Le “politiquement correct” contre l’éducation
Le 14 octobre dernier, la FCPE Paris était saisie par un de ses conseils locaux concernant le retrait et rappel par les CASPE de deux ouvrages livrés à la rentrée dans les bibliothèques des écoles au motif qu’ils comporteraient « des vignettes qui peuvent choquer de jeunes enfants ou leurs parents ». Elle a immédiatement interpellé la Ville pour connaître la position et les motifs retenus par la DASCO sur ce dossier et le retrait de ces ouvrages.
Les ouvrages concernés sont le “Dictionnaire fou du corps” de Katy Couprie aux éditions Thierry Magnier (2012) et la BD “Beta…civilisations. T1″ de Jens Harder aux éditions ACTES SUD – L’an 2 (2014).
Dans son alerte, la FCPE Paris a tenu à rappeler que “la FCPE reste fortement attachée à l’idée que les espaces lectures des écoles parisiennes soient des berceaux de culture et de lectures plurielles, à partir d’ouvrages de qualité, ouvrant sur la connaissance scientifique et l’altérité, également susceptibles de stimuler l’imagination créatrice des enfants”.
La réponse immédiate de la Ville à la FCPE le 14 octobre dernier est identique à celle fournie par Alexandra Cordebard (adjointe aux affaires scolaires auprès d’Anne Hidalgo) en CDEN le 19 octobre dernier suite à l’interpellation cette fois des syndicats enseignants : il n’y a aucune censure de la Ville, uniquement une erreur de profilage ; ces deux ouvrages de très grande qualité correspondent plus à un public de collège et seront donc mis à disposition des jeunes parisiens dans les bibliothèques municipales voire dans les collèges ; la communication sur le redéploiement et non le retrait de ces livres a pu être maladroite.
La FCPE a questionné la Ville pour savoir si celle-ci avait reçu des demandes de parents ou de personnels éducatifs afin ces ouvrages soient retirés des espaces lectures des écoles primaires parisiennes. Il lui a été répondu que non. La FCPE a fait part de son “profond regret face à une décision qui pourra être interprétée comme du politiquement correct”.
D’ailleurs, la polémique ne semble pas prête de s’éteindre si l’on en croit la très populaire chronique de François Morel de ce vendredi 28 octobre “Ces livres abominables” sur France Inter et la tribune publiée le même jour par le directeur du pôle jeunesse de Actes-Sud Thierry Magnier “Ne laissons pas une minorité censurer nos livres pour enfants” sur le site internet de l’Obs.
En savoir plus sur ces ouvrages ? Envie de les faire lire à vos enfants, de jugeR par vous-même ?
Beta…civilisations. T1 de Jens Harder aux éditions ACTES SUD – L’an 2 (2014)
“Cinq ans après la parution d’alpha… directions (primé au festival d’Angoulême), Jens Harder reprend le fil de son grand oeuvre et livre les 368 pages très attendues de beta… civilisations (première partie). Alpha résumait quatorze milliards d’années de vie sur la Terre, depuis le Big Bang jusqu’à l’apparition des premiers hommes ; beta prend la suite, s’intéresse à l’évolution des hominidés sur quatre millions d’années et zoome sur 30 000 ans d’histoire des civilisations humaines, jusqu’au début de l’ère chrétienne. La matière est si riche qu’il faudra deux volumes pour en venir à bout. Dans cette première partie, Jens Harder aborde des sujets tels que le développement des primates, l’invention du feu, l’apparition du langage, la sédentarisation, l’architecture, l’élevage, le développement des cités, l’émergence et le déploiement des différentes formes d’art. Fidèle à sa méthode, il organise un kaléidoscope d’images empruntées aux sources les plus diverses (peintures rupestres, tableaux anciens, illustrations, vignettes de BD, cartes, diagrammes, photographies, images de films, animations informatiques, etc.) et les combine pour produire un flux séquentiel de plus de 2000 dessins. Le sens, inépuisable, naît des rapprochements inattendus entre ces visions hétéroclites qui bâtissent la somme des rêves, des idées et des représentations nées de l’aventure humaine.
Le volume 2 de beta, prévu pour 2020 au plus tard, se concentrera sur l’histoire des deux derniers millénaires”.
Dictionnaire fou du corps de Katy Couprie aux éditions Thierry Magnier (2012)
“Ce dictionnaire enjoué et tout en couleurs s’intéresse de près au corps humain, le nôtre. Qu’on soit petit, moyen ou grand, il propose de soigner sa curiosité sans jamais la guérir en en tutoyant ses mots. Le regard malicieux et le sourire en coin, on y fera connaissance à sa guise, par le menu de A à Z, en sautant du cou à l’âme ou encore simplement en regardant les images. Émerveillée par son objet, l’auteur souhaite dans cet ouvrage offrir à l’interprétation de chacun le territoire extraordinaire du corps avec un oeil nouveau. Comme aux premières heures du livre où artistes et scientifiques oeuvraient main dans la main pour la médecine, la parole de l’anatomiste vient ici ajouter à certaines définitions pour partager question et fascination du corps. Le Dictionnaire fou du corps n’est pour l’heure disponible qu’en langue française, une version en xârâcùù est actuellement en préparation. Outre un très grand nombre de mots que l’on aimerait croiser plus souvent et dont le choix a été fait librement par l’auteur sous l’oeil bienveillant de son éditeur, on y trouve quelques mots nouveaux qui font ici leur entrée officielle dans le dictionnaire. Ouvrage facétieux, il recourt régulièrement à la fausse citation, mais ne vous trompe pas. S’il convoque les différents registres de la langue, jusqu’au langage familier, le vocabulaire argotique en est totalement exclu. Que les parents soient sur-le-champ rassurés, aucun gros mot ne s’y trouve. Ils peuvent donc sans crainte laisser cet ouvrage entre toutes les mains.
Comme d’illustres prédécesseurs avant lui, le Dictionnaire fou du corps mise gros sur l’illustration, sachant par ailleurs que les images du corps ont toujours fait recette.
Ce dictionnaire sans prétention ni exhaustivité souhaite tout d’abord partager le très vif intérêt pour son sujet et l’étonnement qui l’accompagne. Il espère simplement être digne de ce nom en conviant ses lecteurs à une visite tant savante que ludique à l’intérieur du corps, tout en donnant matière à rêver à travers lui, entre les lignes, sous la peau des images, au fil des pages et à la pliure.
Bonne lecture & bon voyage !”