The Edge of Seventeen, une plongée dans les humeurs adolescentes
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De « A nos Amours » de Maurice Pialat à la « La fureur de vivre » de Nicolas Ray, la liste des films sur les crises d’adolescents est longue. L’ado, cet incompris ! «Laisse-moi tranquille ! Je veux sortir ! Lâche-moi avec les cours ! T’es lourd papa ! ». Quel parent n’a jamais subi les foudres de son enfant transformé en vrai despote : l’ado fait sa crise. Séduction et révolte, ne sont guère prises au sérieux par les adultes. L’impression d’être ridicule dans tout ce qu’on entreprend, l’incapacité à exprimer correctement ses sentiments, la volonté d’appartenir à un groupe, le sentiment de n’avoir sa place nulle part, la rupture avec l’enfance, l’adaptation au changement… complète la palette. « Mes amis, mes amours, mes emmerdes…. » chante Charles Aznavour.
Une « peste » irréconciliable avec la vie
Sorti en VOD, The Edge of Seventeen de Kelly Fremon Craig, un très beau premier film américain, empreint tout au long de l’histoire de la sensibilité de son producteur, James L. Brooks, est une chronique ciselée et profonde sur la dépression d’une lycéenne : Nadine, une adolescente de 17 ans. Hailee Steinfeld, l’actrice principale porte le rôle de Nadine avec une grande justesse de ton, elle est excellente dans ses mimiques et attitudes. Elle cisèle à merveille l’exercice de la « peste », irréconciliable avec la vie. Elle interprète le rôle de la teenager à la perfection et nous mène au pas de charge dans les dédales des péripéties du film. Depuis le début de l’école, rien ne va dans la vie de Nadine. Elle se fait maltraiter, parfois même harceler. L’école est un enfer ; elle n’a aucun ami en dehors de sa meilleure copine Krista. Son père, seulement, lui permet de sortir de la spirale, mais un beau jour, alors qu’ils mangent ensemble des cheeseburgers en voiture, il meurt subitement d’une crise cardiaque. Et alors commence une grande période d’incertitudes. Il ne lui reste plus que Krista, qui couche avec son grand frère, lors d’une soirée pyjama. Ce grand frère qu’elle n’a jamais supporté, car tout lui réussi.
De quoi pleurer et perdre les pédales
La vie de Nadine devient triste et banale. Elle s’empiffre de gâteaux, les yeux fixe dans le vide. Questionnement perpétuel, recherche d’identité, petites bêtises dont on fait toute une montagne, voilà de quoi est fait le film. Ce n’est pas juste un film sur l’adolescence, à l’américaine, dirons-nous ; avec les « clichés » habituels, avec ses énormes campus, les Cheerleaders et « Pompom girls» qui défilent, les soirées alcool et sexe au bord de la rupture, les footballeurs et les basketteurs souvent lourds qui ne pensent qu’aux petites culottes… Non. Le film nous touche car il parle de ce qui est essentiel dans la vie de Nadine. Il scrute ses choix impulsifs et ses regrets, ses changements brusques d’humeur, sa volonté de se distinguer des autres.
Cette crise qui finit toujours par finir…
Le film devient un récit d’apprentissage et Nadine se confie à son prof qui joue le jeu du conseil. Ainsi dans le film ce n’est pas la société qui évolue mais les personnages qui apprennent à modifier leur perception pour réaliser leur désir. Le professeur qu’elle imaginait vieux célibataire a des enfants et une femme et mène en dehors de l’école une vie de famille heureuse. Nadine acquiert, petit à petit, cette sagesse qui signe la fin de la crise d’adolescence : le monde entier ne changera pas pour elle et ne s’acharne pas non plus contre elle. Et elle commence ainsi à vivre avec les autres. Elle dira au couple que forme son frère et sa meilleure amie : « Passez une excellente journée ». La journée sera bonne, pour elle aussi. Un vrai départ, toute une histoire. Un film à ne pas manquer.
The Edge of Seventeen, de Kelly Fremon Craig, 2016