Une Dotation Horaire Globale (DHG) en baisse historique en 2021 dans le 2nd degré
Le Rectorat a communiqué aux fédérations de parents les éléments de la prochaine dotation horaire globale (DHG) qui déterminera le nombre d’enseignants affectés à Paris pour la rentrée 2021.
Malgré les très grandes difficultés de remplacement des enseignants faute d’un vivier suffisant, les classes surchargées et des effectifs stables à Paris, l’Académie perd 99 ETP (Equivalent Temps Plein) !
Si on ne compte pas une compensation par des HSA (Heures supplémentaires année), ce sont même 156 postes qui sont supprimés (-156 ETP), avec la menace planante que cela ne soit qu’un début !
Le Rectorat explique qu’il faut s’aligner sur les Académies voisines qui sont encore plus mal loties que nous et vivent une crise profonde : la FCPE Paris dit non au nivellement par le bas !
La DHG, c’est quoi ?
La DHG est une enveloppe d’heures attribuée à chaque établissement scolaire du second degré par l’Inspection Académique (pour les collèges) ou par le Rectorat (pour les lycées), en fonction des effectifs prévus, des spécialités proposées dans le cadre de la réforme du bac, des options et des diverses voies d’orientation (après la seconde). Elle se compose d’heures postes (HP), correspondant aux postes fixes implantés dans les établissements et à des moyens provisoires (des heures supplémentaires années (HSA), des heures supplémentaires (HSE) ainsi que des indemnités pour missions particulières (IMP)).
Sur la base du rapport H/E (heures par élève) qui peut varier suivant les sections, les niveaux, la taille des établissements, chaque établissement reçoit une dotation horaire globale (DHG) pour organiser les enseignements obligatoires, optionnels, et éventuellement de soutien.
Une démographie stable dans le secondaire qui ne justifie pas cette baisse !
Les effectifs des élèves parisiens sont quasi stables (- 0,01 d’écart par rapport à la rentrée précédente). On aurait pu s’attendre à une DHG stable, voire en augmentation étant donné le contexte sanitaire que vivent les élèves et les personnels depuis maintenant presque un an. Cette dotation ignore superbement les problèmes d’affectations en collèges et lycées qui ont laissé en attente plus de 1.000 élèves entre juin et octobre 2020. Elle ignore le contexte épidémiologique et le besoin de remplacement des enseignants malades ou fragiles. Elle ignore le besoin de soutien scolaire très élevé pour des élèves décrocheurs ou ayant souffert du manque de continuité pédagogique.
Le Rectorat annonce la suppression de 156 équivalents temps plein, ce qui dans les faits se traduit par encore plus de postes d’enseignant supprimés (temps partiels, décharges). C’est la baisse la plus élevée de France, alors même que l’Académie de Paris demeure la plus inégalitaire et ségréguée de France. Elle est compensée en trompe l’œil par des HSA et heures complémentaires qui ne sont accordées que pour un an afin de ramener la facture globale à – 99 ETP et (un peu mieux) faire passer la pilule.
Baisse en collège
Concrètement, le Rectorat annonce la suppression de 32 ETP en collège, dont la fermeture de la SEGPA (section d’enseignement général et professionnel adapté) à Jacques Prévert dans le 6ème arrondissement, alors même que le Rectorat dit œuvrer pour l’orientation en voie professionnelle et l’accompagnement des élèves les plus en difficulté. Cette diminution est incompréhensible quand on connait les difficultés que le Rectorat a eu pour affecter tous les élèves en 6e l’année dernière.
Pour les collèges, le Rectorat annonce amortir au maximum la baisse pour les établissements aux IPS (Indice de Position Sociale) les plus faibles. Selon le Rectorat, pour 20% des collèges le calcul de l’IPS va permettre une augmentation de leur marge. Cela signifie donc que pour 80% des collèges parisiens, la dotation va rester stable ou diminuer, parfois très significativement, malgré les besoins constatés sur l’Académie !
Baisse en lycée professionnel
Les lycées professionnels perdent 41 ETP, ce que le Rectorat justifie par la baisse de l’orientation en voie professionnelle. Il est à craindre que l’Education nationale ne soutienne pas les lycées professionnels publics et que les lycées privés soient favorisés à la fois par le ministère de tutelle et la Région ! La FCPE Paris s’oppose à la privatisation de l’enseignement professionnel et milite pour le maintien d’une offre publique de qualité pour tous les élèves parisiens qui choisissent cette voie.
Par ailleurs, ne sont pas reconduits les postes qui devraient être financés par la Région dans certaines formations professionnelles qui étaient financées par le Rectorat afin de soutenir l’offre éducative dans certains lycées. Ce sont ainsi 19 ETP dédiés à des établissements telles que l’IFSI Rabelais (Institut de Formation en Soins Infirmiers), des formations de puéricul·teurs·trices et de travaill·eur·euse·s soci·aux·ales qui ne seront plus financées. Dans le contexte actuel où ces métiers “de première ligne” sont essentiels, pourquoi priver des jeunes de ces formations dans une école publique et gratuite ?
Baisse en lycée général et technologiques
Les lycées généraux et technologiques perdent 42 ETP. Cela va avoir des conséquences directes sur les enseignements enseignants de langues et de sciences qui ne pourront plus être organisés en demi groupe, alors que les enseignants en ont besoin pour assurer des cours de qualité et être au plus près des besoins d’apprentissage des élèves !
