Affelnet 2017 : gros malaises et peut-être des solutions
L’académie de Paris a demandé aux principaux des collèges et aux proviseurs des lycées « d’accompagner les familles » en vue du second tour Affelnet. Depuis vendredi 30 juin 2017 au soir, une partie des parents d’élèves parisiens est vent debout contre les décisions d’affectation pour la rentrée en classe de seconde. Ces annonces leur ont été faites in extremis, à l’issue des épreuves du Brevet national des collèges. Immédiatement, des demandes d’explications et des plaintes ont été remontées à la FCPE Paris par les conseils locaux, les unions locales ou les parents directement. Face à cette levée de boucliers, la FCPE Paris a immédiatement demandé au Rectorat des informations et des données.
Il aura fallu attendre quelques jours avant de voir l’Académie de Paris réagir face aux incompréhensions et aux manifestations de mécontentement exprimés par les familles suite aux décisions d’affectation en classe de seconde pour la rentrée 2017. Les services du boulevard d’Indochine ont ainsi demandé aux personnels de direction des lycées (proviseurs) et des collèges (principaux) de prendre en compte les demandes qui leur seront formulées.
L’académie a invité les principaux des collèges à rencontrer les familles dont les enfants n’ont pas reçu d’affectation, afin de les « accompagner dans la formulation de leurs vœux pour le deuxième tour Affelnet ». Pour les dossiers concernant une demande d’affectation en 2 GT, les familles doivent impérativement choisir le lycée du district dont dépend l’élève. Cette disposition, dit l’académie, permettra de mesurer « dans chaque district les demandes confirmées ». Vu le nombre restreint de lycées possibles, les familles qui le souhaitent peuvent formuler un recours pour solliciter une affectation dans un établissement demandé au premier tour.
Pour les élèves ayant été affectés au premier tour d’Affelnet mais qui souhaitent formuler un recours, l’académie indique que, simultanément à l’inscription dans le lycée d’affectation, les familles peuvent déposer un recours auprès du proviseur de l’établissement d’accueil. Les services académiques précisent que l’affectation qui sera prononcée à l’issue de l’examen du recours s’appuiera sur les vœux initialement formulés et en fonction des places encore disponibles dans les établissements en question. Les principaux et les proviseurs transmettront ensuite les demandes à l’académie, qui espère pouvoir les traiter le plus rapidement possible.
À la fin de chaque année scolaire, les décisions d’affectation en seconde causent de mauvaises surprises et génèrent des mouvements d’humeur, celle qui s’achève a été marquée par des nouveautés et des transformations majeures du système Affelnet.
observation générale : « De l’anticipation aurait été appréciée »
La nouvelle version du système Affelnet qui a « tourné » fin juin prenait en compte des mesures intégrées à la réforme du collège, comme le passage de la notation à l’évaluation des compétences pour le socle commun et les sept champs disciplinaires. Dès les réunions du groupe de travail sur Affelnet, qui ont eu lieu au cours de l’année scolaire 2016-2017, une interrogation était apparue et la FCPE Paris l’avait exprimée devant les représentants de l’académie et des représentants des personnels de direction des établissements : les effets de l’introduction de cette nouvelle modalité d’appréciation de la progression scolaire des élèves avaient-ils été anticipés ? Quelle assurance serait donnée aux élèves et aux parents d’élèves sur l’application uniforme de ce nouveau barème pour l’ensemble de l’Académie de Paris ? Aucune réponse précise n’avait été apportée à ces questions pourtant essentielles puisque des différences de pratiques pouvaient avoir des conséquences sur l’affectation des élèves en lycées. Cette opacité dans la communication de l’académie est pour beaucoup dans les situations de stress vécues par les élèves et leurs familles.
