L’enseignement en Hybride Synchrone, une bonne idée mais qui mérite un véritable plan de mise en oeuvre
Avec le passage en 50/50 destiné à réduire le brassage des élèves, certains lycées, en collaboration avec la DANE de Paris (délégation académique au numérique éducatif), ont développé un système d’enseignement hybride synchrone, le HySy, où l’enseignant fait cours simultanément à ses élèves présents et à ceux qui sont chez eux. Les élèves restés à la maison ne sont donc pas inactifs, le danger du 50/50 étant 50% des élèves qui étudient et 50% des élèves qui n’ont rien à faire.
Mais bien que séduisante, cette solution nécessite des moyens techniques importants et se heurte à de nombreuses contraintes technologiques. Elle modifie également les pratiques d’enseignement.
Avec le système de classe en hybride synchrone, l’enseignant est équipé d’un micro sans fil, son cours est projeté dans la classe par un vidéo projecteur interactif et est retransmis aux élèves en distanciel via l’application Web Conférence de l’ENT. Il peut partager des documents, sur l’écran de la classe et sur l’application, faire participer les élèves présents et prendre les questions des élèves distants via le tchat.
Dans les lycées qui mettent en œuvre ce dispositif, l’HySy ne concerne que 20 à 50% des heures d’enseignement. Les demi-groupes d’élèves qui sont en distanciel ne peuvent raisonnablement pas rester 6 à 8 heures par jour devant un ordinateur.
Des avantages indéniables
Les avantages sont bien sur nombreux. L’enseignant n’a pas à dédoubler ses cours, il peut interagir avec tous les élèves de la classe, présents et distants, et tous peuvent bénéficier des mêmes enseignements et donc d’une progression commune. La gestion des emplois du temps et des dédoublements de groupes est simplifiée.
C’est une solution qui pourrait également être adaptée à l’enseignement à distance pour les élèves éloignés de la classe pour raisons de santé, en cas de séjour à l’hôpital par exemple.
Les remontées d’expérience montrent que les élèves adhèrent au dispositif et semblent à l’aise. Ils sont contents de se retrouver en « groupe classe », même si une partie d’entre eux est à distance.
Une nécessité de préparation et de moyens !
Mais ce système se heurte à des impératifs techniques et nécessite un véritable plan de mise en œuvre.
Il est avant tout indispensable de recenser les équipements informatiques des établissements, mais également de vérifier la qualité de leur réseau. En effet, des visios simultanées, dans le cas de plusieurs classes en HySY, induisent un trafic fort et une surcharge potentielle du réseau. Il faut prévoir la maintenance des machines, et que les établissements disposent de matériel de rechange (micros, ordinateurs…).
L’équipement des élèves et de leur famille doit aussi être pris en compte, avant de leur imposer ce dispositif. Vérifier le type de réseau et de débit (ADSL ou fibre), et donc la qualité de la liaison internet dans chaque famille, est indispensable.
Il faut s’assurer que l’élève est correctement équipé : a-t-il son propre ordinateur, avec une caméra (les PC n’en n’ont pas toujours), un casque ou des haut-parleurs ? S’il a une tablette, qui n’est pas idéale pour l’HySy, il faudra prévoir l’achat d’un clavier externe pour le tchat, ce qui occasionne un surcout pour les familles.
Les conditions de travail de l’élève sont également à vérifier : peut-il s’isoler dans sa chambre ou partage-t-il son espace, quel est le nombre potentiel de connexions simultanées dans la famille (parents en télétravail, frère ou sœur connectés…)
De plus, tous les élèves (et les familles) d’une même classe devraient être équipés de la même façon, afin que ce ne soit pas toujours les mêmes élèves qui restent en distanciel (ceux qui seraient parfaitement équipés).
Une pédagogie à repenser
Ce dispositif suppose par ailleurs que les enseignants maitrisent parfaitement les outils techniques, mais aussi qu’ils « scénarisent » leur cours, afin d’éviter de perdre l’attention des élèves distants, et d’impliquer les élèves présents. Ils doivent donc adapter leur pédagogie, être attentifs à ce que les interventions des élèves distants soient bien prises en compte, vérifier les prises de notes et que les exercices demandés soient bien effectués. Le temps de préparation incompressible avant chaque cours, sans compter les éventuelles pannes ou autres problèmes techniques ou de connexion, entraîne nécessairement une réduction de la durée effective du cours.
Le document de la DANE de Paris ne semble pas prendre en compte tous ces facteurs, qui sont pourtant essentiels à la bonne réussite du projet. La FCPE Paris pense qu’il est primordial que les établissements soient dotés de moyens techniques adéquats, que les familles soient consultées et averties, et que les enseignants bénéficient d’une formation complète.