Suppression pure et simple des districts : une fausse bonne idée !
Beaucoup de parents se demandent « à quoi servent les districts ? » dans la logique d’affectation en seconde. La mobilisation de la FCPE Paris et de ses conseils locaux ces dernières années pour obtenir enfin une réelle évolution de l’affectation en lycée à Paris est l’occasion de débats internes, parfois vifs, au sein des commissions thématiques AFFECTATION et LYCEE. C’est aussi l’occasion de rappeler les enjeux du débat pour reposer avec exigence, en lien avec les objectifs défendus par notre fédération. Premier décryptage sur pourquoi la suppression pure et simple des districts serait une fausse bonne idée…
A l’origine d’Affelnet, l’idée était d’éviter des temps de transport domicile/lycées trop important et c’est plutôt une bonne chose. Les districts ont été déterminés pour remplir une équation simple :
nombre de places = nombre d’élèves
Sachant que deux très gros arrondissements en termes de population ne disposent que d’un seul ou deux lycées offrant des secondes GT avec une faible capacité d’accueil : le 18e (Rabelais) et le 19e (Bergson & Diderot). Il fallait donc rattacher ces deux arrondissements à des secteurs excédentaires et ne pas les mettre dans le même district. Cette répartition présentait l’énorme inconvénient de proposer trois districts de taille équivalente en nombre d’élèves (Nord, Ouest & Sud = 20% chacun) et le dernier à l’Est qui propose le double d’élèves de chacun des trois autres, soit 40% à lui tout seul. La pression sur les lycées le plus demandés est donc plus forte dans le district Est qu’ailleurs, dans les mêmes proportions que le différentiel de population. Si on ajoute à cette difficulté la sociologie particulière de ce district qui concentre un tiers d’élèves boursiers de plus que la moyenne parisienne, nous avons là des disparités que le système doit atténuer au lieu de les accentuer comme c’est actuellement le cas.
Plus de pression, et donc de déception
Supprimer les districts aurait pour conséquence l’amplification au niveau parisien du phénomène que nous avons actuellement dans le district Est — de très nombreuses demandes sur un nombre réduit de lycées — et générerait ainsi encore plus de pression et, à la fin, déception et désillusion. Car effectivement, nous constatons dans chaque district que les demandes se concentrent sur un petit nombre d’établissements, 2 ou 3 par district que chacun connait et que nous ne citerons pas ici. La création d’un seul district parisien porterait ce nombre à une dizaine de lycées, plutôt au centre, sur lequel se concentrerait la plupart des élèves parisiens, générant une pression quadruplée sur ces quelques établissements et une large désaffection pour les autres. Avec 8 vœux, combien d’élèves non-affectés au 1er tour puis au second ? Combien de « tours » seraient nécessaires pour affecter tous les élèves dans ces conditions ? Ou alors, faudrait-il pour conserver l’équilibre actuel porter le nombre de vœux à 32 ? Sans aucun critère géographique, comment alors effectuer son choix dans le maquis des 60 lycées parisiens.
Actuellement, ce n’est pas toujours très simple de faire un choix et un classement entre les 10 ou 17 lycées proposés selon les districts. Avec 60, c’est mission impossible et le risque encouru est que, par exemple, des élèves du Nord-ouest puissent se retrouver affectés dans l’extrême Est… Nous, fédérations de parents, devons être extrêmement attentifs à protéger les plus faibles, ceux dont les familles sont les plus fragiles et les plus éloignées de l’école, et ne pas chercher à satisfaire les familles résidantes dans le centre de Paris et qui peuvent facilement exercer leurs choix, sachant qu’elles ne seront jamais géographiquement éloignées de ces derniers.
Alors quelle(s) solution(s) ?
L’académie engage une réflexion sur des affectations basées non plus sur un critère géographique mais sur des temps de trajet en fonction des transports en commun. Cette piste est intéressante car elle permettrait un vrai brassage des territoires grâce aux facilités offertes par certaines lignes de transport directes. Mais, elle est complexe à mettre en place et sa mise en œuvre peut prendre du temps. Alors, pour la FCPE Paris, il n’est pas question d’attendre sans tester d’autres solutions. Le statu quo n’est plus possible.
Une première proposition serait de scinder le district Est en deux afin de rendre la taille des deux nouvelles entités au même niveau que les trois autres. Cette proposition avait également été portée par Julien Grenet, chercheur à la PSE et spécialiste des questions de mixité et sectorisation. Une autre proposition est d’en finir avec les districts totalement étanches et de les remplacer par des districts glissants : selon l’arrondissement de résidence, pouvoir avoir accès aux arrondissements limitrophes. Et peut-être y a-t-il encore d’autres « hypothèses » de travail à proposer, à tester.
La FCPE Paris veut défendre l’intérêt général et l’intérêt général n’est pas le district unique qui ne favoriserait qu’une poignée de personnes résidant à proximité des frontières des quatre districts actuels, sans se soucier de la situation des autres familles. Toute évolution réellement qualitative pour l’ensemble des élèves doit prendre en compte la diversité des situations.
Equilibre des trois critères d’affectation
L’affectation en lycée repose sur trois critères : le critère géographique (actuellement 4 districts) le critère social (bonus boursier et bientôt éducation prioritaire) et le niveau scolaire. L’évolution d’Affelnet que nous appelons de nous vœux doit traiter simultanément ces trois critères :
- Réduire le poids des notes afin d’en finir avec les lycées de niveaux
- Lisser les bonus boursier et REP afin d’introduire plus de progressivité
- Sortir de la logique de districts étanche en privilégiant les temps de transport.
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