Obligation de formation 16-18 ans
La formation obligatoire pour les jeunes décrocheurs scolaires de 16 à 18 ans entrera en vigueur en septembre 2020. Cette mesure s’intègre dans la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté et constitue un prolongement de l’instruction obligatoire (actuellement de 3 à 16 ans). La mesure entrera en application à la rentrée 2020 pour la classe d’âge 2004 qui aura 16 ans en 2020.
Concrètement de quoi s’agit-il ?
L’obligation de formation 16-18 ans oblige les pouvoirs publics et les acteurs de l’accompagnement (et en premier lieu les missions locales) à se mobiliser pour proposer des solutions aux jeunes. Tout jeune devra donc se trouver :
- soit dans un parcours scolaire ou en apprentissage ; le parcours scolaire pourra se faire dans tout établissement du second degré, y compris les établissements privés sous contrat et ceux de l’enseignement agricole, et de l’enseignement supérieur ;
- soit en emploi, en service civique, en parcours d’accompagnement ou d’insertion sociale et professionnelle.
–> Il est étonnant qu’une mesure appelée “Obligation de formation 16-18 ans” intègre l’emploi dans la palette des solutions.
Pourquoi cette mesure ?
En France, près de 80 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans aucune qualification et notre pays compte 60 000 jeunes mineurs ni en emploi, ni en formation, ni en études. Ces jeunes mineurs se heurtent à de grandes difficultés pour s’insérer dans le marché du travail et sont les premières victimes de la pauvreté.
- 15 % des 16-29 ans (dont 29 % issus des les quartiers prioritaires de la ville) sont aujourd’hui des jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation (Neet) ;
- 19 % des 20-29 ans sont en situation de pauvreté contre 14,5 % pour l’ensemble de la population ;
- Le taux de chômage des jeunes non-diplômés est trois fois plus élevé que celui des jeunes diplômés.
Au delà de l’insertion ou de la formation, cette obligation doit aussi permettre de répondre aux besoins des personnes les plus fragiles (logement, santé…)
Quels acteurs concernés ?
Ce sont les missions locales qui seront chargées d’assurer le respect de cette obligation de formation. Cela suppose qu’elles aient accès en amont à toutes les informations utiles de la part des établissements scolaires et des institutions publiques afin que leurs soient signalés les jeunes ne respectant pas l’obligation de formation.
Une fois identifiés, les jeunes seront invités à se présenter à la mission locale pour faire un diagnostic de leur situation et identifier l’accompagnement répondant à leurs besoins.
Les missions locales bénéficieront d’un financement dédié à partir de 2020 pour assurer cette nouvelle activité de prise en charge globale, ce qui les conforte dans leur rôle d’accompagnement global des jeunes les plus vulnérables. Elles exerceront cette nouvelle fonction en lien étroit avec les autres acteurs impliqués dans ce domaine : établissements scolaires, centres d’informations et d’orientation, Pôle emploi, structures de raccrochage scolaire (micro-lycées), écoles de la 2e chance, etc.
Analyse
La mise en lien des structures chargées d’accompagner les jeunes n’est pas une idée nouvelle. Depuis 2011 en effet, les plateformes de suivi et d’appui aux décrocheurs (PSAD) ont cette mission de repérage des jeunes sans solution, d’analyse des besoins et de proposition d’une solution adaptée. De nombreuses solutions existent en Ile-de-France pour les jeunes les plus fragiles (structures de retour à l’école, dispositifs régionaux, garantie jeune…) mais beaucoup ne font pas le plein :
- Problèmes de temporalité : comment faire coïncider le temps des jeunes, parfois descolarisés depuis plusieurs années et le calendrier rigoureux des structures et des dispositifs.
- Problèmes de coordination entre les acteurs : travailler ensemble quand on est issu de cultures professionnelles différentes est chronophage. Chaque structure a son organisation et ses donneurs d’ordre qui leur sont propres.
- Manque d’attractivité de certains secteurs professionnels dits en tension survalorisés dans les discours (restauration, BTP…) mais peu demandés par les jeunes.
Le cadre réglementaire de la loi est un levier important dès lors qu’il permet un travail en profondeur sur les besoins réels des jeunes et qu’il donne lieu à une attribution de moyens à la hauteur des enjeux (financement, ressources humaines…).
Consultez le rapport de Sylvie Charrière et Patrick Roger