Le Rectorat indique que les établissements disposent d’une marge d’autonomie pour faire des choix, or, cette année, il y a 9% de moins sur la marge académique en lycée. Les difficiles arbitrages lors des conseils d’administration vont se durcir pour par exemple, ouvrir des options en langue anciennes ; pour le nombre de places proposées aux élèves pour les options de maths complémentaire ou expert en terminale, pour les dédoublements dans certaines classes très chargées, pour les heures de soutien et les heures dédiées à l’orientation… Des tensions dans les équipes éducatives sont à craindre. Les DHG en classes préparatoires sont également réduites, sans que la baisse ait été chiffrée par le Rectorat à ce jour.
Selon le Rectorat, la diversité des combinaisons de spécialités ne devrait pas être affectée, et certaines spécialités continueront à être ouvertes pour 5 élèves. Cette année, les lycées parisiens proposent 228 combinaisons distinctes pour les spécialités. Dans le même temps, le Rectorat note que les enseignements optionnels sont moins choisis par les élèves car certaines options perdent de leur attractivité du fait de la réforme du Bac ! Il s’agit donc de faire reposer sur les élèves et leurs parents la responsabilité de la baisse de l’offre éducative, alors même que tout est mis en œuvre pour dissuader les élèves de suivre un enseignement diversifié ! Le Rectorat affirme ainsi, sans sourciller, que le nouveau bac diminue l’attractivité de certaines disciplines, ce qui ne semble pas les gêner le moins du monde. La FCPE Paris sera très attentive au bilan des combinaisons proposées pour 2021.
Dotation stable des ULIS cette année mais sous menace dans le futur
Selon le Rectorat, les Ulis sont “surdotés” à Paris : 25 heures sont attribuées par semaine alors que le règlement n’en impose que 21 heures. Selon le Rectorat, l’Académie de Paris bénéficie de 400 heures supplémentaires pour les ULIS par rapport à d’autres académies et le Recteur aurait décidé de les préserver. Par ailleurs, le Rectorat considère que les AESH (accompagnant d’élève en situation de handicap) en Ulis ne sont pas correctement déployés et parfois en surnombre. Cela ne correspond absolument pas à nos retours de terrain où c’est plutôt le manque chronique d’AESH – environ 300 – qui est quotidiennement dénoncé ! De nombreux élèves, qui devraient bénéficier d’une AESH individuelle, sont contraints de partager une AESH collective, et les avis de la MDPH en termes d’heures attribuées ne sont souvent pas respectés.
Une rationalisation des DHG et une suppression des privilèges « historiques » ?
Certains collèges et lycées ont acquis des dotations spécifiques au cours des années, grâce aux mobilisations des parents et des enseignants, au charisme de leur principale ou proviseur… Tant bien que mal (plutôt mal), les collèges et lycées parisiens tentent de survivre dans ce mouvement perpétuel de baisse de DHG.
Depuis l’arrivée de Monsieur Blanquer au Ministère de l’Education nationale, la priorité a été donnée au 1er degré, et ce malgré une baisse démographique. Cependant cette réforme s’est faite à moyens constants, c’est à dire qu’il a été nécessaire de dédoubler les enseignants en CP et CE1 dans les écoles de REP et REP+, puis depuis cette année en Grande Section de maternelle, et ce sans aucune création de poste. Ce sont les élèves du second degré qui ont directement subi les conséquences de cette politique : de moins en moins d’heures sont attribuées aux collégiens et lycéens. Ce qui est donné au petit frère est en réalité enlevé à la grande sœur.
La rationalisation a sûrement du bon, mais le problème est que celle-ci se fait dans un contexte de baisse massive et de nivellement par le bas ! La crainte est que cette baisse se poursuive sous prétexte d’IPS moyen élevé à Paris, même si le Rectorat affirme qu’il sera particulièrement attentif aux petits établissements et à ceux qui ont un IPS bas.
Conséquences sur l’offre éducative
Le directeur d’académie reconnait que l’offre éducative sera réduite dans certains collèges et lycées et que ceux-ci devront faire des choix… Il questionne ouvertement la mise en œuvre des dédoublements. Si plus aucune marge de manœuvre n’est possible, c’est l’autonomie des établissements qui est en réalité remise en cause !
La diminution des ETP pourrait paraitre être essentiellement un problème concernant les enseignants. Il faut être lucides : si le taux d’encadrement diminue, s’il n’y a pas de dédoublement de classe possible en sciences et en langues, si des options ne sont plus mises en œuvre pour permettre à l’ensemble des élèves d’avoir des conditions de cours tout simplement décentes, la DHG est également le problème des élèves et des parents. La plus forte crainte est sur les dédoublements de classe et les options qui vont pâtir de la baisse drastique de la DHG. En effet, cela signifie simplement la dégradation des conditions d’enseignement permettant à tous les élèves de progresser, notamment dans des établissements hétérogènes. Une très forte inquiétude est également légitime quant au maintien de l’attractivité des établissements publics qui verront leur offre éducative diminuer. Ainsi, un accès équitable de tous les élèves à l’offre éducative ne pourra plus être garanti.
Mobilisons-nous !
Le Rectorat annonce qu’aucune négociation ne sera possible malgré les audiences des délégations, mais que les établissements seront tout de même reçus !!!!
La politique de diminution de dotation des établissements publics par le Ministère de l’Education nationale est dramatique !
La FCPE Paris appelle tous les parents d’élève à se mobiliser le 23 janvier Place d’Italie à refuser l’enseignement à plusieurs vitesses : le ministre brade l’Education nationale, la détruit avec des coupes franches dans les budgets, la mise en place d’un enseignement dégradé dans les collèges et lycées publics.