Non, les élèves ne réussissent pas mieux dans les écoles privées !

Combien de fois devons-nous, nous parents d’élèves défenseurs de l’école publique, répéter cette phrase chaque année ?
Car c’est souvent à cette époque de l’année que les parents commencent à se questionner sur leur choix. Une étude importante publiée il y a trois ans par des chercheurs du CNRS et de Sciences Po, parue dans le numéro 95 de la revue Education et Formations, intitulée « Qui choisit l’école privée, et pour quels résultats scolaires ? » nous donnait déjà des arguments factuels.
Etat des lieux
En France, l’enseignement privé scolarise 1 élève sur 7 dans le premier degré et 1 élève sur 5 dans le second degré avec de fortes inégalités territoriales (par exemple en Vendée où 50% des élèves vont dans le privé / à Paris : 1er degré = 22,8% dans le privé sous contrat / 77,2% dans le public – 2nd Degré : 34,7% Privé / 65,3% Public – Source : Académie de Paris 22 décembre 2020). Cette part situe la France parmi les pays européens dans lesquels l’enseignement privé est le plus présent.
96% des élèves du privé sont scolarisés au sein d’établissements sous contrat, ils bénéficient des mêmes programmes et des mêmes volumes horaires que ceux du public. 75% des budgets des établissements privés proviennent de financements publics, notamment pour couvrir les frais de personnels, dont 90% seulement sont titulaires de leur poste contre 99% dans le public.
Enfin, le milieu social des élèves est globalement plus élevé dans le privé avec 36% des élèves de CP issus d’un milieu social très favorisé contre 17% pour le public.
Comparaison des résultats de CP et de CE2
L’étude cite les travaux de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance : « les élèves qui choisissent le privé se distinguent en général par un contexte familial plus favorable à la réussite scolaire, qui se décline suivant plusieurs critères : les parents y sont de milieux sociaux plus aisés, plus diplômés et aussi, leur implication dans la scolarité des enfants est plus forte ».
On s’attendrait donc à ce que les résultats des enfants dans le privé soient meilleurs. Or en comparant les résultats au tests à l’entrée en CP avec les tests à l’entrée en CE2, l’écart des résultats entre privé et public reste identique. Les élèves du privé n’ont pas davantage progressé que les élèves du public. Et la faible différence entre les scores provient uniquement de leur pourcentage d’appartenance aux milieux sociaux favorisés. Il y a même selon les années, un effet négatif de la scolarisation dans le secteur privé sur les tests mathématiques de CE2.
L’étude conclue ainsi : « En deux ans de scolarité, l’écart de niveau avec les élèves du public ne s’est pas creusé, il est resté stable. L’école privée, pourtant dotée d’élèves un peu meilleurs au départ, n’a pas fait fructifier cet avantage. ». On retrouve le même genre de résultats en étudiant le taux de redoublement.
Une affaire de localisation
Enfin, l’étude s’intéresse au choix de l’école publique ou privée. En moyenne en France, l’école privée la plus proche du domicile est à 3,85 km contre 670 m pour l’école publique, ces résultats dépendant fortement de la taille de la commune. Le lien distance/scolarisation est extrêmement fort puisque lorsque l’on éloigne l’école privée d’1 km, le taux de scolarisation dans le public augmente de 5%. Par conséquent, lorsque l’école privée est plus éloignée du domicile que l’école publique, l’élève est le plus souvent scolarisé dans le public. Ainsi, la densité du réseau des écoles publiques est un critère déterminant de choix et diminuer cette proximité ne ferait que renforcer le privé.
Les demandes de la FCPE Paris
La FCPE Paris demande l’arrêt d’une logique comptable conduisant à toujours plus de fermetures de classes et d’écoles qui conduisent à renforcer l’école privée alors même que celle-ci s’adresse à des enfants de milieu social plus favorisé.
Il n’y a effectivement aucune raison à protéger l’école privée alors même qu’elle ne parvient pas à obtenir de meilleurs résultats pour des élèves déjà avantagés au départ.