Lycées parisiens : la Région veut lancer le chantier des rénovations et de la maintenance au quotidien

La Région Île-de-France a présenté un plan d’urgence pour les lycées franciliens. Entre 2017 et 2027, 5 milliards d’euros seront destinés au Plan pluriannuel d’investissement (PPI) et au Plan de maintenance des lycées (PML). Aucun nouvel établissement ne sera ouvert à Paris. Quatre internats devraient voir le jour et 21 chantiers de rénovation menés dans la capitale. Le Conseil économique et social régional Île-de-France (Ceser) a émis un avis favorable sur ce projet suite à un vote marqué par une très forte abstention. La Région doit encore faire des efforts pour convaincre.
Cinq milliards d’euros, pas moins ! C’est le montant que Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France, entend destiné au Plan d’urgence pour les lycées franciliens. Cette somme devrait être dépensée entre 2017 et 2027 et servira à hauteur de 4 milliards d’euros dans le cadre du Plan pluriannuel d’investissement (PPI) qui portera sur 269 chantiers. Le milliard restant financera le Plan de maintenance des lycées (PML). Valérie Pécresse et Agnès Evren, vice-présidente de la Région Île-de-France chargée de l’Education et de la Culture, ont présenté ces deux plans le 23 février 2017. Ces projets, pour la réalisation desquels aucun calendrier n’est pour l’heure avancé, seront soumis au vote du Conseil régional, qui aura lieu les 9 et 10 mars 2017.
Le Plan pluriannuel d’investissement (PPI) et le Plan de maintenance des lycées (PML) ont été présentés dans les grandes lignes. Ces deux plans s’articulent autour de cinq principes : garantir des investissements d’ampleur et garantir une couverture des besoins quotidiens de 100% des lycées ; accélérer la création de places pour préparer l’avenir des Franciliens ; investir massivement en faveur des rénovations (notamment les rénovations globales les plus urgentes) pour garantir des lycées de qualité ; diviser par deux les délais de construction ; réduire les fractures territoriale et sociale avec un programme équilibré.
Aucun nouveau lycée à Paris
Valérie Pécresse n’a pas manqué de critiquer fortement le précédent exécutif régional. La présidente de région a ainsi insisté à plusieurs reprises sur le manque d’anticipation dont l’ancienne majorité avait fait preuve, selon elle, en matière de progression démographique dans les lycées franciliens. Mais l’accueil des jeunes sera facilité par la reconstruction de trois lycées et la construction de 12 établissements – aucun à Paris –, par la création de 32 internats – dont quatre dans la capitale – et 23 opérations d’extensions – notre académie n’est pas concernée… Trois lycées internationaux verront le jour et six de ces établissements existants feront l’objet de rénovations ou d’extension.
Par ailleurs, la majorité précédente ne s’est à aucun moment, selon Valérie Pécresse et Agnès Evren, souciée de l’état de vétusté des lycées d’Île-de-France. Pour preuve, seuls 50 millions d’euros sur 2 milliards ont été dépensés dans le cadre du PPI 2012-2016 pour 189 opérations et la construction d’un lycée. Le PPI 2017-2027 prévoit, lui, 269 opérations, dans la Grande Couronne essentiellement.
Les opérations actuellement en attente et jugées prioritaires vont être accélérées et seront menées à leur terme – la FCPE Paris n’en attend pas moins. Ces chantiers concernent, sur l’ensemble de la région, 43 rénovations globales, 91 opérations ciblées (cantines, gymnases, laboratoires…), 59 rénovations de toits et de façades. Par ailleurs, 80 millions d’euros devraient rapidement être destinés à des équipements sportifs.
La présidente de la Région a aussi pointé du doigt les délais de construction d’un lycée, trop longs (huit ans). Elle a annoncé qu’elle allait, elle, se donner les moyens de les réduire, mais elle n’a pas détaillé les moyens qu’elle se donnera pour y parvenir ! Sauf lorsqu’elle a évoqué le recours à des partenariats public-privé (PPP) et son refus de voir les projets de la Région retardés par « des technocrates tatillons ». A bon entendeur…
Quatre nouveaux internats et 21 rénovations
Entre 2017 et 2027 et hors maintenance quotidienne, 26 opérations inscrites au Plan pluriannuel d’investissement (PPI) pour Paris devraient concerner 25 établissements. Quatre projets portent sur la création d’internats : deux dans des lycées d’ores et déjà identifiés (Honoré-de-Balzac dans le 17e et Pierre-Gilles-de-Gennes dans le 13e), deux autres sont annoncés mais nul ne peut encore dire où dans la capitale.
