Touche pas à mon brevet 2017 !

D’après le site letudiant.fr, le ministère de l’Éducation nationale concocte une nouvelle version du Diplôme national du brevet (DNB). Les nouvelles modalités seraient appliquées dès les épreuves de juin 2018. Ce projet ne correspond pas aux informations d’ores et déjà diffusées aux familles et aux élèves.
Six semaines ! C’est, en général, la durée des temps d’enseignements entre deux périodes de vacances scolaires. Six semaines ! C’est le temps qu’il aura fallu au ministère de l’Éducation pour mettre dans les tuyaux une réforme qui, fidèle aux déclarations du locataire de la rue de Grenelle, n’est ni présentée ni assumée pour ce quelle est. Alors que dans tous les collèges les personnels de direction et les équipes enseignantes ont présenté aux familles et aux élèves quelle sera l’organisation des enseignements et de la vie dans les établissements pour l’année scolaire 2017-2018, « L’Etudiant » a publié sur son site, le 9 octobre 2017, une information inédite : « Exclu. Collège : (encore) un nouveau brevet en préparation pour 2018 » ! Ce texte sera présenté ce mercredi 11 octobre 2017 en commission spécialisée préparatoire au Conseil supérieur de l’Éducation. La FCPE Paris ne peut que s’étonner de l’existence de ce projet et de la rapidité avec laquelle ministère souhaite sa mise en œuvre.
D’après letudiant.fr, le Diplôme national du brevet (DNB) que le ministère souhaite faire passer aux élèves de troisième dès le mois de juin 2018 ne correspondra pas à ce qui a été présenté aux familles et aux élèves par les principaux et les principales et les équipes enseignantes. Le DNB 2017 compte quatre épreuves écrites (français, histoire-géographie-enseignement moral et civique, mathématiques et chimie) et une épreuve orale portant sur une activité réalisée en EPI, la présentation du stage réalisé en entreprise ou un des parcours suivi au collège (artistique et culturel, avenir ou citoyen). A noter que l’épreuve orale peut être présentée dans l’une des langues étudiées par l’élève. Le contrôle continu était, lui, pris en compte par l’évaluation des maîtrises de compétences du socle commun. Au final, les épreuves écrites comptent pour au maximum 200 points, l’oral 100 points et l’évaluation des compétences 400 points. L’élèves obtient son brevet s’il atteint 350 points.
Selon letudiant.fr, le DNB version 2018, comptera cinq épreuves écrites (français, histoire-géographie-enseignement moral et civique, mathématiques, physiques-chimie, sciences de la vie et de la terre et technologie). L’épreuve orale serait maintenue mais ouverte à l’histoire des arts. Laissant ainsi entendre que dans sa version 2017 le DNB avait hermétiquement fermé la porte à l’expression orale des élèves sur les arts. Comme si les élèves étaient empêchés de traiter des arts et de leur histoire. A moins que le ministre n’espère que les élèves en fin de troisième soient nombreux à présenter à l’oral du brevet la fédératrice activité de chorale mise en place prestissimo à la rentrée 2017 ? Dans la version du DNB en cours de préparation, le maximum de points possible sera de 800. Pour être diplômé, l’élève devra avoir obtenu 400 points, les épreuves finales écrites et orale comptant pour 400 points. D’après letudiant.fr, le ministère souhaite « rééquilibrer le poids des épreuves terminales », qui auparavant n’étaient prises en compte que pour 300 points.
Quelles priorités pédagogiques ?
Pour la FCPE Paris, ces modifications dans l’organisation, le suivi des enseignements et les modalités d’appréciation et de notations des épreuves d’un diplôme national suscitent des interrogations. Au premier rang desquelles celles de la modification du nombre des épreuves et de leur organisation. Les modalités des épreuves du DNB version 2017 avaient été clairement définies par une note de service du 6 avril 2016 publiée au « Bulletin officiel de l’Éducation nationale » (Diplôme national du brevet – Modalités d’attribution à compter de la session 2017). Dès la rentré 2016, les élèves, leurs familles et les équipes pédagogiques avaient connaissance des conditions et des modalités de passage des épreuves et des barèmes qui seraient appliquées. Aujourd’hui, le ministère prétend changer en cours de route — et d’année scolaire — les conditions de préparation des élèves, les modalités de passage des épreuves, et les conditions d’organisation de ces dernières dans les centres d’examens. A quelles priorités et à quels projets pédagogiques répond cette précipitation ? Pour l’heure, il est difficile voire impossible de répondre à ces interrogations. Si ce n’est, peut-être la crainte de la rue de Grenelle de voir sourdre une revendication d’enseignants qui pourraient considérer que leur discipline serait dévalorisée par l’organisation du DNB version 2017. Le ministre anticipe-t-il une riposte à une levée de boucliers qui ne s’est pas encore produite ? Ou craint-il de ne pas avoir le temps de mettre en œuvre une réforme bien plus en profondeur des enseignements et des diplômes ?
Une nouvelle marche forcée
Pour la FCPE Paris, cette nouvelle marche forcée constitue un coup de bélier dans les enseignements et les accompagnements à l’apprentissage et à la pratique de la citoyenneté. Dans la circulaire de rentrée 2017, publiée par le ministère de l’Éducation nationale en mars 2017, il est clairement dit que : « À partir de la rentrée scolaire 2017, la remise du livret citoyen constitue une étape importante du parcours citoyen de l’élève. Ce livret met en évidence les connaissances de l’élève et sa prise de conscience progressive de ses droits, de ses devoirs, de ses responsabilités, du sens de ses engagements, à l’École et en dehors de l’École. Il lui est remis lors de la cérémonie républicaine de fin de scolarité obligatoire, au cours de laquelle peut également lui être remis le Diplôme national du brevet (DNB). Il accompagne l’élève dans les futures étapes de son parcours citoyen et présente également les perspectives et les obligations de sa vie citoyenne. » Certes, monsieur Blanquer pourra toujours rétorquer qu’il n’est pas l’auteur de cette circulaire. Ce texte présent au moins l’intérêt de relier l’Éducation national, la citoyenneté et les devoirs de chacun au sein de la République. Comment, nous, parents d’élèves, allons-nous pouvoir accompagner nos enfants dans les premiers temps de leur vie de citoyens de République française, si le ministre de l’Éducation nationale s’arroge la possibilité de modifier les conditions de formation, de préparation et les modalités d’obtention d’un diplôme national auquel ils ont obligations de se présenter ?
Le respect des règles
Le projet de la rue de Grenelle, qui sera présenté lors du Conseil supérieur de l’Éducation du 19 octobre 2017, pourra être amendé. Bien évidemment, le ministère de l’Éducation nationale peut ne tenir aucun compte des amendements demandés. Pour sa part, la FCPE Paris consacrera toute sa vigilance et manifestera son opposition à toute tentative de passage en force pour modifier les modalités d’organisation des enseignements, de préparation et de présentation des élèves de troisième aux épreuves du brevets national des collèges qui modifieraient ou contreviendraient aux informations qui ont d’ores et déjà été transmises et largement diffusées auprès des familles. On ne change pas les règles du jeu en cours de partie !