Quelle réforme de la restauration scolaire parisienne en 2018 ?

En décembre 2015, la FCPE Paris a pris connaissance du projet de la Ville de Paris de créer un d’ici 2018 une « caisse parisienne de restauration ».
Celui-ci a été présenté comme un service public commun aux 20 arrondissements destiné à améliorer la qualité des repas consommés par les petits Parisiens et à garantir une égalité de traitement aux familles. Ce projet a pour objectif la mutualisation des compétences et des moyens dans une régie unique chargée de la gestion des ressources humaines, des politiques d’achats, de la sécurité sanitaire, de la maintenance des installations techniques et des petits travaux, ainsi que des procédures juridiques et financières. La Ville a annoncé que cette réforme n’entraînerait aucune augmentation des tarifs et permettrait d’augmenter la part de l’alimentation bio, durable et locale dans les assiettes avec un objectif de 50% pour tous les enfants qui fréquentent les cantines parisiennes. La diversité des modes de production dans les arrondissements serait respectée et l’animation des commissions “menus” se ferait toujours à l’échelle de la mairie d’arrondissement et sous la direction du maire. L’existence des 20 caisses des écoles d’arrondissement ne serait donc pas remise en cause mais recentrées sur leur mission éducative, culturelle, sanitaire et sociale…
Quelle place pour les parents dans la concertation et dans la future “caisse parisienne” ?
Dès l’information connue, la FCPE Paris a souhaité rencontrer la Ville pour mieux préciser les enjeux de ce projet. La FCPE Paris a rencontré le chef de projet rattaché au Secrétariat général de la Ville ainsi que le cabinet d’Alexandra Cordebard, adjointe aux affaires scolaires. La FCPE Paris a d’abord vivement regretté le manque de concertation dans la première phase de diagnostic qui avait conduit à la publication en décembre 2015 du rapport par le médiateur de la Ville de Paris. A aucun moment les parents d’élèves n’ont été consultés pour participer à ce diagnostic sur le fonctionnement des 20 caisses des écoles parisiennes, alors que beaucoup d’élus FCPE siègent dans de nombreux comités de gestion/conseil d’administration de ces caisses.
Des exigences sur la qualité de l’assiette et la gouvernance
La FCPE a ensuite rappelé le sens de son engagement depuis des années sur ce dossier restauration : améliorer le contenu de l’assiette (par le bio notamment) et surtout permettre à tous les élèves parisiens de bénéficier d’un contenu équivalent en termes de qualité pour un même prix payé. Elle a aussi rappelé ses combats passés et ses exigences actuelles sur les tarifs de cantines (obtenir l’unification, revoir les tranches tarifaires et unifier en les rendant transparentes les modalités de calcul de ces tranches). Mais elle a surtout indiqué qu’avant tout débat sur l’avenir même des formes de la restauration scolaire parisienne, elle souhaitait obtenir des garanties sur le fait que les fédérations de parents, représentatives et représentées en CDEN, seraient pleinement associées en terme de gouvernance dans le futur établissement public.
Le travail des adhérents en commission
Parallèlement, deux réunions de la commission restauration de la FCPE Paris ont eu lieu avec la participation de nombreux adhérents et administrateurs des caisses des écoles de plusieurs arrondissements. Les réactions et inquiétudes ont été nombreuses sur plusieurs points : l’absence de concertation avec les parents élus dans les arrondissements ; les conséquences en termes de qualité et de traçabilité de la massification des achats de denrées ; les risques liés à l’uniformisation des modes de paiement via Facil’Familles compte tenu des nombreux dysfonctionnements de l’outil actuellement ; l’absence d’objectifs précis en termes de contenu de l’assiette notamment sur la part relative du « bio » par rapport aux produits labellisés « développement durable ».
Associer les parents à cette réforme !
Plus globalement la crainte évoquée en commission et relayée par la FCPE Paris auprès de la Ville est celle, à court ou moyen terme, d’une délégation de service public à une société privée pour la restauration scolaire parisienne, avec passage de tous les repas en liaison froide depuis des cuisines centrales délocalisées.
Malgré les garanties annoncées à ce jour par la Ville sur le maintien des moyens de production, le maintien et la formation des personnels, les commissions menus…, la FCPE considère que trop d’imprécisions demeurent sur le périmètre du projet. Et ce d’autant qu’à la mi-avril, elle n’a toujours pas été associée aux groupes de travail censés se réunir tout au long de l’année 2016 pour structurer le schéma d’organisation et construire la nouvelle structure.
Les retours du terrain, l’expertise citoyenne
La FCPE Paris a lancé fin mars un questionnaire auprès de ses unions locales pour comparer les usages et les règles en cours dans les 20 caisses des écoles parisiennes (coût denrées alimentaires/ coût de personnel/ autres charges/représentation des parents/bonnes pratiques) pour permettre à la FCPE Paris d’établir son propre diagnostic sur le fonctionnement actuel des 20 caisses des écoles. Elle travaille également au sein de sa commission restauration à la rédaction d’une charte qualité très précise qui sera transmise à Anne Hidalgo à la fin de printemps avec une demande officielle de siéger, en tant que fédération de parents représentative, dans le comité exécutif du futur établissement public.
FOCUS
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