Sport, santé et coopération : le trio gagnant

Terrifiant constat pour nos jeunes et futurs adultes de demain : en 40 ans, les enfants auraient perdu près de 25% de leur capacité cardiovasculaire, selon une étude australienne, reprise par la Fédération française de cardiologie. Pourquoi une telle aggravation sanitaire ? La sédentarité des enfants est clairement en cause. Ils courent moins vite, ils s’essoufflent, ils ont perdu de la capacité respiratoire, selon les spécialistes qui pointent le fait que les enfants passent de plus en plus d’heures devant les écrans. Mais ce n’est pas qu’à la maison que la position assise est privilégiée. A l’école, les enfants passent de nombreuses heures à travailler à leurs bureaux. Et les spécialistes de renchérir : “il y a des activités physiques à l’école mais ce n’est pas suffisant, il en faut beaucoup plus”.
Plus de sport à l’école, un enjeu de santé publique
Faire davantage de sport à l’école, c’est en tirer des bienfaits dans plusieurs domaines, autant physiquement qu’intellectuellement. Les chercheurs ont largement montré que quand on fait beaucoup d’exercice, on a une meilleure mémoire et on est intellectuellement plus efficace et plus confiant. Enfants et adolescents peuvent également être moins anxieux grâce à la libération d’endorphine liée à la pratique sportive.
Plus de sport, moins de compétition
Valoriser le sport à l’école, diversifier les sports proposés aux élèves, expliciter les liens entre sport et santé, respecter les horaires annuels… autant de priorités régulièrement rappelées par la FCPE. Mais il est un aspect, moins souvent débattu, auquel les parents sont pourtant sensibilisés grâce à leurs discussions avec leur enfants, suite aux confidences des plus petits comme des ados. Le sport scolaire, souvent synonyme de compétition, est aussi parfois une école de l’humiliation et de la souffrance. De nombreux témoignages ont émergé en ce sens ces dernières années.
Quand l’EPS est plus une éducation à la pratique sportive concurrentielle, basée sur les performances, les classements, cela peut facilement engendrer du mal-être, du stress et de l’anxiété. Quand les pratiques sportives, ou la parole enseignante, valorisent plus les attitudes de coopération, de solidarité (par ex. dans la danse et même dans les sports collectifs où l’on n’est pas obligés de « s’affronter pour gagner »), le sport répond vraiment à ses finalités éducatives.
La façon de valoriser le sport, le type de « mise en mots » de la pratique sportive peut s’avérer déterminante pour appuyer sur le caractère éducatif ou ségrégatif de la dite pratique sportive. La parole de l’enseignant, la parole des pairs, dans les vestiaires, sur les stades et terrains, sur les bords de bassins et de pistes d’athlétisme sont essentielles, avec des échos souvent très profonds sur des adolescents-adultes en devenir. Si beaucoup d’élèves n’aiment pas le sport scolaire c’est parce qu’ils ont, pendant ces heures de cours, vécu ou ressenti des humiliations. On n’est pas sélectionné dans une équipe car on n’est pas assez performant, on est l’intello de service qui va ralentir l’équipe de relais mais à qui cela ferait pourtant du bien de se bouger un peu, on reste l’adolescente un peu ronde à qui on tape gentiment sur les fesses en disant « allez, on soulève son popotin ! »… Venant de l’enseignant, la parole peut être blessante même si elle n’est pas volontaire. Et comme le dit Pierre Merle, l’humiliation est une facilité pédagogique.
La FCPE appelle au renforcement du caractère éducatif de cette indispensable discipline scolaire qu’est l’EPS. Il faut incarner et insister dans les pratiques sur les vertus du sport scolaire : effort, persévérance, motivation, socialisation, solidarité, esprit d’équipe, baisse de l’agressivité, etc. L’EPS doit s’intéresser à la personne de manière globale.
Elle doit lui apprendre à résoudre des problèmes de la vie quotidienne en développant son intelligence motrice et à adopter les comportements de responsabilité, de solidarité et de citoyenneté indispensables à la vie sociale. Au-delà de l’amélioration des conditions physiques des jeunes, l’EPS peut avoir une influence majeure dans le développement de l’estime de soi de l’enfant-élève, dans le maintien du lien avec l’institution scolaire, alors ne gâchons pas cette chance !
Il faudra également préciser nos attentes en matière de création et de développement d’une vraie « culture sportive » à l’école, sans oublier d’approfondir ici notre réflexion sur « sport scolaire et handicap ».
Pour en savoir plus sur le sport et ses programmes à l’école, au collège et au lycée, voici les liens utiles :
Le sport à l’école élémentaire