Le CDEN demande plus de moyens pour la rentrée 2018 dans les écoles parisiennes
Mardi 13 février, le Conseil départemental de l’Education nationale (CDEN) consacré au premier degré s’est tenu à Paris. Les mesures de carte scolaire présentées par l’Académie de Paris pour la rentrée 2018 ont été débattues et finalement rejetées par la majorité des syndicats enseignants et la FCPE. A l’issue du CDEN, la mobilisation de la communauté éducative reste intacte et signe un vrai ras-le-bol vis-à-vis de la cécité persistante du ministère de l’Education nationale autour d’exigences pourtant minimales afin de maintenir la qualité du service public d’éducation parisien.
Pour la rentrée 2018, avec une enveloppe de seulement 107 postes premier degré donnée par le Ministère, l’Académie de Paris doit répondre à plusieurs défis simultanés : mettre en place le dédoublement des CP en REP et des CE1 en REP+, améliorer les conditions d’apprentissage dans les autres écoles et dans les autres niveaux des écoles élémentaires en REP et REP+, mais aussi répondre aux besoins en termes de remplacement, de formation, de postes ASH, PDM, RASED et de scolarisation des élèves allophones.
Dans sa déclaration liminaire, si la FCPE a salué la vraie qualité du dialogue avec la direction académique depuis deux ans sur l’ensemble des dossiers, elle a vivement dénoncé l’insuffisance de l’enveloppe accordée pour 2018 à Paris malgré la baisse tendancielle des effectifs dans le premier degré. Elle a regretté que la polarisation des moyens sur les CP et CE1 de l’éducation prioritaire (le seul dédoublement de ces deux niveaux nécessite déjà 133 emplois) n’autorise pas à l’Académie de produire une « bonne copie » de carte scolaire qui permettrait de consacrer suffisamment ou plus de moyens pour baisser les effectifs hors éducation prioritaire, de limiter les fermetures « d’ajustement », de maintenir l’ensemble des postes PDM (plus de maîtres que de classes) (à ce jour seulement 27 des 37 postes sont maintenus), de reconstituer les RASED sur tous les arrondissements, d’abonder la brigade de remplacement à hauteur des vrais besoins, et d’implanter plus de dispositifs pour les élèves à besoins éducatifs particuliers.
Durant les débats, la FCPE Paris a présenté la situation de toutes les écoles pour lesquelles ses conseils locaux avaient remonté des alertes et se sont mobilisés sur le terrain. Au-delà même des écoles où elle est présente, la FCPE a argumenté en faveur de non fermetures ou d’ouvertures quand la situation locale et les chiffres disponibles le justifiaient.
Malgré les demandes argumentées de la FCPE, rejoingnant celles des syndicats enseignants et de plusieurs élus du Conseil de Paris, la direction de l’Académie n’est revenue en fin de CDEN que sur huit mesures initialement proposées. Les ajustements proposés ont été les suivants : la création d’un poste à l’école polyvalente Pajol dans le cadre du dédoublement des CP (18e) ; l’abandon des fermetures dans les écoles maternelles Présentation (11e), Jean Dolent (14e), Tourtille (20e), Pali-Kao (20e), dans l’école polyvalente Sibelle (14e) et dans les écoles élémentaires Villette (19e) et Fessart (19e).
Pour rappel, à l’issue du CTA du 8 février, le DASEN n’était déjà revenu que sur trois situations : les fermetures à l’école élémentaire 18 Surène (8e) et à l’école élémentaire 8 Cité Voltaire (11e) ; le maintien du PDM à l’école élémentaire 4 Foncin B ; et l’implantation d’un troisième emploi au titre du dédoublement des CP (20e).
Comme l’an dernier, un groupe de travail aura lieu en juin pour réexaminer les situations de certaines écoles (7 ont été identifiées comme des vrais points de vigilance) et envisager d’autres mesures d’ouvertures et de fermetures de classe. La FCPE Paris sera d’ici là mobilisée aux côtés de ses conseils locaux et des parents d’élèves parisiens pour obtenir avant l’été toutes les mesures indispensables à la mise en place de bonnes conditions d’apprentissage et d’enseignement pour la rentrée scolaire 2018. Le problème est qu’à ce jour l’académie n’a plus de poste en réserve pour annuler des fermetures ou décider des ouvertures de classes. Ce qui veut dire que toute nouvelle mesure devrait donc être « compensée » par une fermeture de classe ou la suppression d’un poste de remplacement, ce qui est inacceptable pour la FCPE.
L’enveloppe ministérielle insuffisante accordée pour le premier degré parisien a conduit la direction académique à proposer une carte scolaire 2018 basée sur la seule logique du redéploiement, ce que continuera de dénoncer la FCPE et qui l’a conduit à voter contre les mesures proposées.
A l’issue des débats, le CDEN a rejeté par 11 voix contre 6 (et une abstention) les mesures de carte scolaire présentées. Si ce vote n’est que consultatif, il devrait pourtant alerter le ministère sur la détermination de la communauté éducative à obtenir les moyens nécessaires pour le premier degré parisien.
Lors de ce CDEN consacré au premier degré, la FCPE Paris a également porté à l’attention du Recteur et de la Ville plusieurs autres points. Comment vont se décliner à Paris les Assises de la maternelle annoncées par le ministre au niveau national ? A la suite des annonces réalisées à l’automne pour le second degré, quels sont concrètement les dispositifs mis en place pour lutter dans le premier degré contre les effets scolaires de la grande pauvreté ? La FCPE a de nouveau alerté sur le manque d’AVS auprès de très nombreux enfants ainsi que sur les insuffisances de la médecine scolaire sur de nombreux territoires. Concernant la scolarisation des enfants de moins de trois ans, pour laquelle l’Académie de Paris demeure très en-deçà des références nationales, la FCPE a demandé la mise en place sans attendre d’un groupe de travail académique élargi visant à progresser plus vite sur ce dossier.
La FCPE a également demandé un point d’information précis sur l’évolution de la scolarisation dans l’enseignement privé hors contrat et de la scolarisation à domicile, dont il semble qu’elles prennent de nouveaux visages sur le territoire parisien.