Quelle est la place des neurosciences à l’école ?
Le jeudi 8 novembre dernier, à la mairie du 5ème arrondissement, s’est déroulée une conférence-débat sur le thème : « Quelle est la place des neurosciences à l’école ? ».
Cet événement, organisé par Elsa Godart, philosophe et psychanalyste, mais aussi maman d’un élève de l’école Mouffetard-Epée de Bois, rassemblait des personnalités diverses : enseignante, neuroscientifiques, psychologue, psychanalyste, anthropologue, venus exposer leurs travaux et leurs réflexions sur le sujet. Une large place a été ménagée pour les questions et commentaires de l’auditoire.
L’enjeu était de taille ! Dans la mesure où l’homme est à la fois un corps et un esprit, l’objectif était de dépasser le conflit entre neurosciences et psychanalyse.
“On ne peut réduire un élève à la cartographie de son cerveau”
Les professionnels intervenant à la tribune ont, pour la plupart, salué l’intérêt des apports neuroscientifiques à la pédagogie, tout en alertant sur le risque de médicaliser les difficultés d’apprentissage de nos enfants.
En effet, si les nouvelles méthodes d’imagerie permettent d’élargir nos connaissances sur le fonctionnement cérébral, on ne peut réduire un élève à la cartographie de son cerveau. De plus, au-delà du repérage de certaines particularités fonctionnelles, la question est bien d’aider tous les élèves à avancer dans leurs acquisitions. Or, entre comprendre la mécanique d’une difficulté et y remédier, il y a un pas ! De fait, ce qui est visible dans le corps, par l’imagerie cérébrale par exemple, n’a pas nécessairement sa cause dans le corps, et encore moins sa résolution. On sait bien que tout apprentissage n’est possible que dans une relation à l’autre : en se focalisant sur le cerveau, le risque est grand d’oublier l’environnement de l’enfant.
Accompagner les enfants dans les apprentissages
Le débat a par ailleurs abordé le contenu des enseignements scolaires, avec l’idée partagée par tous les intervenants qu’au-delà des apprentissages, il est primordial d’accompagner l’enfant dans le développement de son imaginaire et de sa créativité. Cet élément peut être encouragé par des découvertes récentes en neurosciences sur le fonctionnement du cortex pré-frontal.
Ce qui apparaît dangereux donc, dans les orientations prises actuellement par M. Blanquer n’est pas tant la présence de neuroscientifiques dans le Conseil Scientifique de l’Education Nationale, mais bien leur présence exclusive de toute autre approche pédagogique. Dans une véritable approche scientifique et non scientiste, afin de pouvoir tirer parti de toutes les connaissances, il convient, en effet, d’exclure toute forme de hiérarchisation des disciplines. Ce n’est que dans ce cadre transdisciplinaire que les neurosciences, tout comme d’autres approches, pourront enrichir les sciences de l’éducation.
Liste des intervenants
Elodie Gabriel (CL 75005)