Tirage au sort pour entrer à l’Université : les lycéens en colère

Alors qu’il reste un mois aux bacheliers pour finaliser leurs vœux d’orientation dans l’enseignement supérieur, le gouvernement vient de publier une circulaire qui autorise le tirage au sort pour départager des candidats à l’entrée de l’université, une pratique pourtant décriée. Polémique chez les lycéens comme chez leurs parents.
En janvier, le gouvernement avait déjà tenté de légaliser ce tirage au sort avec un arrêté mais la bronca soulevée au sein de la communauté universitaire sur une pratique jugée absurde et injuste l’avait fait reculer. Thierry Mandon, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur, évoquait alors le « plus bête des systèmes », en espérant voir sa pratique diminuer, grâce à une meilleure orientation des bacheliers et aux 100 millions d’euros supplémentaires ajoutés aux budgets des établissements.
Fin de quinquennat, passage en catimini
Au printemps, on revient par la petite porte, soi-disant pour « sécuriser la procédure » et « combler un vide juridique ». Soyons clairs : la circulaire parue le 27 avril instaurant le tirage au sort dans les filières en tension à l’université est tout simplement inadmissible.
En effet, elle remet en cause le droit de s’inscrire en premier cycle universitaire dès lors que l’élève a son baccalauréat. Ce droit permet une orientation choisie par les élèves, ce qui n’est pas le cas des filières sélectives. Le manque de place à l’université ne doit pas pénaliser toute une génération désireuse d’apprendre et de se former. Le renforcement de l’accès à l’enseignement supérieur et la réussite de tous les étudiants passe par l’augmentation des moyens pour accueillir tous les jeunes dans de bonnes conditions. Dans cette perspective, la FCPE soutient la communication de l’UNEF et de l’UNL sur le sujet :
Concrètement, cette circulaire donne le droit aux universités de mettre en place le tirage au sort pour l’inscription des étudiants de première année de licence ou PACES (première année commune aux études de santé). Le texte prévoit qu’avant ce tirage au sort, les universités priorisent l’inscription des élèves selon :
- l’origine académique,
- l’ordre des vœux dans APB,
- les cas de mariage, PACS ou concubinage.
Mais s’il y a plus d’étudiants considérés comme prioritaires selon ces critères que de place dans la filière demandée, l’université peut pratiquer le tirage au sort. Les filières principalement concernées par l’utilisation du tirage au sort, sont celles dites en tension, à savoir droit, STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) et PACES (première année commune aux études de santé).
Premier pas vers la sélection à l’Université
La transition entre le lycée et l’enseignement supérieur, le droit à l’orientation choisie et à la réussite des jeunes après le bac sont des sujets sur lesquels la FCPE doit rester mobilisée avec les organisations lycéennes et étudiantes, sans pour autant prendre leur place. La représentation des parents s’arrête au lycée mais le rôle de la FCPE, en tant qu’acteur éducatif soucieux de l’avenir de la jeunesse, va au-delà. Dès la mise en place du nouveau gouvernement, la FCPE demandera avec les organisations lycéennes et étudiantes la suppression de cette circulaire et l’augmentation des moyens dédiés à l’enseignement supérieur.
Car comme le rappelle l’UNEF, « autoriser ainsi le tirage au sort, c’est un premier pas vers la sélection à l’université, alors que l’urgence est de lui donner les moyens financiers d’accueillir tous les bacheliers, et de développer des cursus plus progressifs afin d’éviter ces engorgements et de lutter contre l’échec ».