Pollution au plomb après l’incendie de Notre-Dame : pour une rentrée scolaire en toute sécurité

En juillet dernier, la FCPE Paris publiait un communiqué concernant la pollution au plomb suite à l’incendie de Notre Dame, interpellant les pouvoirs publics sur les mesures urgentes à prendre pour assurer la sécurité et préserver la santé des enfants. La FCPE Paris a suivi pendant tout l’été l’avancement des travaux de dépollution au sein des établissements scolaires parisiens. Pour les écoles et collèges, la Ville de Paris a répondu et renseigné directement notre fédération sur les mesures, résultats et protocoles mis en œuvre. Concernant les lycées, aucune communication directe de la Région Ile-de-France avec les représentants de parents d’élèves même si nous apprenions pendant l’été, à la lecture d’un appel d’offre sur internet, que des travaux de dépollution allaient être conduits en urgence dans plusieurs lycées parisiens. A quelques jours de la rentrée, dans quelle situation se trouvent les établissements scolaires parisiens ? Quelles mesures et précautions prendre en tant que parent ? Quels suivis et demandes de la FCPE pour les semaines et mois qui viennent ?
Au début de l’été, suite aux informations révélées par la presse sur les quantités massives de plomb libérées lors de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame le 15 avril 2019 entraînant un risque évident de saturnisme dans un périmètre élargi au-delà de l’Île de la Cité, la FCPE Paris a exigé plusieurs mesures des pouvoirs publics, en fonction de leurs compétences respectives. Voici les réponses apportées par la Ville de Paris (selon nos informations récupérées fin août auprès des services de la DASCO – Direction des affaires scolaires et du cabinet de Patrick Bloche) et la Région (selon les informations trouvées sur son site internet).
La FCPE Paris avait demandé une information précise et rapide sur le périmètre de la zone environnante susceptible d’avoir été impactée par les résidus de combustion du plomb présent en quantité importante dans la toiture de la cathédrale.
Deux zonages successifs ont été décidés par le ministère de la Santé, par l’intermédiaire de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France : dans un premier temps le périmètre « 500 mètres Notre-Dame » et après le 18 juillet dans un périmètre élargi avec des zones secondaires dans un rayon de 300 mètres autour des points où des taux supérieurs à 5000 µg/m2 (qui sont dits supérieurs au « bruit de fond ») ont été relevés dans l’espace public.
L’ARS publie sur son site un dossier documentaire avec avis sanitaire, résultats des prélèvements, etc… consultable ici : https://www.iledefrance.ars.sante.fr/incendie-n-d-de-paris-dossier-documentaire-avis-sanitaire-resultats-des-prelevements
La FCPE Paris avait réclamé qu’une « enquête environnementale » approfondie et prolongée soit conduite dans tous les lieux susceptibles d’accueillir des enfants, particulièrement exposés, dans un périmètre élargi autour de cette zone. Elle a également demandé la fermeture préventive de tous les lieux destinés à l’accueil des enfants dans le périmètre de sécurité impacté par les résidus de plomb et un nettoyage spécifique complet de tous ces espaces d’accueil avant toute réouverture.
Dans le périmètre « 500 mètres Notre-Dame », la Ville de Paris indique les prélèvements dans les crèches et écoles contrôlées qui ont débuté en mai sont conformes aux normes retenues (70µg par m² en intérieur, 1 000 µg par m² en extérieur) : Ecole maternelle rue Sommerard (5ème), Ecole élémentaire rue Saint Jacques (5ème), Crèche municipale rue Lobau (4ème), Crèche municipale rue des Barres (4ème), Crèche municipale rue des Prêtres Saint-Séverin (5ème), deux crèches agréées par la Ville (« Sainte Lucie » et « Miron »). Ces résultats sont calculés sur la base d’une moyenne de différents échantillons prélevés dans chaque établissement. Si pour un prélèvement isolé, un niveau supérieur à 70µg/m² a été constaté, le lieu concerné a fait l’objet d’un traitement ad hoc (nettoyage humide notamment) et d’une nouvelle mesure avant ouverture.
