Une école plus inclusive pour une société plus riche de sa diversité !
La FCPE Paris a organisé, le 23 mars dernier, dans la cité scolaire Jean-Baptiste Say (XVIème arr.), un Samedi de l’Education consacré à « L’école du 21ème siècle : valoriser et accepter les différences ». Cet événement, à l’image de son intitulé, rassemblait des professionnels aussi divers qu’un adjoint à la Maire de Paris, un conseiller technique du recteur, un sociologue, une orthophoniste et une psychologue, ainsi que des adhérents FCPE, administrateurs ou pas, face à une centaine de parents parisiens. Voici les idées fortes ayant émergé des échanges qui ont eu lieu.
La classe homogène est une utopie vers laquelle il serait illusoire de tendre : accepter les différences et les valoriser serait au contraire la source d’une grande richesse pour notre système scolaire, qui permettrait en outre de mener vers une société plus inclusive. La loi de février 2005 sur le handicap va dans ce sens et, si tous les intervenants s’accordent à dire que les progrès ne sont pas suffisants, on compte aujourd’hui 10 fois plus d’élèves en situation de handicap scolarisés qu’il y a 15 ans.
Il faut toutefois rester vigilants car certains enfants scolarisés ne sont absolument pas intégrés dans l’école, et restent dans le fond de la classe, en relation duelle avec leur AVS.
Par ailleurs, scolariser un enfant différent implique également de l’accueillir de façon adaptée sur le temps périscolaire : dans ce sens, à Paris, des formations sont proposées aux animateurs, et des CLAP, centres de loisirs accueillant à parité des enfants tout-venant et en situation de handicap, commencent à ouvrir dans notre ville.
Une réelle inclusion scolaire et sociale permettrait aux familles dont un enfant est porteur de handicap de sortir de l’isolement dans lequel elles sont le plus souvent plongées. Un des symptômes de cet isolement est l’accumulation de nombreux sigles et acronymes qui rendent le discours sur l’école inclusive incompréhensible à tout parent n’étant pas confronté à ce problème.
Autour d’un enfant à besoins particuliers, généralement perçu comme plus vulnérable qu’un enfant ordinaire, deux logiques contradictoires s’affrontent : celle de l’inclusion et celle de la protection, cette dernière conduisant vers un environnement spécialisé, qui s’adaptera mieux aux particularités de l’enfant, du fait du manque cruel de souplesse du système éducatif tel qu’il existe dans notre pays. Il existe pourtant des dispositifs spécialisés installés dans les écoles de quartier, qui se développent de plus en plus : les UEE (unités d’enseignement externalisées). Outre l’avantage de générer une mixité dans la cour de l’école, tout en proposant des effectifs et une pédagogie adaptés aux spécificités des élèves, ces UEE créent des passerelles entre le monde du soin et celui de l’éducation, permettant à des professionnels d’horizons différents d’échanger et d’apprendre les uns des autres, dans l’intérêt de l’enfant qui est à la fois un élève et un patient.
L’école de Jules Ferry s’est constituée, avec l’héritage du siècle des Lumières, comme un instrument de distinction au mérite, permettant à la République de créer une nouvelle élite – sur un mode différent de la distinction selon la naissance, en cours sous l’Ancien Régime. Ainsi, le système scolaire français n’est-il pas conçu pour accueillir et valoriser les différences, mais pour faire émerger une hiérarchie entre les élèves selon leur niveau scolaire. Les chercheurs du XXème siècle ont démontré que l’Education Nationale entretient les inégalités sociales : l’origine sociale des élèves pesant plus lourd dans leur parcours scolaire que leur handicap éventuel.
En fin de matinée, deux professionnelles ont pu présenter des dispositifs pédagogiques innovants, s’adressant à des populations bien précises :
- l’URNI (Unité de Rééducation Neurologique Infantile) au sein de l’Hôpital du Kremlin-Bicêtre, permet à des élèves parisiens dyslexiques sévères de progresser dans le langage écrit et de réintégrer le système scolaire ordinaire après 1 ou 2 an(s) de prise en charge. Un travail de thèse réalisé auprès de jeunes adultes ayant fréquenté la structure a démontré une très bonne intégration professionnelle et sociale de ces anciens élèves en grande difficulté ;
- les ateliers-classe PREAUT accompagnent les enfants présentant des troubles du spectre autistique grâce à un environnement adapté et des moyens de communication alternatifs et augmentés, avant une scolarisation en ULIS ou dans l’école de quartier. Une recherche scientifique est en cours sur l’efficacité de ce dispositif.
Si l’on peut regretter que ces unités d’enseignement ne fassent pas partie de l’Education Nationale, elles assurent un rôle pédagogique inestimable, et aident le plus souvent à une intégration réussie, dans un second temps, dans le système scolaire ordinaire.
D’autres propositions existent, répondant à des difficultés précises : elles pourraient être généralisées après avoir fait preuve de leur efficacité, et entrer dans l’Ecole sous forme d’UEE, ou servir de modèle à des ULIS.
Selon la définition de ce mot récent (il date de 1967), le « handicap » vient du fait que la personne ne peut s’adapter à son environnement. Ainsi, il suffit d’installer un plan incliné ou un ascenseur pour qu’une déficience motrice ne se transforme pas en handicap. On peut donc, dans l’enseignement comme dans la société, agir sur l’environnement pour diminuer, voire faire disparaître, le handicap ! Au lieu d’être dans une logique de compensation, faisons tomber les barrières, les entraves à l’inclusion de tous.
A l’école, cela peut par exemple passer par des locaux accessibles, des effectifs limités à 25 élèves dans toutes les classes (20 en REP), une ASEM par classe dans toutes les écoles maternelles, des RASED de qualité avec un nombre suffisant de professionnels, mais aussi par une formation plus complète pour TOUS les enseignants (pas seulement les enseignants spécialisés) : toutes ces propositions ont fait l’objet de motions votées, pour la plupart à l’unanimité, lors des congrès de la FCPE Paris.
Une école plus inclusive pour une société plus riche de sa diversité, c’est l’idée qui a été défendue ce samedi 23 mars, et qui continuera à être portée par la FCPE Paris.