Pas d’Affelnet 6e à Paris avant la rentrée 2018

Voilà qui va sans doute apaiser les esprits dans beaucoup de familles : l’Académie de Paris vient de confirmer que la procédure Affelnet 6e ne sera pas mise en place dans la capitale avant la rentrée 2018. Les annonces fracassantes et rumeurs incessantes depuis la rentrée de septembre, suite notamment aux annonces faites par l’ancien Recteur Weil à quelques jours de son départ, connaissent donc un coup d’arrêt. Explications et surtout éléments de calendrier pour les 18 mois à venir.
Septembre 2017 : pas de nouvel outil, aucun changement
Les affectations en 6e dans l’Académie de Paris sont actuellement gérées par un système informatique propre à Paris appelé « AffecNet ». L’objectif annoncé de l’Académie sera, avec le futur Affelnet 6e, de substituer à l’actuelle procédure « encore très artisanale » d’affectation une logique « plus précise d’affectation permettant d’opérer pendant l’année des simulations afin d’éviter les risques de débordement des établissements ».
Afin et avant d’opérationnaliser l’outil Affelnet 6e sur Paris, l’Académie a demandé à la DGESCO (Direction générale de l’enseignement scolaire) une adaptation de l’outil national pour tenir compte de la spécificité parisienne avec notamment la complexité du calendrier de la sectorisation parisiennne. Celle-ci évolue en effet d’environ 30% chaque année et n’est complètement finalisée qu’en mars de chaque année après un vote en Conseil de Paris pour une entrée en vigueur à la rentrée de septembre. Il s’avère que pour l’instant la DGESCO n’a pas été en mesure de livrer à l’Académie de Paris un outil Affelnet 6e qui comporte une telle fonctionnalité.
La version adaptée pour Paris du (pourtant) nouvel outil Affelnet « version 2016 » (opérationnel dans les autres académies) devrait être livré en mai–juin 2017. Mais il ne sera alors utilisé que pour être « testé à blanc », c’est-à-dire sans aucun effet sur les affectations pour la rentrée 2017. Il tournera « en parallèle » de l’actuel AffecNet uniquement pour vérifier que ses fonctionnalités sont bien opérantes par rapport aux besoins et spécificités parisiennes.
Les directeurs d’école devraient quant à eux recevoir une formation au futur outil à partir d’octobre 2017.
Septembre 2018 : un nouvel outil mais pas forcément de changement
L’information clé de tout ce charabia algorithmo-administratif, c’est finalement que la mise en place en septembre 2018 de l’outil Affelnet 6e à Paris ne changera pas forcément la face du monde scolaire. Rien à voir donc a priori avec l’outil Affelnet Seconde qui, lui aussi, a fait coulé beaucoup d’encre et généré beaucoup de clics inquiets sur la toile.
En effet, la grande crainte des parents c’est de voir leur enfant affecté hors de leur collège de secteur, avec des temps de trajets ou de transport augmentés, sur la base de critères illisibles, sociaux principalement, voire à partir des notes.
A ce jour, l’Académie de Paris explique qu’à la rentrée 2018, les seuls changements concerneront les élèves qui relèveront de secteurs multi-collèges (puisque l’outil Affelnet comporte cette fonctionnalité-là). Pour les autres, le futur Affelnet 6e « tournera » comme l’actuel AffecNet, avec la même logique de paramétrage pour des affectations sur des collèges de secteur, selon les termes d’une sectorisation actée et votée au printemps 2018.
Un besoin de totale transparence et de réelle lisibilité
Tout l’enjeu est donc de savoir, pour la rentrée 2018 comment sera paramétré l’outil Affelnet 6e pour les affectations des élèves relevant des secteurs multi collèges (SMC).
L’objectif de ces SMC étant de favoriser la mixité sociale dans les collèges publics, les élèves résidant dans le secteur élargi auront le droit d’être affectés dans un des établissements de celui-ci. Selon les propositions de chercheurs indépendants, la logique retenue pourrait être celle d’un « choix régulé » : les familles seront invitées à classer par ordre de priorité tous les établissements du secteur pour leur demande d’affectation et si les capacités d’accueil d’un établissement ne permettent pas de donner satisfaction à toutes les demandes de premier rang, il sera alors procédé à une affectation en fonction de « priorités » qui pourront être le handicap, une prise en charge médicale à proximité de l’établissement, un rapprochement de fratrie, la proximité avec le domicile et des critères sociaux comme le quotient familial, le fait d’être boursier ou non…
A ce jour, la FCPE ne dispose d’aucune information sur ce que seront les critères de priorité retenus et intégrés dans le volet SMC de l’outil Affelnet 6e.
Pour autant, comme l’expérimentation des SMC doit commencer dès la rentrée 2017 dans quelques territoires parisiens même sans l’outil Affelnet 6e, la question de ces critères d’affectation se pose déjà, et sans doute avec beaucoup trop de retard pour une concertation digne de ce nom.
L’Académie vient d’annoncer la mise en place d’un groupe de travail académique sur cette question des SMC. Avec une phase de concertation qui devrait être bouclée fin janvier. La FCPE a d’ors et déjà demandé la plus grande transparence sur les objectifs précis en termes de mixité, sur les données actualisées qui serviront de base aux discussions pour déterminer l’opportunité de ces secteurs (dont les contours et le nombre seront très prochainement dévoilés) et également sur les critères qui seront retenus pour affecter les élèves. La FCPE a également insisté sur la nécessité d’une absolue lisibilité de ces procédures pour toutes les familles parisiennes avec une communication très en amont par l’Académie elle-même, c’est-à-dire dès la fin du mois de novembre 2016. Les parents d’élèves devront disposer d’informations précises et compréhensibles par tous, actualisées au fil des mois.
Activer tous les leviers pour créer une vraie mixité sociale et scolaire à Paris
La FCPE Paris, forte de ses travaux en commission AFFECTATION, a également rappelé que les procédures d’affectation ne sont par le seul levier pour améliorer la mixité sociale et scolaire à Paris (objectif majeur et historique de notre fédération comme en témoignent les trois dernières motions votées en congrès départemental depuis 2010). D’autres logiques sont à mobiliser, conjointement et rapidement. A savoir l’attribution de moyens complémentaires pour les établissements les plus fragiles et une offre de formations satisfaisante pour permettre des parcours scolaires pluriels et choisis. La réduction de la ségrégation scolaire et des stratégies d’évitement passera immanquablement par un renforcement de l’attractivité des établissements, en lien direct avec la réduction des effectifs par classe, la stabilisation des équipes, l’attribution de nouveaux moyens et équipements, la systématisation des remplacements, l’innovation pédagogique, etc.
Si Affelnet 6e et les secteurs multi-collèges n’ont pas fini de faire parler d’eux, ils ne sont pas l’alpha et l’oméga de la réduction de la ségrégation scolaire à Paris. Par ailleurs, s’ils méritent notre plus grande vigilance quant à leur opérationnalisation dans le respect des objectifs annoncés (plus de mixité pour plus de réussite scolaire pour tous les élèves), ils ne méritent sans doute pas de cristalliser, à ce jour, autant d’inquiétudes. Affaire et algorithme à suivre donc.