Dans le second périmètre défini par le ministère de la Santé (ARS) le 18 juillet, quatre écoles ont présenté des taux plus élevés que la normale : école élémentaire de la rue Saint André des Arts (6e), école maternelle et école élémentaire rue Saint-Benoît, école élémentaire de la rue de Verneuil (7e). La Ville de Paris indique qu’une décontamination approfondie a été menée dans ces établissements. Dans le détail cela a concerné :
– élémentaire et maternelle Saint Benoît 6e : excavation et rebitumage des cours (fini le 22/08)
– maternelle Saint André des Arts 6e : couverture du sol du patio par des dalles souples (semaine du 26/08)
– maternelle Verneuil 7e : décontamination du perron, couverture du balcon (semaine du 26/08), fermeture de l’accès au jardin privé (situé hors de l’école) jusqu’à intervention du propriétaire.
Les écoles Saint Benoît accueillaient un centre de loisirs d’été qui a été déplacé à l’école Littré dès les résultats connus, le 25 juillet. Elles sont par ailleurs contiguës au collège Prévert dont la cour a également été excavée et rebitumée pour éviter toute recontamination des deux autres cours.
Pour les cours de récréation bitumées, la dépollution par gel désincrustant n’ayant pas été jugée suffisante, c’est la totalité des cours qui a donc subi une excavation et la pose d’un nouveau revêtement.
D’autres établissements et lieux accueillant des enfants ont été testés : des collèges ainsi que plusieurs bibliothèque et squares. Selon nos informations, la Ville devait procéder à des mesures complémentaires de vérification post-travaux dans la semaine précédant la rentrée.
Côté Région Ile-de-France, 7 lycées ont été contrôlés dans un rayon de 1 km autour de Notre-Dame dans trois arrondissements (4e, 5e et 6e) : Sophie-Germain, Henri-IV, Louis-le-Grand, Abbé-Grégoire site Saint-Jacques, Fénelon, Saint-Louis et Charlemagne. Trois lycées ont révélé des résultats qui étaient supérieurs au seuil et ont donc fait l’objet d’une dépollution durant le mois d’août : Lycée Fénelon, Lycée Saint-Louis, Lycée Charlemagne.
Dans ce contexte, la Ville de Paris a étendu le périmètre d’analyse aux crèches et écoles à proximité du lycée Charlemagne, qui n’étaient pas comprises dans le périmètre ARS. Sont concernées les Ecoles Ave Maria, Fauconnier, Neuve St Pierre (4e). Les résultats des prélèvements qui ont eu lieu les 27 et 28 août ne sont pas connus à l’heure où nous rédigeons.
Bien que l’ARS ne préconise de telles investigations, la Ville de Paris a donc choisi d’élargir ce périmètre en réalisant des mesures complémentaires au sein des établissements suivants : collège Couperin 4e, collège Rognoni 5e, école maternelle Madame 6e, école élémentaire Madame 6e et le lycée municipal Maximilien Vox 6e. Les résultats sont ou seront disponibles sur le site internet de la Ville.
La FCPE avait insisté sur la nécessité d’une totale transparence des résultats de ces enquêtes auprès des familles, personnels éducatifs, professionnels de santé et riverains.
La Ville de Paris et la Région IDF publient sur leur site internet les résultats des prélèvements que vous pouvez retrouver ici :
Pour la Ville : https://www.paris.fr/pages/incendie-de-notre-dame-l-essentiel-concernant-la-pollution-au-plomb-7028/
Pour la Région : https://www.iledefrance.fr/incendie-notre-dameplomb-etat-des-controles-de-la-region-dans-ses-lycees-mis-jour
La Ville a en outre indiqué à la FCPE Paris que les familles de toutes les écoles testées avaient ou allaient recevoir un courrier d’information.
