jusqu’à fin janvier (durée initiale du premier semestre) et un troisième jusqu’à la fin de l’année. De cette façon, il n’y a plus cette course à l’évaluation forcée et le suivi des élèves se trouve renforcé. Peut-être une bonne idée à suivre ?