L’école où les filles brillent
Depuis 1992 et les recherches de Christian Baudelot et Roger Establet, on sait que les filles réussissent mieux que les garçons à l’école. Deux nouvelles études parues récemment confirment cette tendance.
La différence commence à s’installer dès l’école élémentaire…
Ainsi, à l’entrée en 6ème : ainsi 87% des filles ont une bonne maitrise du français contre 79% des garçons. Et elles sont 94% à réussir le brevet contre 87% des garçons. L’écart se creuse avec les années puisqu’en 2019, 67% des filles et seulement 52% des garçons ont obtenu le baccalauréat général ou technologique. Et côté spécialités, elles ne se cantonnent plus aux langues mais réussissent maintenant dans les sciences : elles sont 42% en maths, 48% en physique et 63% en svt. Seules NSI et sciences de l’ingénieur restent dominés par les garçons.
Et cela continue dans les études supérieures
Bien évidemment, les beaux résultats des filles se poursuivent dans l’enseignement supérieur. Elles représentent ainsi 68% des effectifs en droit, 65% en médecine et 75% à l’école de la magistrature où l’on réfléchit à mettre en place des quotas en faveur des hommes. Elles ne restent minoritaires qu’en école d’ingénieur et à l’ENA alors même qu’elles sont 70% dans les instituts d’études politiques qui y préparent.
Or ces deux dernières filières sont celles qui conduisent le plus directement aux postes de direction. Ce dernier bastion serait dû à des « stéréotypes de genre ». Inconsciemment, les filles adapteraient des comportements de docilité, d’écoute qui leurs permettraient de réussir pleinement dans les voies qui nécessitent beaucoup de discipline et de connaissances mais fuiraient celles où règnent la compétition et l’ambition, et ce d’autant plus qu’elles sont issues d’un milieu peu favorisé.
Un besoin urgent d’éducation aux stéréotypes ?
Ces autolimitations peuvent découler de situations vécues en classe. Ainsi des recherches menées en 2006 ont montré que le temps de parole en cours était réparti à 56% pour les garçons et 44% pour les filles, que les garçons faisaient des exposés plus longs et étaient moins souvent interrompus. Enfin, il apparait que les enseignants donneraient davantage la parole aux filles pour la restitution de connaissances alors qu’ils favoriseraient les garçons pour proposer des solutions innovantes. Les professeurs sont généralement inconscients de cette différence de traitement. Et dans le cas échéant, il leur est difficile de s’y opposer car les garçons réclament la parole de manière plus virulente.
La FCPE demande que les professeurs soient sensibilisés en masse à cette problématique et que des sessions d’éducation aux stéréotypes aient lieu à tous les niveaux pour enfin casser cette dynamique d’autolimitation féminine.