Pour une réelle priorité à l’école inclusive !
Ces dernières années, la FCPE Paris a eu à connaître de nombreux cas d’enfants en situation de handicap. Il en est un qui se répète souvent, et qui interroge : la modification de la prise en charge sans réel dialogue avec les familles !
Que dire par exemple, de la situation d’un collégien scolarisé dans un collège avec le soutien d’un dispositif Ulis, qui a une appétence certaine pour les maths et qui pourtant se voit imposer, pour son suivi médical, de se rendre dans un centre médico pédagogique à la place de son cours de maths ? Est-il certain que l’intérêt de l’enfant qui a clairement formulé sa préférence soit à cet instant respecté ?
Le problème ne viendrait il pas du travail non coordonné de l’éducation nationale et du secteur médicosocial ? Chaque situation individuelle ne devrait-elle pas être évaluée concomitamment par les deux institutions dans l’intérêt et le respect de la scolarité inclusive de chaque élève et en concertation avec sa famille ?
Les bilans sans cesse réclamés pour évaluer les besoins spécifiques de l’enfant, tels que le WISC V ne sont souvent pas faits pour certains élèves car les psychologues du service public sont surchargés et ceux du secteur libéral pratiquent des prix exorbitants.
Force est de constater que les psy-EN sont débordés dans tous les établissements scolaires.
En primaire, on a parfois le sentiment que les résultats des bilans sont plus guidés par le désir de faire sortir l’élève de l’établissement plutôt que de rechercher une solution la mieux adaptée à sa situation de handicap. La tentation de l’exclusion ne vient-elle pas du fait qu’un IME (institut médico éducatif) existe et a une place disponible ? Ainsi, nous avons eu à connaître le cas d’un collégien qui se débrouillait fort bien avec son AESH au collège, mais qui, à l’occasion de son rendez-vous avec son pédopsychiatre, s’est vu proposer une place en IME ! Les parents surpris ont expliqué l’intégration réussie dans le collège de leur enfant depuis deux ans et l’incompréhension de l’élève à être sorti de la communauté éducative au seul motif qu’une place se libérait en IME. L’argument a fort heureusement été entendu cette fois ci. Mais il ne l’est pas toujours hélas.
Enfin une alerte s’impose quand on voit à la CDAPH se multiplier les refus de passage en CP et les maintiens en maternelle, ne serait-ce pas ici la première pierre d’une orientation parfois trop précoce ?
La FCPE Paris a également remarqué la recrudescence de cas d’élèves en situation de handicap qui se trouvent exclus définitivement suite à un conseil de discipline. Ces élèves doivent bien sûr respecter les mêmes règles que leurs camarades, mais ils ont besoin d’accompagnement et d’aménagements spécifiques, qui bien souvent sont mis en place trop tard, ou ne sont pas ou mal appliqués.
Tout cela constituerait alors indubitablement un frein certain à l’inclusion.
C’est donc inquiète à plus d’un titre que la FCPE Paris réclame :
- Le respect de l’intérêt de l’enfant, et la prise en compte systématique de l’avis de la famille avant de modifier le suivi et l’emploi du temps de l’enfant et écouter la parole de l’élève,
- Une communication régulière, en amont de la rentrée, entre les services médico sociaux, la famille, les enseignants référents et l’établissement de l’enfant scolarisé,
- Le recrutement et la formation aux enjeux de l’école inclusive des-psy EN pour des bilans moins coûteux et réalisés plus rapidement,
- Une prudence accrue dans l’orientation des jeunes enfants pour une solution toujours plus inclusive,
- Une formation obligatoire des enseignants, des dirigeants des établissements scolaires et des participants aux conseils de discipline à l’éducation inclusive et à ses enjeux.
Paris le 12 mai 2021