Les autres interventions porteront sur des rénovations (rénovations globales, cantines, toits-façades, équipements sportifs…). Au cours des dix années à venir, seront concernés les lycées Galilée (13e), Honoré-de-Balzac (17e), Jacques-Decour (9e), Rabelais (18e), Corvisart (13e), François-Villon (14e), Edgard-Quinet (9e), Hélène-Boucher (20e), Lazare-Ponticelli (13e), Paul-Valéry (12e), Racine (8e), Nicolas-Louis-Vauquelin (13e), Chaptal (8e), Henri IV (5e), Jean-Baptiste-Say (16e), Saint-Louis (6e), Janson-de-Sailly (16e), Victor-Hugo (3e), Bergson (19e), Maurice-Ravel (20e) et Arago (12e). Quand démarreront les travaux ? Dans quel ordre et à quel rythme seront-ils réalisés ? La Région a présenté les opérations dans cet ordre. Interrogée pour savoir à quoi il correspond – urgence, nature des travaux, montant estimé des dépenses… – le Conseil régional n’a pas répondu à la FCPE Paris.
La maintenance au quotidien… Vraiment ?
La grande nouveauté concerne les besoins quotidiens des lycées en termes de maintenance. Dorénavant, et grâce au Plan de maintenance des lycées (PML) doté de 1 milliard d’euros, les besoins quotidiens de maintenance des lycées de la région seront couverts. Oui, tous les besoins quotidiens, et entre 2017 et 2027. Un audit réalisé auprès de chacun des lycées d’Île-de-France a permis d’établir pour chacun d’entre eux « une carte d’identité et un carnet de santé ». La Région sait maintenant depuis quand un lycée existe et dans quel état il se trouve… Le PML permettra « de répondre aux besoins de maintenance quotidienne grâce à la réorganisation des services [de la Région], notamment avec la création d’une Direction des opérations spécifiquement dédiée à la maintenance ». Reste que ni la présidente ni la vice-présidente n’ont indiqué si cette nouvelle organisation et l’impératif de répondre aux besoins quotidiens seront accompagnés par des créations d’emplois. Espérons que la « réponse aux besoin de maintenance » ne se limitera pas à accuser réception des messages informant d’un problème ou d’une difficulté, les parents d’élèves connaissent trop bien ce type de situation.
Un gros chantier de communication
Comme la FCPE Paris l’a constaté, le Plan pluriannuel d’investissement et le Plan de maintenance des lycées, richement dotés certes, laissent un grand nombre de questions sans réponse. Pour convaincre, la Région devra préciser ses engagements sur les priorités, les délais de réalisation et le rythme des travaux au cours des dix années à venir. La Région devra surtout mener les opérations en privilégiant le dialogue et la communication dans la transparence.
Les parents d’élèves ne sont pas les seuls à être dubitatifs. Le 23 février 2017, le Conseil économique, social et environnemental régional Île-de-France (Ceser) n’a pas été tendre avec le Plan pluriannuel d’investissement (PPI). Dans l’avis émis, le Ceser pointe que si « la saisine du Ceser est obligatoire préalablement à l’adoption, par le Conseil régional, d’une modification du Programme prévisionnel d’investissement, encore faudrait-il qu’il dispose des documents permettant cet examen ». Le Ceser ne s’oppose à aucune des actions prévues dans le PPI 2017-2027, mais il précise qu’il sera « attentif à la programmation et à la réalisation des grandes orientations du PPI telles qu’arrêtées par le Conseil régional, notamment dans le cadre de sa mission d’évaluation des politiques publiques ». Le PPI a été adopté sans gloire par le Ceser. Le scrutin s’est soldé par 107 suffrages exprimés : 34 pour, 2 contre, 65 abstentions et 6 refus de participer au vote.
Le 6 mars, le PPI n’a pas été adopté par le Conseil Inter-Académique de l’Education Nationale (CIAEN) Ile de France (vote consultatif). Lire la déclaration liminaire de la FCPE IDF lors de ce CIAEN...
Prochaine étape : le passage en Conseil régional, les 9 et 10 mars 2017 au sein duquel Valérie Pécresse dispose d’une majorité absolue (120 sièges sur 209).