Tabac dans les lycées : Matignon tranche en faveur d’une interdiction stricte de fumer
Soulevée la semaine passée par le ministère de l’Education nationale, la question de l’assouplissement de la loi Evin de 1991 et du décret Bertrand de 2006 pour permettre des « pauses cigarettes » à l’intérieur des lycées afin d’éviter les attroupements non sécures devant les établissements vient d’être tranchée ce lundi 4 septembre, jour de rentrée. L’école restera sans tabac.
«A l’heure où le gouvernement va engager une campagne de lutte contre le tabagisme, et alors que la sécurité aux abords des établissements a été renforcée dans le cadre de la nouvelle posture Vigipirate Attentats, il n’est pas question d’affaiblir le décret du 15 novembre 2006 qui interdit de fumer à l’intérieur des établissements», a indiqué Matignon ce lundi. La décision a été prise par le Premier ministre Edouard Philippe à la suite d’une réunion avec la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, et Jean-Michel Blanquer.
Réglementation et pragmatisme
La loi Évin de 1991 avait posé le principe de l’interdiction de fumer dans les locaux à usage collectif, sauf dans les emplacements expressément réservés aux fumeurs et le décret Bertrand de 2006 avait étendu cette interdiction, notamment à l’enceinte des établissements scolaires, y compris les cours de récréation. Les lycéens et personnels fumeurs n’ont depuis d’autre solution que de fumer à l’extérieur.
Après les attentats de Paris en novembre 2015, le SNPDEN, syndicat majoritaire des chefs d’établissement, avait écrit au Premier ministre pour demander une adaptation urgente de la réglementation aux circonstances. Les ministères de l’Intérieur et de l’Éducation nationale avaient alors autorisé, exceptionnellement, les lycéens à fumer au sein des établissements, pendant l’état d’urgence, ce qui avait été dénoncé par le ministère de la Santé. La nouvelle circulaire mise en place après les attentats du 13 novembre 2015 remettait en cause celle de 2006 sans la citer spécifiquement, le texte disposant d’une part qu’une “attention particulière doit être portée aux abords de l’établissement, en évitant tout attroupement préjudiciable à la sécurité des élèves”, et d’autre part qu’en lycée “des zones spécifiques peuvent être aménagées au sein des établissements scolaires dans les espaces de plein air pour éviter que les élèves ne sortent du lycée pendant les interclasses”. Une subtilité qui autorisait en fait les chefs d’établissements à créer des endroits dédiés aux élèves fumeurs au fond de la cour.
En 2016-2017, de nombreux lycées avaient finalement mis en place des espaces fumeurs dans l’enceinte des établissements pour éviter à tout prix qu’un projet d’attentat vise l’attroupement des élèves fumeurs à l’extérieur des lycées à chaque pause ; ce ne sera désormais plus possible.
D’autres solutions… urgentes
Interrogé sur cette question tout à fait sensible, quand on sait qu’en 2016 un lycéen sur cinq était fumeur et que le risque d’attentats est toujours à son plus haut niveau, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb préfère réfléchir au renforcement de « dispositifs bornés » aux abords des établissements pour bloquer d’éventuels véhicules lancés à grande vitesse.
Mais du coup, il va falloir y réfléchir très vite, et mettre en œuvre les solutions sur tout le territoire tout aussi urgemment…