Barèmes : « Doit clairement exprimer ses choix »
Face à ces nouveautés, les chefs d’établissements et les équipes pédagogiques ont tenté d’appliquer intelligemment les nouvelles consignes et les nouveaux barèmes. Pourtant, lorsque les familles ont eu connaissance de l’affectation des élèves, et lorsque les « décisions » ne correspondaient pas aux vœux exprimés, elles ont été nombreuses à se demander si, effectivement, d’un collège l’autre, le barème appliqué avait bien été le même. Des collèges ont-ils « surévalué » les compétences de leurs élèves, leur facilitant ainsi une affectation sur leurs premiers vœux ? L’évaluation des compétences a-t-elle été uniforme au sein d’un même district ? Le même barème a-t-il été appliqué à tous les élèves d’un même collège ? Y a-t-il eu des différences entre élèves boursiers et non boursiers ? Au sein d’un collège ou d’un district ? Aucune explication, aucune réponse ne peut, à ce jour, être apportée à ces interrogations. Face à tant d’opacité, de nombreux élèves et leurs familles sont aujourd’hui plongés dans l’incompréhension, le doute, la défiance et le désarroi.
Affectations : « Le robot fait-tout »
Malgré les manifestations d’incompréhension des parents d’élèves, le Rectorat estime qu’Affelnet a bien fonctionné cette année, que rien d’anormal n’a été constaté – si ce n’est une légère augmentation du nombre d’élèves non-affectés au premier tour pour l’accès à la voie générale et quelques cas de collèges qui méritent qu’une attention particulière leur soit portée – et que la répartition des boursiers dans les lycées de la capitale correspond aux résultats espérés.
Qu’en est-il au juste pour les 16958 élèves qui espéraient recevoir une affectation en voie générale ou en voie professionnelle à l’issue de ce premier tour d’Affelnet ? Les données consultées par la FCPE Paris sont sans appel : ce premier tour d’Affelnet a permis d’affecter en 2 GT 12024 élèves et 4253 en 2 Pro ou CAP, soit près de 96% des collégiens de troisième. Comme les années passées, ces résultats sont très satisfaisants pour l’académie, dont l’objectif est d’affecter le plus rapidement possible le plus grand nombre d’élèves.
Résultats du premier tour d’Affelnet juin 2017 pour l’accès en 2 GT | |||||
Affectés | Sur les trois premiers vœux |
Sur les trois derniers vœux |
Non-affectés | ||
Paris | 12024 | 10101 84,01%* | 868 7,22%* | 224 | |
District Ouest | 2361 | 2061 87,29%* | 163 6,9%* | 27 | |
District Nord | 2626 | 2268 86,38%* | 140 5,33%* | 37 | |
District Est | 4201 | 3148 74,93%* | 517 12,31%* | 126 | |
District Sud | 2836 | 2624 92,51%* | 48 1,69%* | 34 | |
*Taux d’élèves affectés Source : Académie de Paris |
Pour l’accès à la voie professionnelle (2 Pro et CAP), le facteur district n’est pas pertinent puisque les élèves peuvent demander des vœux dans tous les lycées professionnels de la capitale. Les données dont la FCPE Paris a pu avoir connaissance font état de 4253 affectations, dont 3802 (89,40%) sur l’un des trois premiers vœux et 106 (2,50%) sur l’un des trois derniers. En ce qui concerne les élèves non-affectés, leur nombre atteint 457 soit 10,72%, dont les collèges d’origine se situent dans le district Ouest pour 56 d’entre eux, Nord pour 90, Est pour 222 et Sud pour 89.
Au total, ce sont donc 681 élèves (4% des élèves de troisième) qui se retrouvent sans affectation pour la rentrée 2017-2018 à l’issue du premier tour d’Affelnet.
Boursiers : « L’isorépartition est à revoir »
Autre nouveauté introduite cette année dans l’affectation des élèves de troisième pour leur entrée en seconde : le taux de boursiers par établissement. Sans avoir à fournir trop d’efforts, les parents d’élèves, l’académie, les chefs d’établissements ont en mémoire le « bug informatique » qui avait abouti à l’affectation démesurée d’élèves boursiers au lycée Turgot à la fin de l’année scolaire 2015-2016. Certains n’ayant, à l’époque, pas hésité à accuser la FCPE Paris d’être responsable de cette aberration. La FCPE Paris, pour sa part, avait dénoncé l’immobilisme de l’académie.
