Difficultés et tensions du modèle scolaire français
Deux études européennes, PISA et TALIS 2018, et, plus récemment, une étude de la DEPP du Ministère de l’Education nationale ont mis en lumière une dégradation du climat scolaire, notamment dans le 2nd degré, mais aussi une distance entre enseignant et élève et un défaut de formation à la gestion de classe, qui ne manquent pas de nous inquiéter en tant que parents d’élèves.
RELATIONS ENTRE ELEVES ET ENSEIGNANTS EN SOUFFRANCE
L’enquête PISA 2018 a révélé que les élèves français sont globalement plus heureux et moins harcelés que la moyenne des pays de l’OCDE. Plus de 8 sur 10 déclarent se faire des camarades à l’école.
Mais les relations avec les enseignants sont moins bonnes que dans les autres pays : la France est l’un des pays évalué par PISA où les élèves déclarent percevoir le moins le soutien de la part de leurs enseignants. Seuls 57 % des élèves déclarent que leurs enseignants semblent s’intéresser en général aux progrès de chaque élève (moyenne OCDE : 70 % des élèves).
–> Pour approfondir – résultats enquête PISA 2018
DISCIPLINE EN CLASSE ET REUSSITE SCOLAIRE
Cette enquête, comme la précédente en 2015, a confirmé le lien entre discipline et réussite scolaire et a rappelé que la France est l’un des trois pays de l’OCDE où les élèves font état des plus grandes préoccupations liées aux problèmes de discipline en classe. Un élève sur deux déclare qu’il y a du bruit et du désordre dans la plupart ou dans tous les cours (un sur trois, en moyenne dans les pays de l’OCDE). Plus de deux élèves sur cinq déclarent en France que le temps d’apprentissage est réduit en raison du bruit, car les élèves mettent longtemps à commencer à travailler après le début du cours (seulement un sur quatre en moyenne dans les pays de l’OCDE). 18% déclarent que le professeur doit attendre à chaque leçon en France contre 8% des pays de l’OCDE. C’est le taux le plus élevé de l’OCDE
–> Pour approfondir : La note du conseil scientifique de la FCPE “La mauvaise discipline dans les classes françaises et quelques autres résultats de PISA 2015”
FORMATION INSUFFISANTE DES ENSEIGNANTS
L’enquête TALIS 2018 a mis en lumière le fait que les enseignants français se déclarent les moins formés pour la gestion de classe. Ils sont très demandeurs de formations pratiques répondant à leurs demandes. Moins d’un quart des enseignants français ont suivi une formation à la gestion de classe, un taux qui est le plus faible de l’enquête. C’est aussi en France que le pourcentage d’enseignants ayant participé à de la formation continue est le plus faible.
L’enquête DEPP du Ministère de l’Education Nationale sur le climat scolaire dans le 2nd degré révèle que seulement un enseignant du public sur deux estime avoir les moyens et une formation suffisante pour l’exercice de son métier et deux sur trois se plaignent d’un travail trop lourd.
SENTIMENT D’ISOLEMENT DANS LE METIER
Si plus de 9 enseignants sur 10 signalent de bonnes relations avec les élèves et les collègues, seulement la moitié des enseignants du public estiment faire partie d’une équipe (contre trois personnels de direction sur quatre). Selon l’enquête, 62% de ces enseignants estiment que les règles de vie collective sont appliquées dans l’établissement (contre 80% des professeurs du privé et des personnels de direction). Mais seulement la moitié juge que les élèves apprennent bien contre près de 80% des professeurs du privé et des personnels de direction.
Pour finir seulement 38% des sondés pense pouvoir faire ce métier jusqu’à la retraite. Au regard des problèmes actuels de remplacement, cela est très préoccupant.
Pour approfondir : La note du conseil scientifique de la FCPE “Comment comprendre le malaise des enseignant ?”
Tous ces résultats ne manquent pas de faire écho aux mouvements sociaux qui traversent la communauté éducative depuis le début de l’année dernière. Le malaise dans l’Education nationale s’amplifie d’année en année : sentiment de déclassement, manque de moyens perçus par une large majorité, perte de sens du métier… Le rythme effréné des réformes, mises en place sans concertation, sans expérimentation, sans réelle évaluation ne peut qu’aggraver une situation déjà brûlante.
POUR EN SAVOIR PLUS
Note d’information de la DEPP décembre 2019 – Résultats de la première enquête de climat scolaire auprès despersonnels du second degré de l’Éducation nationale