La FCPE Paris avait également demandé l’ouverture immédiate d’une consultation médicale gratuite dédiée pour toutes les personnes ayant pu être exposées (enfants, personnels) avec publicité écrite rapide auprès de toutes les familles et incitation au dépistage gratuit (plombémie : dosage du plomb dans le sang).
Selon nos informations, environ 200 enfants auraient déjà été dépistés et seules deux plombémies se sont révélées positives, pour lesquelles une enquête est en cours afin de déterminer plus précisément l’origine de la source d’exposition.
Si l’ARS ne recommande de faire une plombémie que pour les enfants de moins de 7 ans ayant fréquenté depuis l’incendie l’une des écoles dans lesquelles un taux supérieur aux valeurs de référence a été repéré (c’est-à-dire EE et EM St Benoît, EE Saint André des Arts, EM Verneuil), la FCPE Paris estime, comme de nombreux spécialistes et médecins, que cette alerte doit concerner un périmètre plus large puisque seul le dépistage individuel par plombémie permet d’objectiver réellement les choses.
L’intoxication au plomb est la conséquence combinée de facteurs environnementaux (présence de plomb) et comportementaux (contacts fréquents et prolongés avec la poussière contenant le plomb, main/ bouche, lavage des mains ou non, régime alimentaire…). Dans une école, un enfant peut ne pas être contaminé individuellement alors qu’un autre, dans le même environnement, pourra en fonction de son comportement ou de son espace d’habitation avoir été intoxiqué.
La Ville vient également d’annoncer qu’à compter du lundi 26 août, le centre de santé Edison (44 Rue Charles Moureu, 75013 Paris) est en capacité d’accueillir les Parisiens en demande de plombémie, tous les jours du lundi au vendredi de 8h30 à 16h30.
A ce stade, la FCPE Paris considère que des mesures de contrôle régulières devront être poursuivies et réalisées pendant les mois qui viennent dans chacun des lieux contrôlés « positifs » à un moment donné, c’est-à-dire au-delà des seuils, que ces mesures relèvent de l’Etat, de la Région ou de la Ville. Elle souhaite également que des mesures-tests complémentaires puissent être réalisées dans un périmètre encore plus élargi dans une logique plus globale de prévention, avec des mesures systématiques dans tous les établissements accueillants des enfants (crèches, écoles, collèges, lycées, bibliothèques, centres d’animation, terrains de sport, squares…).
La FCPE Paris demande aussi que tous les investissements complémentaires nécessaires puissent être réalisés pour éviter un retour du plomb par contamination « secondaire » à la réouverture des établissements dépollués (plomb ramené de l’extérieur sous les chaussures).
La FCPE Paris souhaite une communication plus franche du ministère de la Santé pour inciter toute les familles des périmètres et établissements concernés à procéder au dépistage systématique par dosage sanguin (dans les centres dédiés ou à l’occasion d’un examen de santé planifié avec son médecin traitant).
La FCPE Paris considère que l’Education nationale devra également prendre sa part au suivi collectif visant à garantir partout la sécurité environnementale en s’assurant que tous les conseils d’écoles et d’établissement parisiens impactés inscrivent obligatoirement à leurs ordres du jour de l’année scolaire à venir un point d’information et de suivi sur ce dossier « plomb ».
La FCPE Paris demande une présence renforcée de la médecine scolaire dans les semaines suivant la rentrée afin de renseigner et orienter efficacement les familles.
Plus globalement, la FCPE Paris estime que l’incendie de Notre-Dame et ses conséquences en termes de santé publique doit agir comme un accélérateur de prise de conscience : cela doit inciter l’ensemble des acteurs et citoyens à s’engager plus fortement dans une logique et des politiques de santé environnementale globale visant à penser et lutter contre la pollution de l’air, des sols et des équipements, scolaires notamment.