Immédiatement et depuis lors, les adhérents et les représentants du conseil départemental ont réaffirmé, chacun à leur niveau de représentativité, que la FCPE Paris n’avait jamais souhaité ni même envisagé rendre possible une telle situation. Depuis, l’académie, reconnaissant peut-être sa part de responsabilité dans ce couac, et alertée avec insistance par la FCPE Paris, s’était engagée à mettre en place un système « d’isorépartition » des boursiers dans les lycées. A l’issue du premier tour de moulinette d’Affelnet en cette fin d’année scolaire 2016-2017, force est de constater qu’il va sans doute falloir remettre l’ouvrage sur le métier pour ne serait-ce qu’approcher l’isorépartition, celle-ci devant prétendument et stricto sensu déboucher sur un taux de boursiers égal d’un établissement à l’autre. L’académie, ou son algorithme, entendent semble-t-il le sujet différemment. Au cours des réunions du groupe de travail Affelnet, l’académie s’était engagée à ce que le taux de boursiers entrant en seconde dans un lycée ne dépasse pas 30% et à ce que les boursiers ne représentent pas plus de 50% de l’effectif de l’établissement. Affelnet a fait son premier tour et qu’en est-il ?
D’après les données que la FCPE Paris a pu consulter, le nombre de boursiers attendus à la rentrée de septembre 2017 en 2 GT est de 2294, soit 19,08% des affectés. Qu’en est-il de leur isorépartition dans les lycées ? Sans volontairement prêter le flanc à une quelconque interprétation de mise en concurrence des établissements, la FCPE Paris a pu constater que les taux de boursiers d’ores et déjà affectés pour la rentrée 2017 varient de 4,11% à 37,78%.
L’engagement de maintenir le pourcentage d’élèves boursiers dans chaque lycée n’est pas respecté dans sept lycées… Tous dans le district Est. La FCPE Paris connaîtra bientôt, du moins l’espère-t-elle, le taux effectif d’élèves boursiers au sein de chacun des lycées de la capitale après respect et application du droit de demande à redoublement pour les lycéens ayant échoué au baccalauréat.
Le nombre d’élèves affectés à la suite de ce premier tour d’Affelnet est très élevé, mais les motifs d’insatisfaction ou d’incompréhension de certaines familles sont légitimes. Une affectation sur un quatrième ou un cinquième vœux est forcément vécue dans le mal-être par l’élève et ses parents. Alors que dire d’une affectation sur les trois derniers vœux ? Face à ce type de situations, les familles doutent, s’interrogent et demandent des explications… que l’académie ne donne pas.
L’introduction de nouveaux paramètres dans le dispositif des affectations peut être à l’origine d’un certain nombre d’affectations “non véritablement souhaitées”. L’introduction de l’évaluation des compétences et les doutes sur le ou les barèmes appliqués nourrit en partie le ressentiment des parents. Les impératifs de répartition des élèves boursiers peuvent également avoir eu une incidence sur les affectations, comme par exemple de « libérer » des places dans certains établissements alors que d’autres lycées devraient accueillir plus d’élèves boursiers à la rentrée.
Il est en tout cas une donnée prise en compte dans l’affectation qui ne relève pas de l’académie : la liste des vœux présentée par l’élève. La constitution de cette liste doit avoir été préparée par l’élève et sa famille, ainsi que, au sein des établissements, par les équipes pédagogique et les conseillers d’orientation.
La grande roue d’Affelnet va bientôt faire son second tour et les élèves et leur famille ont eu peu de temps pour introduire leur recours contre l’affectation reçue ou pour en demander une. Espérons que la machine éducation nationale soit bien huilée et qu’elle puisse traiter avec toute la rapidité, l’attention et la précision nécessaires toutes les demandes. Réponses dans quelques jours…