Paris : des profs toujours remontés contre la semaine de quatre jours et demi
Selon une consultation menée début juin par six syndicats enseignants, 98 % des 3 800 professeurs qui ont donné leur avis sont opposés aux rythmes scolaires adoptés depuis 2013. La Ville refuse de tout « chambouler ».
Article publié par le Parisien le 26 juin 2018
Selon une consultation menée début juin par six syndicats enseignants, 98 % des 3 800 professeurs qui ont donné leur avis sont opposés aux rythmes scolaires adoptés depuis 2013. La Ville refuse de tout « chambouler ».
A la rentrée, 70 % des communes françaises seront repassées à la semaine de quatre jours, comme les y autorise le décret Blanquer signé il y a un an. Mais à Paris, première ville à avoir adopté la semaine de 4,5 jours en 2013, l’Hôtel de Ville ne veut pas remettre en cause cette réforme phare du quinquennat Hollande. Au grand dam des profs parisiens. Ce mercredi après-midi, ils sont appelés à se rassembler devant le rectorat, place de la Sorbonne (Ve) par six syndicats enseignants, pour dire tout le mal qu’ils pensent de la semaine de 4 jours et demander la réouverture du débat.98 % des enseignants ayant voté sont contre
« On espère que la mairie nous entende enfin et que le rectorat soutienne les enseignants dont ils ont la charge, confie Jérôme Lambert, secrétaire départemental du Snuipp-FSU 75 (majoritaire dans le premier degré). Ils ne peuvent pas avoir raison contre tout le monde ». Et de brandir les résultats d’une consultation inédite menée par les six syndicats pendant les deux premières de juin. Sur les 3 800 professeurs des écoles qui se sont exprimés dans 402 écoles publiques parisiennes (sur 663), 98 % se sont dits opposés à la semaine de 4,5 jours et 79,5 % favorables à un retour pur et simple à la semaine de quatre jours.
Bref, un rejet « énorme » estime Jérôme Lambert. « Sur le fond, les enseignants répètent la même chose depuis 2013. Il y a une confusion entre le temps périscolaire et le temps scolaire qui a perdu de sa centralité. Les conditions d’enseignement et d’apprentissage sont dégradées. Et tous nos collègues disent que les enfants sont fatigués ». Le syndicaliste demande donc que tous les professeurs soient consultés sur le sujet à la rentrée prochaine. « Il faudra que l’avis majoritaire qui en sortira soit appliqué à la rentrée 2019 ». Une consultation des instits (et des familles) est également réclamée ce mardi par le groupe LRI au Conseil de Paris.
Ce n’est pas une demande des parents », selon la Ville
Mais à l’Hôtel de Ville, le débat semble déjà tranché. « On ne reviendra pas sur les rythmes car ce n’est pas une demande des parents, assure un porte-parole. On ne va pas leur imposer de chambouler leur organisation en revenant sur un dispositif reconnu partout comme très qualitatif, y compris par le ministère. »
La Ville met ainsi en avant ses 16 000 ateliers périscolaires proposés deux fois par semaine (les mardis et vendredis après-midi), suivis par plus de 85 % des 131 000 écoliers parisiens et pour lesquels elle a recruté 2 000 animateurs supplémentaires. « Dans un rapport du mois dernier, la Chambre régionale des comptes a salué la progression qualitative qui a concerné l’ensemble des prestations scolaires et périscolaires de la Ville de Paris depuis 2013 » plaide la mairie. Sollicité, le rectorat n’a pas souhaité réagir sur le sujet des rythmes scolaires « prérogative de la Ville ».
Des parents d’élèves plutôt satisfaits
Majoritaire dans la capitale et favorable aux rythmes scolaires adoptés en 2013, la fédération de parents d’élèves FCPE 75 tire un bilan plutôt positif de la semaine de 4,5 jours, cinq ans après sa mise en œuvre à Paris. « Cela semble convenir aux parents, reconnaît son vice-président Jean-Jacques Renard. On sait que l’on fait apprendre plus de choses aux enfants le matin, donc cinq matinées de classe, c’est mieux. Quant aux ateliers périscolaires, ils sont souvent très intéressants même si l’on continue de demander une organisation plus adaptée pour la maternelle ». Du côté de la PEEP Paris, son président Samuel Cywie admet que « la situation est meilleure qu’au début ». Mais il « regrette profondément que la mairie n’ait pas souhaité rouvrir le débat et mené une étude scientifique sur l’impact des nouveaux rythmes sur les capacités d’apprentissage des enfants, leur fatigue et sur le climat scolaire. Du coup, chacun reste dans son idéologie de départ et la discussion n’avance pas. C’est une vraie déception ».