Plans de continuité pédagogique dans le second degré au 13 novembre 2020
Les établissements du 2nd degré ont subi une semaine de grande incertitude, tant sur les modalités de réduction de la promiscuité, que du calendrier des examens, et de l’ouverture ou non des cantines). Elle se termine sur une note optimiste, la circulation du virus semblant diminuer sur Paris.
Le gouvernement ménage le suspens pour les lycées
La semaine dernière, un nouveau protocole sanitaire (lien vers le doc) a été diffusé par le Ministère de l’Education nationale. Dans les écoles et les collèges, le schéma de référence est celui d’un enseignement en présentiel pour tous les élèves, à tous les niveaux et sur l’ensemble du temps scolaire, sous réserve de situations locales particulières (de type « cluster »). Au lycée, le cadre sanitaire peut imposer de réduire sensiblement le brassage et, par suite, le nombre d’élèves présents simultanément dans l’établissement, y compris pendant les temps d’enseignement. Les proviseurs ont donc été invités à préparer, avec leurs équipes, un plan de continuité pédagogique pour adapter leur organisation aux contraintes sanitaires. L’hypothèse de la fermeture ponctuelle d’un établissement est limitée aux cas de clusters. De nombreux média ont relayé cette semaine la menace de la fermeture des lycées, épée de Damoclès qui plane au-dessus des lycées en cas de ré-accélération de l’épidémie.
Dans les collèges, statu quo
Dans les collèges, à ce jour, tous les élèves sont accueillis sans exception. Seulement 2 ou 3 collèges ont d’importants problèmes d’aération et de circulation, qui vont être expertisés la semaine prochaine, avec un inspecteur académique, un inspecteur de sécurité, et un représentant de la DASCO de la Ville de Paris. Si les mesures gouvernementales venaient à évoluer, le Rectorat et la Ville de Paris se disent prêts en termes de tiers-lieux.
Quelle est la situation sanitaire des élèves ?
Si les chiffres du rectorat transmis la semaine dernière suggéraient un problème de remontée ou une sous déclaration des cas par les familles, le rectorat nous a rassuré sur l’effectivité des remontées. Le nombre de cas déclarés est bien plus élevé cette semaine passant de 272 à 544. Dans la population des 10-19 ans en France, l’incidence est passée de 425/100 000 en semaine 44 à 435/100 000 cette semaine. L’incidence dans la population parisienne est quant à elle passée de 547,6 à 328,5 /100 000 personnes. Le décalage observé la semaine dernière entre les remontées et les cas probable s’est donc probablement réduit.
La région Ile-de-France a proposé 100 000 tests antigéniques. Cela semble peu (250 tests en moyenne pour les lycées de la région IDF). Une partie de ces tests pourra être effectuée chez les élèves volontaires. La région proposait de les faire effectuer par les infirmières de l’Education nationale, mais selon leur syndicat majoritaire elles ont déjà une surcharge considérable de travail pour le traçage des cas contact et demandent que d’autres professionnels soient chargés de ces tests. Le Rectorat envisage de concentrer les tests sur un échantillonnage d’établissements.
Processus de mise en place de protocoles locaux
La mise en œuvre du nouveau protocole sanitaire a été variée selon les établissements, leur configuration (locaux, cantine) comme leur effectif. Toute mise en place du plan de continuité pédagogique pour réduire la jauge des élèves présents en même temps dans l’établissement doit être envoyée à la délégation académique au numérique éducatif (DANE), qui y répond dans les 48h.
Il est important de rappeler ici que les conseils d’administration doivent valider les plans de continuité pédagogique et les parents d’élèves via leurs représentants doivent être consultés. L’accord de l’ensemble de la communauté éducative est essentiel, sinon primordiale pour que le succès soit au rendez-vous pour des élèves qui ont déjà connu une scolarité bien troublée.
Une grande variété de protocoles appliquées dans les lycées
Si les projets sont très variés, le distanciel n’est pas sur la majorité du temps de l’élève, et la solution 50/50 (élève 50% du temps au lycée et 50% du temps à ne rien faire à la maison) n’est pas retenue.
Sur 96 lycées parisiens, à la date du 13 novembre 2020, 60 lycées ont envoyé un projet avec une part de distanciel, dont 47 projets ont été validés (cités scolaires, lycées techniques, LGT, LPO), 12 projets sont encore à l’étude (réponse dans la semaine), et 1 lycée demeure en discussion avec la DANE car le projet ne présente pas assez de garanties sur le travail en autonomie des élèves, notamment le taux d’équipement des élèves.
Parmi les 36 lycées restants, certains ont de petits effectifs, notamment les lycées professionnels, d’autres sont encore en concertation pour finaliser leur projet. Même s’il faut agir rapidement, le temps de la concertation doit être respecté.
Sur les 47 projets d’enseignement en distanciel validés par l’Académie :
- 19 lycées proposent l’enseignement en demi-journée,
- 8 lycées proposent l’enseignement en 2J/3J ou 2J/mercredi/2J,
- 20 lycées proposent un passage en demi-groupe qui n’est pas systématique et pas mis en œuvre par tous les enseignants.
Parmi les lycées ayant proposé des protocoles acceptés, 36 d’entre eux ont la volonté de proposer un enseignement en Hy-Sy (Hybride Syncrhone).
Par ailleurs, nos remontées de terrain nous informent que certains lycées parisiens ayant plus de 35 élèves par classe continuent l’enseignement tel quel, en accueillant leurs élèves à 100%, sans prendre en compte le nouveau protocole sanitaire. Cela ne manque pas d’interroger quant à la participation de ces établissements dans la lutte contre l’épidémie dans une logique d’équité entre élèves et d’intérêt général.
Combien d’heures pour quel programme et quels examens ?
En fonction des modalités, les élèves auront un nombre d’heures de cours variable entre les établissements. Pour une majorité d’enseignants travaillant en demi–groupe, le temps de travail à distance permet d’avancer sur le programme et le travail en demi–groupe de progresser plus vite pendant le temps de présence. Le programme devrait donc être couvert. Ce n’est cependant pas le cas partout, et pour certaines matières la progression est plus lente. Certains syndicats demandent donc d’ores et déjà un aménagement des programmes.
Le passage à 40% de contrôle continu au bac inquiète les parents dont les enfants ont des professeurs qui sous–notent. La FCPE Paris suit avec attention la question de l’harmonisation, en lien avec la FCPE nationale. La préparation au grand oral d’élèves porteurs de handicap est également source d’inquiétude, et la FCPE Paris a interpellé le Rectorat à ce sujet.
La restauration scolaire, principal point d’achoppement du protocole au lycée et au collège
La restauration collective est un moment de brassage particulier des élèves, reconnu par tous, qui a conduit notamment à choisir le scénario des demi-journées, qui permet moins d’élèves à la cantine et moins de circulation dans l’établissement. Cela a également été le cas fait dans les cités scolaires.
Le fait que de nombreux élèves n’aient plus accès à la cantine pose d’autres problèmes sanitaires car certains élèves ont besoin de ce repas équilibré parfois le seul de la journée. Cela pose aussi des difficultés économiques à de nombreux parents car les élèves doivent souvent acheter un repas à proximité du lycée, grevant le budget des familles.