Violences policières : le débat public doit impliquer la jeunesse
Manifestants violentés durant les rassemblements contre la loi Travail, affaire du lycée Bergson, Adama Traoré puis Théo… Les violences policières sont-elles plus nombreuses aujourd’hui qu’elles ne l’étaient hier ou a-t-on enfin décidé d’en faire un objet de débat public ? Comment et pourquoi il faut absolument impliquer la jeunesse…
S’il est très difficile de quantifier le nombre de violences policières en France car aucun outil ne permet de les lister et que seules celles recensées via des institutions, des médias ou des vidéos sont connues, il semble évident que notre rapport à ces violences a changé. Pour nous parents, l’inquiétude est grande aussi de voir se dégrader les relations jeunesse-police (dans les manifestations comme au quotidien) et se détériorer l’image de la police au sein de la jeunesse, que l’on soit « dans les quartiers » ou au cœur de Paris.
Que répondre à nos enfants, directement concernés ou témoins, qui vivent, constatent ou relatent des abus de pouvoir et des violences policières ? Comment les/nous aider collectivement à sortir d’un débat trop (com)passionnel pour les/nous amener à une posture de responsabilité : exiger et participer à un vrai débat public sur les violences institutionnelles.
Plus globalement, c’est une vraie crise de confiance vis-à-vis de l’Etat de droit qui se joue là tant l’institution judiciaire peine singulièrement à mettre en œuvre la répression des actes commis par les personnes dépositaires de l’autorité publique, comme le rappelle utilement le Syndicat de la Magistrature dans son communiqué du 15 mars 2017.
Nous, parents d’élèves réunis en fédération, devons poursuivre nos actions de lanceurs d’alerte chaque fois que les droits de nos enfants-élèves sont bafoués. La situation était emblématique l’an dernier à Bergson ; elle montre l’importance de notre présence, de nos actions et de nos interventions auprès des pouvoirs publics, de la justice, dans les médias, aux côtés des défenseurs des droits et des libertés publiques.
Notre rôle est aussi de permettre à nos jeunes de comprendre la complexité de ce qui se joue dans les rapports police-jeunesse. Et en cela l’institution scolaire devrait mieux s’investir aux côtés des familles pour aider au décryptage global, à la lutte contre les stéréotypes de part et d’autres, à l’information sur les droits et devoirs de chacun.
L’Etat doit trouver les moyens d’expliquer à ses agents comme à ses usagers, et surtout aux citoyens en devenir que sont les collégiens et les lycéens, que l’usage illégitime de la violence par certains professionnels auxquels l’Etat confie des prérogatives, des armes et des responsabilités ne saurait être toléré sans ébranler les fondements du vivre ensemble. Et c’est effectivement en jugeant de manière équitable et impartiale ces atteintes que la justice participe à la paix sociale, à la dignité et à la justice égale pour tous. Comme c’est en mettant des mots sur ces exigences que les responsables politiques auront une chance de se réconcilier avec la jeunesse, notamment.
Le 18 février 2017, la FCPE Paris était présente place de la République pour demander le respect de l’Etat de droit et une police pleinement républicaine dans laquelle la jeunesse puisse avoir confiance. Nul doute que beaucoup de parents participeront également le 19 mars prochain à la Marche pour la Justice et la Dignité…