Propos liminaires de la FCPE Paris
Le jeudi 17 février s’est tenu le CDEN (Conseil Départemental de l’Education Nationale), qui avait pour objet la carte scolaire du 1er degré et la préparation de la rentrée 2022 dans les écoles publiques de Paris.
De nombreux conseils locaux FCPE ont présenté des motions en conseil d’école, ont envoyé des lettres au rectorat ou ont mis en ligne des pétitions afin de maintenir un service public d’éducation ambitieux et un accès équitable de tous les élèves à l’offre éducative (voir notre article)
Voici les propos liminaires de la FCPE Paris :
Monsieur le Recteur,
Monsieur le maire,
Monsieur le directeur d’académie, messieurs les DASEN, madame la secrétaire générale, Mesdames et messieurs les membres du CDEN
En préambule de notre propos, nous souhaitons saluer ici l’engagement des personnels de l’éducation nationale et de la Ville depuis le début de la crise sanitaire. Sans l’investissement des directrices et directeurs d’école, et des personnels d’éducation, souvent bien au-delà de leurs obligations et hors de leur temps de travail, les règles mises en place n’auraient jamais pu être appliquées. Nous souhaitons également dénoncer l’absurdité de la situation à laquelle les familles ont été confrontées : les changements permanents de protocoles sanitaires, annoncés à la dernière minute, par voie de presse et renvoyant à la FAQ du ministère.
Les familles ont souvent été contraintes de s’adapter au dernier moment, apprenant sur le trottoir que leur enfant ne pouvait être scolarisé. Comme souvent, le manque d’anticipation et d’informations claires a eu pour conséquence d’opposer les familles et l’institution scolaire alors même que les personnels font, nous le savons, le plus souvent tout leur possible pour privilégier l’intérêt des élèves.
Nous demandons au ministère de l’éducation nationale et à ses représentants académiques d’assumer pleinement leurs responsabilités et de permettre le bon fonctionnement de l’École.
Les différentes évaluations publiées ces dernières semaines continuent à pointer l’échec du système éducatif français à lutter contre la reproduction des inégalités sociales vis-à-vis des apprentissages.
A Paris, la ségrégation sociale est poussée à l’extrême, adossée à une ségrégation résidentielle. Le paradoxe est que dans de nombreux quartiers, la pression immobilière est liée à la carte scolaire et à la réputation des écoles, collèges et lycées du quartier ! Le système de ségrégation s’auto alimente, et seule une politique volontariste peut casser ce cercle vicieux.
La FCPE Paris est consciente de la baisse démographique, anticipée depuis plusieurs années déjà, et amplifiée par le départ de nombreuses familles en raison de la crise sanitaire et économique. Dans ce contexte, certaines fermetures de classe peuvent sembler inéluctables, pourtant, nous aimerions y voir plutôt une chance d’offrir de meilleures conditions d’apprentissage pour les élèves.
C’est pourquoi, la carte scolaire présentée dans le cadre de ce CDEN nous laisse perplexes. Nous avons identifié 10 écoles élémentaires qui subissent un impact en termes de nombre d’élèves par classe, dont 5 en REP (1 dans le 14e, 1 dans le 18è, 2 dans le 19è, 1 dans le 20è) + 1 en CAP (13è).
En maternelle, 3 écoles sont particulièrement concernées sur les 29 fermetures prévues, dont une en REP (Maurice Genevoix) dans le 18e avec 30 enfants prévus dans les classes non dédoublées…
Comment justifiez-vous de fragiliser ces écoles qu’il faudrait plutôt soutenir pour espérer lutter contre la reproduction des inégalités sociales ? Quel message envoyez-vous ainsi aux élèves et aux parents de ces quartiers ? Où sont les recrutements de remplaçants qui permettraient de garder les classes ouvertes en cas de maladie ou de formation des enseignants ? Comment accompagnez-vous les élèves qui subissent des enseignements discontinus, et accumulent des retards, à cause de la pandémie ?
Nous souhaitons aussi interroger le CDEN sur le risque d’amplification de la fuite des élèves scolarisés dans des écoles publiques vers des établissements privés. Les inscriptions dans les écoles privées sous contrat sont-elles surveillées ? Le nombre de classes du privé financées par des fonds publics est-il gelé ? Les effectifs y sont-ils aussi limités à 24 élèves en GS, CP, CE1 ?
En un mot, l’Académie et la Ville de Paris sont-elles engagées dans la défense du service public d’éducation ?
La FCPE Paris dénonce ce financement sur fonds publics de dispositifs déployés dans les écoles privées sous contrat, qui favorisent l‘évitement scolaire et aggravent la ségrégation sociale. Nous demandons à ce que ces fonds soient alloués aux écoles publiques, afin de renforcer leur attractivité et permettre à tous les élèves des conditions d’apprentissage ambitieuses. Quelle est votre stratégie en termes d’effectifs, de dispositifs particuliers pour rendre les écoles publiques plus désirables ? comment démocratiser l’accès à ces dispositifs attractifs ? Comment accroitre la visibilité des nombreuses actions remarquables menées par les équipes éducatives dans les écoles publiques ?
Mettre en concurrence l’École publique avec le secteur privé, en refusant d’appliquer les mêmes règles de chaque côté, ne peut que fausser la concurrence et accélérer la destruction du service public.
De la maternelle au supérieur, la défense de l’école publique, laïque et ouverte à tous doit être une priorité pour que demain, tous les enfants aient des perspectives d’avenir qui ne soient pas prédéfinies par leur origine sociale, et puissent construire une société équilibrée et apaisée.