Présidentielle 2017 : plus d’ambition pour l’éducation !

93% des parents parisiens estiment qu’il faut poursuivre le recrutement de professeurs supplémentaires et d’autres personnels éducatifs. Et ils sont 78% à juger utile d’embaucher plus de médecins scolaires, d’infirmier.e.s, de psychologues et d’assistant.e.s sociaux.ales. La question des moyens est donc au cœur des 1121 réponses au sondage en ligne lancé entre le 17 mars et le 16 avril 2017 par la FCPE Paris pour connaître les priorités et les attentes des parents parisiens en matière d’éducation dans le cadre de l’élection présidentielle 2017.
La question des méthodes est elle aussi au cœur des préoccupations des parents parisiens qui ont répondu à cette enquête par questionnaire. Précisons que 78% des répondants sont des adhérents FCPE et que les 22% des répondants non membres ont ainsi eu accès aux réflexions et aux informations de notre fédération !
55% sont pour donner plus d’autonomie aux chefs d’établissement en matière de recrutement des enseignants et 65% pensent qu’il faut changer les modalités d’évaluation des élèves pour aller vers plus de bienveillance et de transparence. 66 % souhaitent instituer des “temps sociaux”, hors des enseignements disciplinaires, qui permettent aux élèves, enseignants et parents, d’échanger et de construire des projets.
Gratuité, mixité, solidarité
59% souhaitent dédier l’argent public exclusivement à l’école publique. Pour 60 %, la gratuité des activités périscolaires et du transport scolaire serait une mesure indispensable contribuant à réduire les inégalités.
Seuls 8,6 % estiment qu’il n’y a pas lieu de garantir la mixité sociale et scolaire au sein de tous les établissements et dans chaque classe. Et 72% approuvent le fait de développer les moyens pour l’accueil des élèves allophones et pour l’accompagnement des parents primo-arrivants dans l’école.
Il sont aussi 59% à juger utile de développer des lycées polyvalents afin que tous les élèves apprennent ensemble, mesure qui permet aussi de faire exister l’idée de « parcours » scolaire personnalisé.
Devoirs et uniforme, le poids des contradictions
78% des parents sont favorables à la mise en place d’un service public d’aide aux devoirs mais seulement 34% veulent rendre effective partout l’interdiction des devoirs à la maison en élémentaire.
Sur l’une des « demandes historiques » de la FCPE — mettre fin aux devoirs à la maison en élémentaire — 52,6% des parents qui ont répondu au sondage estiment que ce n’est pas souhaitable, et la proposition reste la même dans l’échantillon des parents FCPE qui sont 51,6% à penser que cette interdiction n’est pas souhaitable. Le rapport complexe et ambigu des familles aux devoirs est très bien identifié par notre fédération qui ne cesse de mettre en avant les « effets du système » et leur impact sur les familles (voir l’article Devoirs et inégalités scolaires : comment avancer ? Liaisons Laïques n°322, 2016).
Signe (rassurant) que les attentes des familles sont vraiment qualitatives, 68% sont surtout favorables à l’instauration de nouveaux « temps de coéducation » pour échanger entre parents et enseignants sur les modalités d’accompagnement du travail personnel. Ce que demande la FCPE depuis de très nombreuses années, pour les élèves du premier comme du second degré.
Mais la surprise de ce sondage est indéniablement la position pour le moins inattendue des parents parisiens sur la question de l’uniforme, remise au goût du jour par la droite dans son programme. En effet presque un tiers des répondants (32.5%) se dit favorable au port d’une tenue vestimentaire réglementée à l’école. Proportion quasi similaire dans l’échantillon des parents FCPE qui sont quand même 31% à être favorables à cette logique de l’uniforme, même édulcorée sous la terminologie de « tenue vestimentaire réglementée »…
Comme sur la question de l’autonomie des établissements, les positions des adhérents FCPE semblent là aussi évoluer ou, logiquement, être représentatives de la diversité des positions de la société française sur ces sujets. Cela ne peut que renforcer la détermination de notre fédération à aller plus avant dans les échanges avec les familles et nos adhérents pour débattre et discuter les points de vue, informer aussi au-delà des représentations toutes faites sur ce qui marche vraiment ou non sur le terrain, grâce aux retours d’expériences dont notre fédération dispose à l’échelon national, sur ce qui améliore significativement le climat scolaire et la réussite des élèves et ce qui ne joue qu’à la marge voire pas du tout et qui tient surtout lieu de positions de principe ou d’effets d’annonce faussement rassurants.
Des questions peu investies
A la question de savoir si l’enseignement professionnel doit être confié aux régions, 48% des parents s’estiment sans avis. Confirmant là un double échec : celui de l’ensemble de la communauté éducative à informer efficacement sur le « pro » (et les enjeux du pro) et celui des candidats à la présidence de la République à mettre cette question au cœur de leur programme malgré les immenses répercussions en termes d’accès au marché de l’emploi et de lutte contre le chômage des jeunes.
La formation des personnels avant tout
Concernant la formation des enseignants et des personnels éducatifs, enjeu majeur identifié par les parents d’élèves, voici les registres qui leur semblent devoir être approfondis, par ordre d’importance et de façon prioritaire : la psychologie des enfants et des adolescents ?(87,5%), l’accompagnement pédagogique des élèves en situation de handicap (85,4%), la lutte contre les discriminations et les stéréotypes (80,7%), les modalités d’échange avec les familles? (70,7%), la pédagogie différenciée et la pédagogie de projet ?(67,6%), le numérique comme outil pédagogique ?(59,9%).
La lutte contre les discriminations avant le numérique, voilà qui devrait inspirer le prochain projet académique parisien !
Egalité des droits et des conditions
69% des parents estiment que la diminution du nombre d’élèves par classe est nécessaire partout? et seulement 25 % la jugent indispensable mais plutôt en éducation prioritaire.
86,7 % des répondants jugent indispensable de garantir l’égal accès de tous les enfants à la cantine. La question de la restauration scolaire est aussi vue sous un angle réellement qualitatif puisque 75 % des parents estiment qu’il faut augmenter sensiblement la part de produits bios et labellisés dans toutes les cantines et que 65% préconisent d’insonoriser et d’embellir les réfectoires scolaires.
Loin d’épuiser les attentes complexes des parents parisiens, ce sondage avait pour modeste ambition de mettre un focus militant sur l’impérieuse nécessité de mettre les questions éducatives au cœur de la campagne présidentielle en rappelant ce que sont les grandes priorités, et donc les valeurs, des familles parisiennes. Des familles exigeantes pour le bien-être et la réussite scolaire de leurs enfants et, plus largement, de tous les enfants.
A la FCPE, notre mission quotidienne, plus que jamais d’actualité en cette période électorale, est de rappeler combien l’éducation doit être le premier de tous nos investissements. Il nous faut réaffirmer haut et fort que l’éducation doit permettre à l’élève de participer à la société, de s’y insérer, comme il doit aussi permettre de la critiquer et de la transformer. L’école se doit de donner aux élèves un pouvoir d’action sur la société autant que sur leur vie.
Le 25 mars dernier, la FCPE organisait une journée d’interpellation des candidats. Vous pouvez retrouver ici la retranscription des interventions introductives de Benoît Hamon (PS-EELV), Paul Vannier représentant de Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise), François de Rugy représentant d’Emmanuel Macron (En Marche) et Guy Geoffroy représentant de François Fillon (LR) lors de la journée des présidents du 25 mars 2017 dédiée à l’interpellation des candidats à la présidence de la République.